Le RDPC à l’épreuve de sa propre stratégie : vers une implosion du parti au pouvoir ?
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Depuis près de quarante ans, le RDPC, parti au pouvoir au Cameroun, a bâti son hégémonie sur une stratégie éprouvée : affaiblir l’opposition par la division, l’infiltration et la marginalisation des voix dissidentes. Des accusations de financements occultes, de manipulations judiciaires et de création de partis satellites ont souvent pesé sur le régime, illustrant une volonté de contrôler le jeu démocratique sans jamais y participer pleinement. Pourtant, cette stratégie semble aujourd’hui se retourner contre son propre initiateur.

La scène politique camerounaise est secouée par un événement inédit : Theillier Onana, jeune cadre ambitieux du RDPC, remet ouvertement en cause la légitimité de Paul Biya à la tête du parti, tout en annonçant sa propre candidature à la prochaine présidentielle. Ce geste, qui aurait jadis été considéré comme suicidaire dans le contexte rigide du parti unique déguisé, révèle aujourd’hui les fractures internes d’un pouvoir qui vacille.

Le cadre juridique est pourtant clair. L’article 121 (1) du Code électoral stipule que « chaque parti politique régulièrement constitué peut présenter un candidat à l’élection présidentielle ». Une seule candidature est donc possible au nom du RDPC. Cette clause place le parti face à un dilemme majeur : maintenir l’unité en éliminant l’un des deux candidats ou accepter une scission historique qui pourrait éroder sa base électorale.

Le Cameroun a été habitué à voir les partis d’opposition se diviser, parfois sous l’effet de pressions extérieures. Des formations telles que le SDF, l’UDC ou encore le MRC ont connu des crises internes majeures, avec leur lot d’exclusions et de candidatures indépendantes. Jamais cependant un tel séisme n’avait frappé le pouvoir lui-même.

La situation actuelle renverse le rapport de force traditionnel. Le pouvoir n’est plus spectateur des implosions adverses ; il devient le théâtre de sa propre crise. Cette remise en cause, venant de l’intérieur, signe peut-être le début d’un nouveau cycle politique au Cameroun. Car si Onana persiste et si ses soutiens grandissent, la légitimité de Paul Biya déjà contestée sur le plan démocratique et générationnel pourrait être ébranlée de manière irréversible.

Il reste à savoir si les institutions telles que la justice, le MINAT ou ELECAM, historiquement alignées sur l’exécutif, feront preuve d’impartialité. Le test à venir n’est pas seulement juridique ou partisan : il est symbolique d’un pays en quête de renouvellement et d’un système politique face à ses propres contradictions.

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