MOUELLE KOMBI, ETO’O FILS ET MARC BRYS : LE NAUFRAGE D’UNE INSTITUTION
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Le football camerounais traverse aujourd’hui l’une des périodes les plus troubles de son histoire récente, et la présidence de Samuel Eto’o à la Fecafoot y joue un rôle central aux yeux d’une grande partie de l’opinion. L’acharnement observé autour de Marc Brys et du ministre Narcisse Mouelle Kombi illustre un inquiétant glissement vers un débat où l’émotion, plus que la réflexion, dicte les comportements. Lorsque les dirigeants d’une institution sportive cèdent à l’impulsivité plutôt qu’à l’analyse, c’est toute la nation qui en subit les conséquences. Le vacarme remplace la discipline, l’outrance remplace la dignité, et l’inculture finit par se substituer au sens de l’État.

Dans un pays où l’intelligence, l’élégance intellectuelle et le respect des règles ont longtemps été des valeurs cardinales, la scène actuelle a quelque chose d’affligeant. On ne peut espérer une équipe nationale performante lorsque le climat qui l’entoure est si délétère ; dans ces conditions, les Lions indomptables ne peuvent raisonnablement prétendre à de grandes conquêtes continentales. Il ne faut pas se tromper. Ce qui choque davantage, ce sont certains comportements observés au sein même de l’instance dirigeante du football national : attitudes brusques, invectives, démonstrations publiques de force qui donnent l’impression que le football camerounais est descendu dans la rue, loin de sa tradition de rigueur et de noblesse. Cette déchéance morale affaiblit ceux qui devraient au contraire montrer l’exemple et prendre des décisions mûries.

Le pays est en train d’installer un cercle vicieux où chaque sélectionneur hérite d’un climat plus toxique que le précédent.  Le conflit autour de Marc Brys dépasse largement la simple compétition sportive. Beaucoup y voient une lutte politique, le révélateur d’un affrontement symbolique visant à montrer aux Camerounais qu’il existe des individus à qui l’on ne devrait pas confier le pouvoir. Les intellectuels du pays, attentifs aux signaux faibles, comprennent aisément que le cœur de l’affaire se situe dans la vision et la légitimité. C’est pour cette raison que certains continuent de soutenir le ministre Mouelle Kombi, perçu comme légaliste et fidèle à l’institution, un chef qui, selon ses partisans, ne cède ni à la pression ni à l’humiliation. Quant à Marc Brys, il sort de cette crise avec une réputation renforcée : reconnu, exposé, et forgé par l’austérité du contexte dans lequel il a dû travailler.

Ses déclarations publiques, notamment lorsqu’il explique avoir été pris pour cible dès son arrivée, traduisent l’intensité du conflit qui l’a opposé à la fédération et la fatigue accumulée face à ce qu’il décrit lui-même comme un environnement « agressif » et « trompeur ». Le Cameroun, au-delà de ses dirigeants et de ses querelles internes, traversera un jour une reconstruction profonde. N’importe quel sélectionneur, dans les conditions actuelles, se heurterait aux mêmes difficultés que ses prédécesseurs : l’équipe nationale réclame un retour à ses racines, une refondation méthodique et patiente. Limoger Marc Brys, aussi bruyante que soit la décision, ne transformera rien en profondeur. Les problèmes sont structurels, anciens, enracinés dans la gouvernance, la discipline, la formation, la transparence et l’unité nationale autour des Lions. C’est en diagnostiquant lucidement ces maux que pourront naître des solutions durables.

 

Certains observateurs estiment que, malgré ses nombreux défauts, Samuel Eto’o a peut-être pris là l’une des décisions les plus cohérentes de son mandat, mais la crise ne se résume pas à un changement d’entraîneur ;  elle interroge la direction même dans laquelle le football camerounais veut avancer. Ce moment de chaos pourrait pourtant devenir un tournant décisif. Il révèle tout ce qui n’a jamais été réglé ;  les rivalités politiques infiltrées dans le sport, l’absence d’un projet national unificateur, la personnalisation excessive du pouvoir, et la fragilité des institutions lorsqu’elles reposent sur des égos plutôt que sur des principes. Ce vide peut paradoxalement  devenir une opportunité : celle de repenser la gouvernance sportive, de redonner aux clubs leur rôle formateur, de restaurer la transparence, et de rappeler que le football camerounais n’est pas l’affaire de quelques individus mais l’héritage vivant d’un peuple qui mérite mieux que ces querelles de couloir.

Si le Cameroun parvient à transformer cette crise en prise de conscience collective, alors le renouveau, tant réclamé, pourrait enfin commencer. Pourtant, nous le savons que le Cameroun finira par se relever ; les institutions nationales ont une capacité remarquable à traverser les tempêtes, et ceux qui les fragilisent finissent toujours par s’effacer devant le retour de l’ordre et du bon sens. N’ayons pas peur. les médiocres dans la direction des affaires disparaitront d’eux-mêmes.

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