L’UNION MBIDA-MOUMIE-OUANDIE EN 1959 CONTRE A. AHIDJO
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CAMEROUN :: L’UNION MBIDA-MOUMIE-OUANDIE EN 1959 CONTRE A. AHIDJO :: CAMEROON

Au lendemain du débat de l’Assemblée générale de l’ONU sur l’indépendance du Cameroun au mois de mars 1959 qui avait abouti à l’entérinement  de la date du 1er janvier 1960 pour la proclamation de celle-ci préconisée par l’Assemblée législative du Cameroun, ALCAM, à travers sa célèbre résolution du 24 octobre 1958, le paysage politique national avait radicalement changé. Il avait totalement été recomposé, et avait abouti à la toute première union de l’opposition de l’histoire de notre pays. Celle-ci sera une coalition inattendue entre des ennemis politiques d’hier, notamment Mbida André-Marie d’un côté, et Moumié Félix et Ouandié Ernest de l’autre. Cette union cependant ne durera pas longtemps, elle s’estompera avec la proclamation de l’indépendance le 1er janvier 1960. Une autre union verra aussitôt le jour dès le mois de  1960, dans la continuité de cette toute première.

Chapitre I : La situation politique nationale en 1959
     
L’année 1959, pour plusieurs raisons, a constitué un grand tournant dans la politique camerounaise:
1/- l’ONU avait entériné au mois de mars la date du 1er janvier 1960 pour la levée de sa tutelle sur notre pays, autrement dit, de la proclamation de l’indépendance. 
2/- Mais bien avant cette décision de l’ONU, le maquis en Sanaga-Maritime avait déjà pris fin avec la mort de Ruben Um Nyobè. Seul ceux du Wouri, du Nkam, du Mungo et de l’ouest se poursuivaient.
3/- les Camerounais n’avaient plus qu’en idée la date du 1er janvier 1960, pour se sentir indépendants, à savoir, entamer une nouvelle existence ;
4/- le maquis perdait sa raison d’être, aux yeux de l’écrasante majorité de la population, la proclamation de l’indépendance ayant déjà été actée par l’ONU, pourquoi continuer à perpétrer des attentats ?  
5/- la remise en cause de cette indépendance du 1er janvier 1960 était marginale dans l’opinion publique. Ceux qui évoquaient cette question n’étaient pas beaucoup écoutés, et apparaissaient comme de simples insatiables. A leur rhétorique, il était répondu : « un tiens, vaut mieux que deux tu l’auras ».
      Tous ces éléments mis ensemble, ont abouti à une recomposition totale de la scène politique camerounaise. Il fallait désormais envisager la manière de mener la politique après le 1er janvier 1960, l’adversaire n’étant plus le colon français. Il était en train de devenir le concitoyen aux idées opposées : l’homme au pouvoir, si l’on est de l’opposition, l’homme dans l’opposition si l’on est au pouvoir.

A – La résolution de l’ALCAM préconisant l’indépendance le 1er janvier 1960
     Le 24 octobre 1958, l’Assemblée législative du Cameroun, ALCAM, a adopté sa célèbre résolution préconisant la levée de la tutelle de l’ONU le 1er janvier 1960 :
« "L'Assemblée législative du Cameroun, 
consciente d'exprimer le sentiment unanime des populations de toutes les régions du Cameroun, prend acte avec satisfaction :
- Des négociations menées par le Premier Ministre, qui ont abouti, conformément à la résolution du 12 juin 1958, à transférer à l'Etat du Cameroun toutes les compétences relatives à la gestion des affaires intérieures à  compter du 1er janvier 1959 ; 
- De l'accord du Gouvernement français pour que soient engagées les procédures de levée de la tutelle internationale; 
- Proclame solennellement la volonté du peuple camerounais de voir l'Etat du Cameroun accéder à la pleine indépendance nationale le 1er janvier I96O; 
- Affirme à nouveau son attachement au principe de la réunification des deux Camerouns et demande que toutes dispositions soient prises pour que les populations intéressées puissent se prononcer en toute liberté sur cette réunification avant le 1er janvier I96O; 
- Invite en conséquence le Gouvernement camerounais à demander à la France de saisir l'Assemblée générale des Nations Unies, au cours de sa présente session, de l'abrogation de l'Accord de tutelle concomitamment à l'indépendance du Cameroun; 
- S'élève contre toute tentative qui pourrait être faite en vue de retarder l'accession du peuple camerounais à sa totale souveraineté; 
- Rend hommage à l'œuvre accomplie par la France au Cameroun, renouvelle le souhait qu'elle a exprimé le 12 juin de voir le Cameroun indépendant et souverain s'associer librement et amicalement à la France dans l'intérêt des deux pays" .
     Le Conseil de tutelle avait  rajouté : 
« A la 958ème séance, au cours de la vingt-troisième session du Conseil de tutelle, le représentant de Haïti a présenté un projet de résolution au nom de sa délégation et de celles des Etats-Unis d'Amérique, de l'Italie, de la Nouvelle-Zélande et du Paraguay. Selon ce projet de résolution, le Conseil de tutelle, comme suite à la résolution 1282 (XIIl) de l'Assemblée générale en date du 5 décembre 1958, prenait note des conclusions et recommandations de la « Mission de visite » et, l’ayant remerciée, considérait que le Territoire du Cameroun était prêt pour l’indépendance; il accueillait avec satisfaction les assurances données par le Premier Ministre du Cameroun selon lesquelles les dispositions à prendre en vue d'accorder une large amnistie politique étaient en cours d'examen; il insistait tout particulièrement pour que cette amnistie soit accordée sur une base aussi générale que possible et dans un délai aussi réduit que possible. Le Conseil accueillait également avec satisfaction les assurances données par le représentant de l'Autorité administrante et par le représentant spécial selon lesquelles le Territoire jouissait de la liberté de la presse, de la liberté de réunion, de la liberté d'association politique et des autres libertés fondamentales. Il notait que le Gouvernement camerounais avait déclaré qu'il souhaitait le retour de tous les Camerounais ayant quitté le pays depuis quelques années, qu'il les invitait à reprendre une vie normale sans crainte de représailles, et qu'il se proposait de procéder à des élections pour pourvoir le plus rapidement possible les quatre sièges de l'Assemblée législative qui revenaient à la région de la Sanaga-Maritime » .
     
En clair, les élus camerounais, porte-paroles du peuple, avaient signifié aux Nations-Unies leur désir de voir leur pays accéder à la souveraineté internationale dans un délai d’une année et la dernière Mission de visite du Conseil de Tutelle y apportait son approbation. Cette résolution avait été accueillie avec une très grande satisfaction par les Camerounais. Enfin, ils allaient enfin sortir du joug colonial. 

B – La fin du maquis en Sanaga-Maritime
     
Um Nyobè disparu le 13 septembre 1958, les derniers téméraires du maquis ont capitulé. Déjà, Mpodol n’avait plus grand monde autour de lui, les troupes de son armée ont été décimées, et les derniers guérilleros qui demeuraient encore au maquis avec lui avaient pratiquement tous déposé les armes dès l’annonce de son décès. Les ravages de l’armée française étaient trop désastreux. La guerre déclenchée dans la nuit du 18 au 19 décembre 1956 était perdue. Au maquis, il n’était plus resté que quelques irréductibles qui poursuivaient désespérément tant bien que mal un semblant d’hostilités contre les soldats français. L’esprit général en Sanaga-Maritime était plutôt désormais au retour à la paix, la répression française ayant traumatisé la population. 

C – La poursuite du maquis dans le Wouri, le Nkam, le Mungo et l’ouest
     En revanche, le maquis se poursuivait dans le Wouri, le Nkam, le Mungo et l’Ouest.(…)
Enoh Meyomesse
………………………..
Avant-propos
Chapitre I :
La situation politique nationale en 1959
A – La résolution de l’ALCAM préconisant l’indépendance le 1er janvier 1960
B – La fin du maquis en Sanaga-Maritime
C – La poursuite du maquis dans le Wouri, le Nkam, le Mungo et l’ouest
Chapitre II :
Débat général sur le Cameroun à l’ONU en 1959 : naissance du regroupement de l’opposition
A – Le débat général sur le Cameroun à New-York fin février début mars 1959
B – Regroupement de Mbida-Moumié-Ouandié  sur le thème de nouvelles élections avant l’indépendance
C – Regroupement de Mbida-Moumié-Ouandié sur la question de l’amnistie générale
Chapitre III :
Ahmadou Ahidjo : cible nouvelle de l’opposition après le débat général sur le Cameroun à l’ONU
A – La fin de l’ONU comme parrain et tribunal
B – Le gouvernement Ahidjo : cible nouvelle  de Mbida-Moumié-Ouandié-Soppo-Eyidi Bebey
C – Mbida-Moumié-Ouandié-Soppo-Eyidi Bebey pour le départ des troupes françaises 
Chapitre IV :
Mbida, Moumié, Ouandié : une table-ronde pour la paix
A – Projet d’une « table ronde » pour la paix au Cameroun
B – La faisabilité d’une « table ronde »
C – Le projet de « gouvernement de salut public »
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