Le Cameroun est sous le choc d'un drame qui a viré à la polémique. Le kidnapping des enfants de Mme Nga Annie a révélé les failles d'un système et la vivacité de la solidarité citoyenne, mais aussi la cynisme de récupérateurs politiques. Alors que la famille attendait désespérément des nouvelles, des rançons ont été exigées, plongeant une mère dans un cauchemar indescriptible.

Face à l'urgence et au silence perçu des autorités, l'élan populaire a été immédiat. Une cagnotte en ligne, initiée par un citoyen, a rassemblé une somme considérable en quelques heures, démontrant une capacité d'action hors de l'État. Cet acte d'humanité pur, destiné à sauver des vies, a pourtant été injustement assimilé à un financement du terrorisme par certains détracteurs. Cette accusation ignore volontairement les fondements du droit camerounais, qui reconnaît l'état de nécessité et la contrainte lorsqu'une vie est en jeu. Aucun des donateurs n'avait l'intention de soutenir des activités illicites ; ils répondaient à une détresse humaine extrême.

La récupération politique de ce drame est peut-être son aspect le plus odieux. Tenter de salir la solidarité populaire pour masquer les défaillances initiales est une manœuvre indigne. Le véritable débat ne devrait pas porter sur la légitimité de la cagnotte, mais sur les raisons profondes qui poussent les citoyens à s'organiser seuls face à l'insécurité. La libération ultérieure de quatre enfants par les Forces de l'Ordre, bien que positive, n'efface pas la perte tragique de l'aîné, survenue avant leur intervention.

Cette affaire dépasse le simple fait divers. Elle est un symptôme. Elle questionne l'efficacité des institutions et la protection des citoyens. Le Cameroun a besoin d'unité face à la barbarie, non de divisions stériles. L'énergie doit se concentrer sur le soutien aux victimes, la traque des ravisseurs et la prévention de tels actes, afin qu'aucune autre mère ne doive compter sur les réseaux sociaux pour espérer revoir ses enfants.

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