Crise Anglophone : L'appel de l'archevêque de Yaoundé
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Mgr Jean Mbarga contre la guerre. L’archevêque métropolitain de Yaoundé s’est prononcé sur la situation d’affrontements guerriers qui prévaut entre les forces de défense et de sécurité du Cameroun et les assaillants partisans de la sécession en zone anglophone. C’était au cours de la messe pontificale de Noël 2017.

Comme d’habitude c’est la cathédrale Notre-Dame des Victoires de Yaoundé qui a accueilli le 25 décembre 2017, la messe pontificale marquant la fête de la Nativité. Mgr Jean Mbarga qui a ouvert la procession dès son arrivée à 9h, heure locale, ce jour de Noël, était entouré des principaux membres de la curie diocésaine. Cette célébration eucharistique a été respectivement animée par la chorale des enfants et le Choeur classique Notre-Dame des victoires. Après la liturgie de la parole, vint le moment de l’homélie du célébrant principal.

Mgr Jean Mbarga, après avoir communiqué sur la signification de la Nativité, a axé la suite de son propos sur « la difficile quête du vivre ensemble entre Camerounais. Le repli identitaire a refait surface. Face à tout cela la Nativité de Notre Seigneur Jésus Christ nous parle » a-t-il indiqué. Au cours de son homélie de Noël 2017, Mgr Jean Mbarga a voulu citer Paul VI : « La guerre est la mère de toutes les misères ». Et Mgr Jean Mbarga de poursuivre : « La fête de Noël nous pose une question : est-ce que je passe ma vie comme Jésus à faire le Bien ? ». Tout en saluant la mémoire « des martyrs » de cette guerre en zone anglophone, que ce soit du côté des forces de défense et de sécurité, ou alors du côté des populations locales victimes des violences, Mgr Jean Mbarga a invité les Camerounais dans leur ensemble à rayonner par l’amour de l’Evangile.

En rappel, « la crise anglophone », comme l’ont baptisée les médias, divise l’ensemble du Cameroun depuis plus d’un an. Elle est née des revendications corporatistes des avocats et enseignants d’expression anglaise. Ils se disaient marginalisés et dominés par le système législatif et éducatif francophone. A défaut de se faire entendre, les revendications corporatives ont ainsi débouché sur des grèves qui vont durer plus d’une année. Les écoles sont restées fermées, et les avocats anglophones en grève ont déserté les prétoires. La tension est montée.

Et la violence s’est installée. Aujourd’hui, ce sont les affrontements guerriers qui ont cours dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun. Il y a ainsi eu des tueries de gendarmes et policiers, des écoles brulées… Face à ces actes de violence, le président, Paul Biya a décidé de traiter les assaillants sécessionnistes qui sont du reste armés avec fermeté. L’armée a ainsi pris possession des deux régions. Et depuis plus d’un mois, des combats meurtriers sont enregistrés sur le terrain entre les forces de défense et de sécurité du Cameroun, et les partisans de la sécession du Cameroun. Selon des sources sécuritaires, depuis le déclenchement des opérations guerrières contre sécessionnistes, plusieurs morts ont déjà été enregistrés aussi bien du côté des assaillants que des forces de défense et de sécurité du Cameroun.

Faire taire les armes ?

L’appel de l’archevêque de Yaoundé, au cours de la récente célébration de la fête de la Nativité est un hurlement à tous pour que les armes se taisent dans ces régions troublées. On constate que le régime de Yaoundé a décidé de faire la guerre totale aux sécessionnistes. Mais au milieu il y a des populations qui croient au Cameroun et qui sont en grande majorité victimes des exactions des forces de défense et de sécurité. Conséquence logique, le Nigéria voisin accueille en ce moment plus de 20 mille réfugiés camerounais sur son sol. Des Camerounais qui fuient leurs pays à cause de la guerre totale proclamée par le président de la République.

Un président de la République qui depuis le début de la crise aujourd’hui transformée en guerre civile n’a pas cru bon jusque-là, non seulement de descendre sur le terrain et parler avec les populations de cette partie du pays dont certains réclament la partition du Cameroun, mais refuse aussi de parler avec les leaders modérés dont certains sont toujours en prison. La récente descente sur le terrain du ministre délégué à la présidence, chargé de la Défense dans une localité du Sud-Ouest où sévissaient les sécessionnistes a démontré qu’en fait les populations locales ont appris à fuir leurs dirigeants.

Joseph Beti Assomo et sa délégation ont trouvés des villages vides, désertés par les populations qui ont peur d’être soit embastillées, soit tout simplement exécutées. Le ministre délégué à la défense n’a trouvé que des malades et impotents qui n’avaient pas de moyens physiques de se déplacer. Voilà donc où le Cameroun est rendu avec cette guerre en territoire anglophone. Et l’archevêque de Yaoundé, que beaucoup soupçonnent pourtant à tort ou à raison d’être proche des réseaux puissants qui gouvernent le Cameroun en ce moment, a pris son courage à deux mains au nom de l’Evangile, en ce jour de Noël pour dire non à la guerre. La violence entraînant la violence, comme l’indique un penseur contemporain, « il y aura toujours des guerres sales ; il faut savoir les éviter et les arrêter au plus vite, par l’instauration d’un dialogue permanent entre des hommes sensés ».

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