La Victoire de Paul Biya par les Chiffres – Analyse d'une Fabrication Électorale
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L'élection présidentielle camerounaise du 12 octobre 2025 a, une fois de plus, reconduit Paul Biya à la tête de l'État pour un nouveau mandat. Pourtant, loin d'être un plébiscite, cette « victoire » annoncée par les résultats officiels de la Commission nationale de recensement des votes et confirmée par le Conseil constitutionnel est, pour beaucoup, une illustration troublante de la persistance d'une ingénierie électorale sophistiquée. L'analyse des chiffres bruts et des procès-verbaux de vote met en lumière des anomalies statistiques qui soulèvent des questions fondamentales sur la sincérité du scrutin et la légitimité du pouvoir en place.

Les preuves chiffrées de cette "fabrication" émergent de la comparaison entre les données compilées par l'opposition, en particulier le Front pour le salut national du Cameroun (FSNC) d'Issa Tchiroma Bakary, et les totaux proclamés. L'un des indicateurs les plus flagrants est l'incohérence entre les taux de participation dans les bastions du pouvoir, souvent très élevés, et la moyenne nationale, en dépit du faible engouement observé dans la majorité des bureaux de vote. Des circonscriptions entières ont enregistré des scores frôlant, voire dépassant, les 95% pour le candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), avec une participation anormalement élevée, contrastant fortement avec les régions du Nord et de l'Ouest, où l'opposition est traditionnellement plus forte.

Cette manipulation des résultats repose sur plusieurs mécanismes bien rodés de la démocratie camerounaise. L'ajout de bulletins non-votés (bourrage d’urnes), la modification des procès-verbaux (PV) après la centralisation des résultats, et l'annulation sélective de votes dans les zones favorables à l'opposition constituent le socle de cette stratégie. Des juristes et observateurs indépendants ont pointé du doigt la difficulté pour les délégués de l'opposition à obtenir des copies certifiées des PV, rendant le travail de contre-vérification pratiquement impossible. Cette opacité, combinée à la proximité du Conseil constitutionnel avec le régime, garantit in fine que les recours déposés par les candidats spoliés seront rejetés, même en présence de preuves documentées.

Au-delà de la bataille des chiffres, l'enjeu est la décrédibilisation du processus démocratique lui-même. En s'appuyant sur la force des institutions qu'il contrôle, le pouvoir assure sa survie en donnant une apparence légale à ce qui est perçu par une partie croissante de la population et de la communauté internationale comme un coup de force constitutionnel. Cette situation alimente un climat de vives tensions post-électorales, avec des manifestations et des interpellations massives qui témoignent de la colère populaire face à ce déni de la vérité des urnes. L'analyse détaillée des chiffres officiels et des contre-preuves récoltées est essentielle pour quiconque souhaite comprendre les véritables dynamiques du pouvoir et les enjeux politiques au Cameroun.

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