Vaccination : les atermoiements du gouvernement
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Dans un message sur son compte twitter le 10 octobre 2020, le ministre de la Santé publique du Cameroun Manaouda Malachi écrivait ceci : « Comme au 1er tour, je viens de faire vacciner ma fille contre la Poliomyélite. J’invite toute la population à profiter de la campagne en cours pour faire vacciner les enfants âgés de 0 à 5 ans. Le polio virus sauvage est certes vaincu mais d’autres formes continuent de circuler. » Cet encouragement à l’endroit des populations faisait suite à une campagne de vaccination à l’attention des enfants de 0 à 5 ans, lancée la veille dans 6 régions du pays dont l’Adamaoua, l’Est, le Centre, le Littoral, le Nord et l’Extrême Nord.

Malgré les messages de sensibilisation, cette campagne a rencontré une résistance sans pareille dans la société. Certains parents avertis de l’opération dans les écoles sont allés retirer leurs enfants, d’autres ont purement et simplement retenus leurs progénitures à la maison, des vives altercations ont été relevées par endroit entre les agents vaccinateurs et les parents. On est désormais face à une situation ambigüe, dans laquelle le gouvernement veut protéger l’enfant contre la poliomyélite, le parent veut protéger le même enfant contre la protection du gouvernement. Une autre crise de confiance entre le peuple et son gouvernement.

Rupture

Une crise de confiance expliquée par deux faits majeurs au moins. En premier, une annonce de l’Organisation mondiale de la santé faite le 17 juin 2020, au cours de la 25ème réunion annuelle de la Commission Régionale de certification de l’éradication de la poliomyélite en Afrique (Crca). L’organisme avait alors classé le Cameroun parmi les pays polio-free, c’est-à-dire où l’objectif d’éradication de cette maladie était atteint et donc la transmission interrompue ; en s’appuyant sur le constat selon lequel aucun cas de cette maladie n’avait été déclaré dans le pays depuis 4 ans. Le ministre de la Santé publique, le même, avait alors repris cette nouvelle sur son compte twitter en ces termes

« Je suis particulièrement heureux de vous annoncer que le Cameroun vient fièrement d’être certifié pays polio-free. Bravo à toute l’équipe conduite par le Professeur Tetayé et à tous ceux qui ont œuvré pour cette belle victoire. Bravo encore mais ce n’est que le début des bonnes nouvelles. » Il ne passe donc pas facilement dans l’esprit des populations, que 5 mois après, la suite des bonnes nouvelles annoncées soit qu’il faut encore vacciner les enfants contre la même poliomyélite. Qu’est ce qui s’est passé entre temps ? Certains tentent d’expliquer que le pays a été déclaré polio-free mais les frontières restent ouvertes, donc la maladie peut encore entrer. Les mêmes frontières qui sont restées ouvertes pendant les 4 ans d’observation qui ont permis d’arriver au constat selon lequel le pays était débarrassé de la maladie.

Le deuxième élément qui justifie la crise de confiance, est la polémique qui enfle de plus en plus de par le monde autour des vaccins, et qui a pris un volume plus important avec l’avènement du corona virus. Le vaccin, quel qu’il soit, est désormais l’objet de tous les soupçons, entretenu localement par un déficit communicationnel. L’une des raisons par exemple, avancée par les parents réticents au vaccin contre la poliomyélite est qu’ils ne connaissent pas la composition, ce que ne peuvent non plus expliquer les agents vaccinateurs, d’ailleurs ni préparés ni compétents pour cela. Et à côté de cet absence d’information au niveau local, les populations sont au quotidien nourris par des publications vidéo, audio et textes, des scientifiques confirmés qui appellent à se méfier contre les vaccins, dont le but serait simplement d’inoculer dans le corps de l’humain des molécules en mesure de favoriser un contrôle en tout temps et en tout lieu au détriment de la vie privée, si ce n’est pour provoquer une mort plus rapide des populations. Dans un communiqué publié le 1er septembre 2020 et encore consultable sur son site internet, l’Organisation mondiale de la Santé a déclaré que deux enfants soudanais – l’un de l’État du Darfour Sud et l’autre de l’État de Gedarif, près de la frontière avec l’Éthiopie et l’Érythrée – ont été paralysés en mars et avril. Tous deux avaient été récemment vaccinés contre la polio. L’OMS ajoute que les premières enquêtes sur l’épidémie montrent que les cas sont liés à une épidémie actuelle due à un vaccin au Tchad, contre une variété de vecteur de la poliomyélite qui a été détectée pour la première fois l’année dernière et qui se propage maintenant au Tchad et au Cameroun. De quoi augmenter les soupçons.

Autre vaccin

Le vaccin contre le cancer du col de l’utérus est aussi une autre source de polémique. Annoncée pour démarrer le 23 septembre 2020 selon la circulaire du ministère de l’Education de base n°A/426 du 22 juin 2020, elle a également été fortement dénoncée par divers moyens. L’homme politique Jean Marc Ngoss écrivait alors, à l’annonce de la campagne « Le Parti de l’Esprit d’Avril 48 par ma voix vient via cette correspondance dénoncer la campagne de vaccination prévue sur 339.908 fillettes de 9 ans et qui se prépare sur l’ensemble du territoire, contre le cancer du col de l’utérus et autres infections génitales dès le 23 septembre 2020. En France, où de nombreuses plaintes en Justice pour cause d’atteinte au cerveau et à la moelle épinière après vaccination, de grands experts maintiennent que ce vaccin demeure porteur de risques. Ces experts à l’exemple du Pr Guy Vallancien (Urologue Français) révèlent que l’analyse fait écho de 26.675 effets indésirables graves qui ont invalidé plusieurs jeunes filles à vie, après avoir été vaccinées au Gardasil »

Ce vaccin contre le cancer du col de l’utérus a finalement été introduit dans le Programme Élargi de Vaccination au Cameroun le 12 octobre, et cette fois le gouvernement a pris la précaution de requérir l’avis des parents qui devront marquer leur accord par la signature d’une fiche. Mais dans l’ensemble, la crise de confiance persiste désormais bel et bien entre le gouvernement et la population, et les hésitations permanentes dans l’élaboration des politiques publiques quel que soit le domaine, ne sont pas pour les rassurer davantage

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