L’inquiétante montée d’un phénomène
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Même si certaines dérives condamnables ont toujours existé, la détérioration du climat socio-politique a donné plus de vigueur aux discours de haine et d’exclusion.

Les initiatives en cours en vue de promouvoir une plus grande harmonie sociale ont pour principal terreau les multiples faits et gestes posés au quotidien, consciemment ou non, et qui impactent négativement tôt ou tard les rapports intercommunautaires. L’actualité plus ou moins récente démontre à suffisance la recrudescence d’un phénomène qui tend à se banaliser, au point où certaines figures bien connues ne se cachent plus pour répandre le venin de la haine sur des plateaux de télévision ou dans les réseaux sociaux.

Une conférence-débat organisée le 29 avril à Yaoundé par la Friedrich Ebert Stiftung a mis en exergue le rôle joué par certains médias dans la propagation du discours de haine au Cameroun, en tant que support et vecteur de diffusion. Si le tribalisme et les pratiques d’exclusion ne datent pas d’aujourd’hui, il faut tout de même reconnaitre que les multiples dérives qui empoisonnent actuellement le climat socio-politique ont connu ces derniers temps une ampleur sans précédent. Selon quelques socio politistes qui se sont penchés sur la question, deux situations ont particulièrement contribué à la montée du discours de haine et de rejet de l’autre : la crise sécuritaire dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et les péripéties liées à l’élection présidentielle d’octobre 2018.

En quittant le champ purement corporatiste pour prendre une dimension de plus en plus politique, la « question anglophone » aurait réveillé des vieux démons de la méfiance et de la division. Selon d’autres analystes, la montée d’adrénaline vécue lors du scrutin présidentiel, de même que la banalisation du discours de haine dans les médias et sur les réseaux sociaux seraient largement le fait des politiciens et leaders d’opinion de tous bords qui avaient intérêt à recourir au repli identitaire pour consolider leurs bases et réserves électorales. Le portail des camerounais de Belgique. C’est ainsi qu’on a vu fleurir sur des multiples supports des messages décomplexés à faire froid dans le dos. Le manichéisme aidant, on a assisté progressivement à une catégorisation des citoyens en « bons » et « mauvais », en fonction de leurs origines, de leurs convictions politiques ou de leurs attitudes partisanes.

En fonction des prises de position, on a même vu fleurir dans des réseaux sociaux des néologismes comme « tontinards » et « sardinards » selon que l’on soit d’un bord ou de l’autre. Une telle avalanche de propos haineux qui mettaient à mal le vivre ensemble est porteuse des germes d’une catastrophe future comme on l’a vu au Rwanda avec le génocide. C’est pour circonscrire le danger que de nombreuses actions sont engagées par les pouvoirs publics, des ONG et des représentants de la société civile. Il en est ainsi de la Journée de réflexion sur le vivre-ensemble organisée le 11 avril dernier par la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme. D’autres personnalités de la République ont également exprimé récemment leur ras-le-bol. Camer.be. Notamment le président du Sénat qui a fermement condamné, le 10 avril dernier, la montée progressive des dérives communautaires et intégristes, les appels à la haine tribale ainsi que le repli identitaire, lors de la cérémonie de clôture de première session ordinaire de l’année législative 2019.

Quelques jours plus tard, c’est sur sa page Facebook et son compte twitter que le Président de la République invitait les Camerounais à une « vraie unité nationale », débarrassée des fléaux que sont le tribalisme, le népotisme, le laisser-aller et la corruption. Autant de prises de position qui traduisent une préoccupation largement partagée face à un danger à circonscrire à tout prix .

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