Les campagnes électorales seront-elles de nouveau bâclées en 2025 ?
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A suivre les campagnes électorales au Cameroun, on ne peut que constater beaucoup d’amateurisme du côté de l’opposition. Tout se passe comme si celle-ci se retrouvait contrainte de remplir une pénible formalité. D’abord et d’une manière générale, les candidats de l’opposition ne se rendent pas suffisamment compte de l’importance de se doter de budgets conséquents pour leurs campagnes électorales.
 
Ils enfourchent pratiquement tous la trompette de la « corruption des électeurs » par le camp d’en face, au motif que celui-ci dépenserait de manière exagérée pour sa propagande. Ils n’hésitent pas ainsi à parler « d’achat de consciences » de sa part.
 
Ensuite, les candidats de l’opposition estiment, pour la plupart, que les simples messages à la radio et à la télévision sont nettement suffisants pour engranger des électeurs .
 
Enfin, aujourd’hui, Facebook les amène à croire qu’ils jouissent d’une popularité telle que la mobilisation sur le terrain serait devenue superflue. Chaque vedette de Facebook se voit ainsi déjà élue par avance à la Présidence de la République en 2018.
Tout d’abord, une campagne présidentielle sérieuse et efficace, coûte excessivement chère. A l’occasion de l’élection présidentielle française de 2017, les comptes adressés à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques ont été publiés au Journal officiel du 3 août 2017 .
 
Jean-Luc Mélenchon.
Dépenses : 10 676 699 €, soit 7,018 milliards de F CFA. Il a emprunté 6,4 millions d'euros (soit 4.197 milliards de francs CFA), et le reste est provenu de divers dons. Principal poste de dépenses : les réunions publiques : 6 367 270 €. (3 milliards CFA)
 
Nathalie Arthaud.
Dépenses : 958 237 € (6,290 milliards CFA). Elle n’a souscrit aucun emprunt, c'est son parti qui a tout payé. Elle n’a pas commandé de sondages d’opinion, ni organisé de promotion téléphonique, ni recouru à un conseil en communication. Dépense principale : les meetings (536 951 €).
 
Benoît Hamon.
Dépenses : 15 072 745 €, soit 9,840 milliards CFA. Il a bouclé son budget avec des prêts (8 millions d'euros) et une contribution du PS (3,5 millions d'euros). Principal poste de dépense : les meetings à hauteur de 6,1 millions d'euros, suivis par la propagande imprimée (3 millions d'euros). Il a également beaucoup dépensé pour le personnel de sa campagne (1,2 million d'euros) et ses locaux (640 000 €). Enfin, il n'a pas acheté d'espaces publicitaires.
 
Emmanuel Macron
Dépenses : 15 698 320 €, soit 10,24 milliards de F CFA). Il a bouclé son budget avec des emprunts (10 millions d'euros), une contribution d'En Marche ! (4,2 millions d'euros) et des dons de personnes physiques (1 million d'euros). Le candidat a dépensé 5,8 millions d'euros en réunions publiques (3 milliards CFA) et 3,7 millions en propagande, imprimée d'abord. Il a dépensé en promotion téléphonique (SMS et appels ciblés) : 396 443 € (contre 492 pour Hamon). Il a également commandé pour 325 643 € de sondages.
 
François Fillon
Dépenses : 13 784 073 €, soit 9,051 milliards F CFA). Il bouclé son budget avec 2 millions d'euros d'emprunts et surtout 10 millions d'euros du parti. Les dons de personnes physiques ne représentent que 6 600 € ! Comme les autres candidats, il a beaucoup dépensé en déplacements (1,4 million) et en meetings (4,8). Il a dépensé 509 952 € en conseil en communication et 199 320 € en sondages.
 
Marine Le Pen
Dépenses : 12 416 567 € (8,2 milliards de F CFA). Elle a eu beaucoup de mal à emprunter pour financer auprès des banques sa campagne. Elle a dépensé pour ses meetings 4,9 millions d'euros, a versé 2,4 millions d'euros pour les personnels recrutés spécifiquement pour la campagne. Elle a dépensé 451 000 € en matériels et 189 814 €en sondages , etc.
Au Cameroun, certains candidats de l’opposition, y compris ceux qui se prétendent les plus « sérieux », ne disposent même pas d’un budget de dix millions de francs cfa !
 
La conséquence immédiate de la maigreur des budgets de campagne des candidats de l’opposition au Cameroun, est leur faible déploiement sur le terrain. Des campagnes électorales entières commencent et s’achèvent sans que la plupart des candidats opposés à celui du gouvernement ne parcourent simplement dix départements sur les 58 que compte tout le pays !
De même, très peu de candidats ne s’investissent dans la publication de brochures électorales.
Lors de cette même campagne présidentielle française, Benoît Hamon a imprimé et distribué 9 millions d’exemplaires sa « Lettre eux Françaises et aux Français »
 
Marine Lepen a imprimé son projet présidentiel dans une brochure de 16 pages à 8 millions d’exemplaires lors du premier tour de l’élection .
 
François Fillon quant à lui a distribué 4 millions d’exemplaires d’un document destiné à se défendre face à l’adversité dont il a été l’objet de la part de la presse, suite à l’affaire d’emploi fictif de son épouse .
 
Au Cameroun, des campagnes électorales entières démarrent et s’achèvent sans que la plupart des candidats de l’opposition n’ait publié et distribué le moindre document. Un grand nombre vient discourir à la télévision tous les matins, pour une diffusion en soirée, sur « l’échec patent de Paul Biya », son « incapacité à développer le pays », etc. Même dans la ville de Yaoundé, capitale du pays, très peu de candidats de l’opposition tiennent des meetings. En 2004, un des supposés « grand candidat », ne s’était contenté que de payer des benskins à qui il avait demandé de faire le tour de la ville chaque après-midi en faisant du tintamarre avec des sifflets à la bouche et quelques portraits de lui en mains.
 
Lors des campagnes électorales, le régime déploie pas moins de cent mille agents électoraux à travers tout le territoire, à savoir des fonctionnaires partis de gré comme de force en campagne pour lui. Il déploie également au moins dix mille véhicules administratifs qui sillonnent le territoire avec des effigies du Paul Biya. En face, toute l’opposition réunie ne parvient pas à rassembler cent automobiles ! Le régime distribue aisément, en plus de ceux déjà en circulation, cent mille pagnes à chaque campagne électorale, or, un page est tout bonnement avant tout un vêtement pour des gens démunis. Pour le scrutin de 2018, le régime avait distribué des ordinateurs aux étudiants, à la plus grande joie de l’écrasante majorité de ceux-ci ; face à cela, l’opposition ne disposait guère de réplique appropriée. Pour quiconque a pu avoir déjà mené une campagne électorale face au régime, ces cadeaux malheureusement financés par le budget de l’Etat, rendent totalement inaudible le discours de l’opposition. Partout, les gens demandent à ses candidats, « que nous avez-vous, de votre côté, apporté ? », au nom d’un principe bien camerounais : « finissez avec nous ici, et maintenant, c’est tout, pas de longs discours … »
 
Par ailleurs, le chantage des fonctionnaires auprès des masses populaires met en grande difficultés l’opposition. Chaque cadre de la République désireux de conserver son poste ou d’obtenir une promotion administrative voire politique capable de déboucher sur une entrée au gouvernement, n’hésite pas un seul instant à intimider ses congénères de la même région, du même département, arrondissement, voire village, en leur faisant savoir qu’un mauvais score de Paul Biya dans leur unité administrative se traduirait par des représailles contre celle-ci, plus de nominations de ses « élites » à des postes importants de la République, plus d’investissements, en un mot, oubli total de cette zone par l’Etat. Les candidats de l’opposition se retrouvent généralement sans réponse valable à fournir face à cet argument, et en perdent énormément de voix.
 
Enfin, les meetings du candidat de la majorité sont également de puissantes opérations d’intimidation des électeurs peu politisés. Ils sont dirigés par les « autorités administratives », le gouverneur de la région, les préfets, les sous-préfets, les commandants de brigades de gendarmerie, le procureur de la République et ses substituts, etc. Face à ce déploiement de personnalités venues avec leurs grosses cylindrées, les candidats de l’opposition se retrouvent généralement en difficultés.
Grosse question en conséquence : 2025 pourra-t-il voir naître un Cameroun nouveau au mois d’octobre ?
 
Avant-propos.
Chapitre I :
L’épuisement du régime et sa difficile désignation d’un successeur à Paul Biya.
Chapitre II :
L’aspiration majoritaire à un Cameroun différent et nouveau et pourquoi pas en 2025.
Chapitre III :
Une occasion d’avènement d’un esprit nouveau au Cameroun.
Chapitre IV :
Refréner la montée en puissance de la chefferie (la féodalité) et son anti-modernité.
Chapitre V :
La vacuité du programme de l’opposition: un gros handicap.
Chapitre VI :
Les campagnes électorales seront-elles de nouveau bâclées en 2025 ?
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