Sinistre : L’hôtel de ville de Douala en fumée et cendres
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Un incendie d’une rare violence a ravagé toute l’aile gauche de l’immeuble abritant la Communauté urbaine de Douala dans la nuit de lundi à mardi dernier. On compte les dégâts, en attendant que les enquêtes ordonnées établissent les responsabilités. Mais d’ores et déjà, on se pose des questions.

Quatre heures, cinq heures. On ne sait plus combien de temps a duré le feu qui a ravagé l’immeuble un peu vieillot de la Communauté urbaine de douala. Nous arrivons sur les lieux à 23 heures sonnantes, au moment où Rfi annonce la demi-heure de son bulletin d’information prévu à minuit, heure de Paris. Nous n’en repartirons pas avant trois heures et demie alors que le ballet des soldats du feu se poursuit encore. a un premier bilan sur un simple coup d’œil, au moins vingt bureaux, au premier et au deuxième étage, ont fini dans le feu.

Soit toute l’aile qui abritait, il y a quelques années encore, le commissariat du premier arrondissement et le commissariat central. Partie en flammes aussi, la salle Rodolphe Tokoto, tout le service de la documentation, les bureaux de la direction financière, le secrétariat général. On a dit la moitié de l’immeuble ? On est un peu loin du compte. Pour ceux qui connaissent l’hôtel de ville, c’est toute l’aile entre l’escalier habituellement emprunté par les usagers et les personnels et jusqu’à l’autre bout vers les services du Gouverneur de la région du Littoral qui a été consumée. A bien évaluer, toute la documentation patiemment rassemblée par les services de la documentation est partie en fumée.

La ville de douala vient ainsi de perdre l’une de ses meilleures bibliothèques et du même coup, toute la mémoire de la capitale économique depuis Christian Tobie Kuoh, et même avant lui. Les émotifs primaires écrasent des larmes bruyantes sur les documents conservés dans les services financiers, mais on sait que c’est moins grave. Les documents pour le paiement des factures sont toujours en doubles, on peut facilement les reconstituer. Idem pour les titres fonciers qui accompagnent les dossiers des permis de bâtir.

Qui a feu ça ?

Jamais un malheur n’arrive tout seul. Cette nuit du lundi à mardi a connu un enchaînement de facteurs malédiction qui vont empêcher que les flammes ne soient circonscrites à temps pour qu’on se donne une chance de sauter l’essentiel. Au moment où nous arrivons sur les lieux, autour de 23 heures, l’alerte au feu a déjà été donnée. Des soldats du feu (l’unité des sapeurs-pompiers) s’activent déjà comme ils peuvent. Mais ils doivent à chaque fois interrompre la bataille contre les flammes pour aller se ravitailler en eau. Le trajet prend une bonne trentaine de minutes, le temps pour le feu de repartir de plus belle.

C’était la première malchance : les bureaux de la communauté urbaine ont été aménagés dans de grands espaces avec des cloisons en bois et contre-plaqués, et moquettes au sol (un matériau essentiellement inflammable). Le temps d’un aller-retour pour le ravitaillement en eau, les flammes ont eu le temps se propager à d’autres bureaux. Y compris par le plafond. Conséquence, plutôt que deux ou trois bureaux, ce sont finalement vingt bureaux au moins qui vont être consumés. Seule l’aile qui abrite le cabinet du délégué et la salle Tobie Kouh à l’étage a été épargnée par les flammes. Des renforts des unités de lutte contre l’incendie ont accouru.

Les unités de l’aéroport de douala, celles du Port autonome de douala, et même celle de la Gendarmerie nationale, le feu s’est joué de l’ardeur de tout ce monde. Jusqu’à ce que, enfin, on repère une bouche d’incendie du côté de la Bicec. Mais là encore, manque de pot. On va s’apercevoir que la pression dans la bouche d’incendie n’est pas assez forte. Il va falloir sonner les responsables de Camwater pour leur demander d’ouvrir les vannes sur Bonanjo. Mais la douche ne peut alimenter qu’un seul tuyau à la fois, elle n’évitera pas les mouvements de ravitaillement des autres engins de lutte contre l’incendie.

Tout Le monde à La fête du feu

Ils étaient tous là, les responsables de la ville. Le délégué lui-même, sorti de son sommeil, et tous ses adjoints. Le patron de la région aussi, le Gouverneur qui habite à un jet de pierre est lui aussi arrivé, en tenue camouflée, fort de son expérience du service militaire. Le préfet et le sous-préfet. Que faisaient-ils là ? Ils n’étaient surtout pas venus pour essayer d’éteindre le feu. Les flammes avaient fini leur œuvre de destruction. Avec eux, jouant les spectateurs amusés, tous les éléments de la police judiciaire et de la Gendarmerie tout à côté, les gars du GMi aussi, aucun homme en tenue n’a songé à prêter main forte aux soldats du feu. Incroyable solidarité des corps, même en temps de péril. On apprend au passage que Fritz Ntonè Ntonè a déclaré lors de la dernière session du conseil un excédent de 14 milliards.

Et qu’une mission, de contrôle avait débarqué à la Communauté urbaine de douala. De là à penser que l’incendie de lundi à mardi dernier était un feu très opportun pour que les limiers de la mission d’enquête n’y voient que… du feu, justement. Mais déjà, on a pu noter un détail curieux au cours de cet incendie. Le feu est parti simultanément de deux foyers, au premier et au deuxième étage. Les cloisons de ces bureaux sont peut-être en matériaux inflammables, rien n’explique que le feu se propage en même temps à partir de deux bureaux superposés. Entre les deux pièces, il y a bien une séparation en béton, une dalle, qui ne laisse pas se propager les flammes. Les enquêteurs auront tout le mal du monde à identifier l’origine du feu. Mais assez de ces supputations : l’hôtel de ville de douala a brûlé. Dans un pays où même les appartements privés du Président de la république, l’assemblée nationale ou même le ministère des Finances peuvent brûler, personne ne devrait être surpris.

© L'Equation : David Serge Behel

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