L'avocate, militante des droits de l'homme, a ajouté une touche féminine à un combat où n'ont émergé, jusqu'ici, que des figures masculines.

Mardi, 26 février 2019, les forces de sécurité camerounaises ont arrêté Me Michelle Ndoki. La vice-présidente du directoire des femmes du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) a été interpellée dans des circonstances qui restent à préciser. Elle devrait répondre des chefs d'accusation retenus contre les autres hauts cadres du Mrc, au rang desquels Maurice Kamto, le président national du parti, Alain Fogue Tedom, Paul Eric Kingue, Christian Penda Ekoka, Albert Dzongang et l'artiste Valséro, qui s'est engagé aux côtés du parti politique de l'opposition depuis l'élection présidentielle du 7 octobre 2018. Une élection qui avait été remportée par Paul Biya, selon les résultats proclamés par le Conseil constitutionnel.

Une élection qui n'a cependant pas fini de livrer ses rebondissements, puisque Maurice Kamto continue de réclamer sa "victoire", même si le Conseil constitutionnel l'a classé deuxième, avec 14,27%, loin derrière Paul Biya (71,28%). Les infractions retenues contre les coaccusés de la militante des droits de l'homme sont, entre autres, la rébellion en groupe, l'hostilité à la patrie, l'incitation à l'insurrection, le trouble à l'ordre public. Il y a quelques mois, maître Ndoki avait déjà eu des démêlés avec la justice camerounaise pour avoir participé à Douala, le 27 octobre 2018, à une marche visant à réclamer la "victoire" du Professeur Maurice Kamto à l'issue de l'élection présidentielle du 7 octobre. A la première audience du procès au tribunal de première instance de Douala-Bonanjo, le ministère public annonce l'abandon des charges contre l'activiste et les dizaines d'autres militants du Mrc interpellés au cours de la même marche.

Née le 1er janvier 1972, Michelle Ndoki fréquente tour à tour l'école du Centre, à Yaoundé, et le CES d'Elig-Essono, et elle obtient son baccalauréat en 1991 au lycée Joss de Douala. Alors qu'elle rêvait d'une carrière en psychologie ou en marketing, son père lui recommande des études en droit des affaires à Reims en France. Elle en sort juriste des entreprises. De retour au bercail en mai 1997, elle travaille pendant cinq ans au cabinet de maître Marie Andrée Ngoué comme juriste en conseil et droit des entreprises.

De 2006 à 2012, elle met ses compétences au service d'Orange Cameroun et de Guinness Cameroun. Redevenue indépendante, la juriste en profite pour compléter sa formation. Le 4 mai 2018, elle est inscrite au barreau du Cameroun comme avocate. Sur le plan politique, Michelle Ndoki milite au Cameroon People Party (CPP) dès 2014. Pendant les deux années qui suivent, elle est engagée auprès de l'organisation Freedom Generation avant de rejoindre le Mrc en décembre 2016.