Il fallait bien que ça arrive un jour. L’image a de quoi faire sourire, voire éclater de rire : les présidents européens assis bien sagement, alignés comme des collégiens punis, pendant que Donald Trump, confortablement calé derrière son bureau, les toise avec la posture d’un professeur distribuant son cours magistral. Oui, à la Maison-Blanche, l’histoire a pris des allures de salle de classe : maître Donald fait la leçon, ses homologues prennent des notes. Jamais Kennedy, Reagan, ni même Obama n’avaient osé pareille scène. Mais Trump, lui, n’a peur de rien. La diplomatie ? Trop ennuyeuse. La parité entre alliés ? Trop dépassée. Lui préfère s’installer en chef de meute, un patron qui sermonne ses « employés » européens. Les photos parlent d’elles-mêmes : l’OTAN en rang d’oignons, le directeur au bureau, et une carte en guise de tableau noir. Manquait juste la craie et la règle en bois pour corriger les cancres. Et ironie du sort : ces mêmes dirigeants européens, qui pendant des décennies ont pris plaisir à traiter les présidents africains comme des écoliers dissipés, se retrouvent à leur tour infantilisé par l’Oncle Sam. Quelle douce revanche ! Soudain, Paris, Berlin et Bruxelles goûtent à ce qu’ils ont longtemps servi en Afrique sous couvert de « coopération ». La Françafrique inversée en quelque sorte : cette fois-ci, c’est l’Europe qui s’assoit et qui écoute.

Les activistes qui s’époumonent d’habitude contre leurs propres pays auraient eu un festin médiatique si c’étaient des Africains qu’on avait installés ainsi. Mais quand il s’agit d’Européens humiliés, silence radio. Pas de cris d’indignation, pas de grands débats. Pourtant, la scène est d’une clarté déconcertante : l’OTAN en mode soumission, l’Europe réduite au rôle de figuration, Trump en maître d’école récitant la leçon apprise chez Vladimir Poutine. Car oui, derrière ce théâtre grotesque se cache un autre professeur : l’agrégé en chef du Kremlin. Trump ne fait que relayer la consigne : « Vous avez perdu, voici la nouvelle carte. » Le grand maître Poutine dicte, l’élève Trump répète, et les dirigeants européens recopient. Une chaîne hiérarchique impeccable. Chaque maître a son maître, et chaque élève son humiliation. Alors, bien sûr, certains y verront une démonstration d’autorité américaine. Mais d’autres souriront devant la justice poétique de l’histoire : les mêmes impérialistes européens, aujourd’hui ramenés à la position de « gueux » silencieux, alignés comme des petits soldats devant le maître américain. La morale de cette photo ? Simple. Le respect à l’international ne se décrète pas, il se mérite. Les faibles sont méprisés, toujours. Et cette fois-ci, ce ne sont pas les Africains qui encaissent la leçon, mais bien les Européens. Voilà pourquoi cette image restera comme l’une des plus ironiques du XXIᵉ siècle : la photo de la capitulation symbolique de l’OTAN, ou comment Trump transforma ses partenaires européens en élèves dociles d’une école dont le proviseur se nomme Vladimir Poutine.

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