EPISCOPAT : VERS LA NOMINATION D’UN NOUVEAU CARDINAL CAMEROUNAIS
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EPISCOPAT : VERS LA NOMINATION D’UN NOUVEAU CARDINAL CAMEROUNAIS :: CAMEROON

Les évêques du cameroun sont à   la Place Saint-Pierre. Ils sont venus en  pèlerins et  ont pris part à l’audience générale du Saint-Père, le pape Léon XIV, dans le cadre du Jubilé de l’Espérance. Parmi eux, une quinzaine d’évêques venus implorer la paix pour leur pays, meurtri par des crises politiques, économiques et sociales persistantes.  L’atmosphère était recueillie, priante, marquée par le désir sincère de renouveau spirituel. Pourtant, derrière la ferveur du pèlerinage, une question essentielle demeure : l’Église camerounaise, à travers ses évêques, assume-t-elle encore pleinement son rôle social et prophétique ? Je n’y crois pas car nous avons un  héritage spirituel en déclin. Autrefois, le Cameroun était connu comme un pays d’évêques au verbe de feu, des hommes de foi et de courage dont les voix portaient jusqu’aux sphères du pouvoir.

On appelait certains les hommes de tonnerre. Des figures telles que Mgr Albert Ndongmo, Jean Zoa, Christian Tumi, Yves Plumey, Benoît Mballa ou encore Mgr Etoga ont marqué l’histoire nationale. Ces prélats ne craignaient pas de parler à temps et à contretemps, de dénoncer l’injustice, de défendre la dignité humaine face à l’arbitraire. Leur parole avait le poids de l’étincelle qui allumait le feu  et le souffle du prophète près à mourir pour son peuple. Aujourd’hui, ce souffle semble s’être affaibli. Les évêques ne parlent que pour se faire voir sur internet et appeler les ouailles dans leur église et augmenter leur pactole. Les sexes de nos évêques ne sont plus de couleuvres. Les évêques contemporains, souvent perçus comme prudents  jusqu’à l’excès, ne se réfugient plus  dans la sagesse qui les animait. Certains sont éclaboussés par des scandales financiers, d’autres englués dans des querelles internes ou dans une diplomatie ecclésiastique plus préoccupée d’honneurs que de justice. Leur autorité morale s’effrite, et leur voix ne résonne plus dans le tumulte du peuple qui souffre.

 

Un rôle social oublié

 

Le rôle de l’évêque ne se limite pas à présider des messes ou à publier des communiqués ; il est aussi de porter la voix des sans-voix, de défendre la vérité, de rappeler la justice dans un pays où la corruption et la violence sapent les fondations du vivre-ensemble. Le Cameroun a perdu ses immortels, et maintenant voilà ce qu’on nous présente : bien sages, toujours sages, mais enfermés dans leur coquille. Beaucoup sont impliqués dans des affaires lourdes, d’autres ne sont plus que des caisses de fonds, et d’autres encore se perdent dans des voyages mondains, un monde de fourbes aux esprits retors. Pendant ce temps, le peuple souffre, et eux se contentent d’alimenter leurs homélies sans actions concrètes, sinon d’aller parader à Rome dans l’espoir d’être élevés au rang de cardinal. Sous la longue robe d’aujourd’hui, les vertus se sont éteintes, et les âmes ne sont plus aussi souples ni aussi pures qu’autrefois. Les sexes sous la longue robe ne sont plus des couleuvres.

La situation actuelle du Cameroun, marquée par les inégalités sociales, la crise anglophone, les tensions politiques et la précarité économique,  exige outre des  homélies il y faut ajouter  des actes courageux et symboliques, tels qu’une grande marche nationale pour la paix, encadrée par les évêques eux-mêmes. Car la paix véritable, comme le rappelle la Doctrine sociale de l’Église, ne peut exister sans justice, vérité, amour et respect de la dignité humaine. Lors de son enseignement, le Pape Léon XIV a célébré le 60ᵉ anniversaire de la Déclaration Nostra Aetate, en rappelant que l’Église ne peut tolérer la haine, mais doit être artisan de dialogue, de réconciliation et de fraternité universelle.

Il a exhorté les croyants à unir leurs efforts contre la souffrance, l’injustice et la violence, et à faire de la foi un chemin d’unité et d’espérance. Ce message, reçu avec émotion par les pèlerins camerounais, résonne comme un miroir tendu à leurs évêques ;  seront-ils capables de transformer cette ferveur romaine en engagement concret sur le sol camerounais ? Le peuple attend non plus seulement des prières, mais des gestes forts, des prises de position courageuses, et une présence active aux côtés des plus vulnérables. La foi doit redevenir action. Le Jubilé de l’Espérance ne doit pas être une simple célébration liturgique.

Il devrait marquer le retour d’une Église debout, engagée, capable de réveiller les consciences et d’inspirer la société. Car la mission de l’évêque, selon le Christ lui-même, n’est pas de se taire dans le confort des sacristies, mais de marcher avec son peuple, de porter la croix des autres et de faire entendre la vérité là où règne la peur. Le Cameroun n’a pas besoin d’évêques voyageurs ni d’hommes d’apparat : il a besoin de pasteurs courageux, de prophètes de justice et de paix, capables de traduire l’espérance en actions concrètes. C’est à ce prix seulement que la parole de l’Église redeviendra crédible et que la foi pourra, à nouveau, transformer le pays. Et pourtant, au cœur de ce tableau d’essoufflement et de silence, une lueur d’espérance renaît à travers cette tournée des évêques.

Le pape Léon XIV, en les regardant dans les yeux, a sans doute discerné, entre deux salutations, celui qui portera désormais la pourpre cardinalice, en héritage du charismatique homme de Dieu disparu il y a quelques années. Le Cameroun voit poindre à l’horizon la figure d’un nouveau cardinal, symbole d’un souffle neuf pour l’Église et pour le peuple. Son élévation ne devrait pas être perçue comme une récompense honorifique, mais comme un appel à la conversion et à la responsabilité. Qu’il soit celui qui relève la voix de l’Église, qui marche aux côtés des humbles, qui ose dire la vérité là où règne la peur. Qu’il incarne à nouveau la force prophétique de ses illustres prédécesseurs, et rappelle aux évêques que la mitre n’est pas un privilège, mais un service. Si ce nouveau cardinal sait écouter le cri du peuple, tendre la main aux pauvres et semer la paix dans un pays fracturé, alors le Cameroun pourra, à travers lui, retrouver la lumière d’une Église vivante, fidèle à sa mission, et digne du Jubilé de l’Espérance.

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