La consigne de vote de Eto’o et Song ou la victoire d’un système de confiscation des privilèges
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CAMEROUN :: La consigne de vote de Eto’o et Song ou la victoire d’un système de confiscation des privilèges :: CAMEROON

Les sorties médiatiques des ex capitaines des lions indomptables du Cameroun, à savoir Song Rigobert et Eto’o Samuel, qui appellent à voter le candidat Paul Biya, de par les raisons développées sont un vrai cas d’école d’acculturation généralisée, voire d’aliénation intellectuelle pour ne pas dire de soustraction de l’intelligence que ce système de confiscation des privilèges a réussi à imposer au peuple camerounais. Ces deux sportifs dont les faits d’armes sportifs plaident pour eux souffrent chacun d’eux de symptômes distincts d’un même processus pathologique nommé « syndrome de Stockholm ».

Le cas Rigobert Song

L’entraineur des Lions indomptables A’ croit être redevable à perpétuité au chef de l’Etat de lui avoir sauvé la vie grâce à l’affrètement d’un avion médicalisé pour la France où il a été soigné d’un Avc. Peut-être même qu’il estime que son Cv sportif à lui tout seul ne suffit pas pour diriger une équipe nationale de ce pays à qui il a tant donné (il rappelle pourtant fort à propos avoir le record de longévité du capitanat de la sélection nationale). Monsieur Song oublie (en réalité il s’oblige à oublier, via un mécanisme de fascination maléfique par son bourreau) est que le président d’une nation a le devoir si ce n’est l’obligation de permettre à son peuple de se soigner décemment, j’insiste sur le mot décemment.

Cette décence qu’impose la mission régalienne d’une couverture médicale universelle (attendue depuis 36 ans) du premier Camerounais suppose des soins pour tous et sur place au Cameroun. Autrement dit, l’évacuation sanitaire en générale, et l’évacuation sanitaire sélective (des privilégiés) en particulier est une forme de crime contre l’humanité. Se féliciter dès lors de ce mode de gouvernance par la confiscation des privilèges est criminel. Si ce fils (un énième fils qui sort de nulle part…décidément) du candidat Paul Biya considère que les électeurs devraient s’identifier à lui dans l’isoloir le 07 octobre 2018 ; j’aimerais savoir par quel mécanisme mimétique 6 millions d’électeurs justifieront de confier à nouveau leur destin à un système qui a tout de même de quoi être accusé d’avoir conduit 25 millions de Camerounais à un niveau d’extrême pauvreté. En termes d’indice de développement humain ajusté aux inégalités (IDHI, confère PNUD version révisée de 2011), le classement 2016 plaçait le Cameroun à la 23è place africaine, dans une dynamique régressive depuis une vingtaine d’années pour aboutir aujourd’hui à la 25è place sur 55 Etats que compte l’Union africaine. Comment Monsieur Song peut-il expliquer au chômeur-diplômé du quartier Mabanda (Bonaberi) qui n’aura jamais droit à la « magnanimité » du candidat Paul Biya que son choix à lui (il en a le droit) devrait se généraliser ?

Le cas Samuel ETO’O fils

Le « pichichi » a encore manqué une occasion de garder le silence, silence qui, dans son cas, serait un signe d’intelligence. En effet, cet excellent sportif nous a malheureusement habitué à des sorties médiatiques d’une extrême pauvreté cognitive. Son problème est qu’il se sent obligé de parler, d’exprimer des avis sur des sujets pourtant peu maîtrisés, comme si exceller du pied suppose forcément être bon de la tête. On connaît des sportifs intellectuellement affirmés, l’un n’excluant pas l’autre évidemment. Les cas Joseph Antoine BELL ou Eugène EKEKE pour ne citer que ces illustres ambassadeurs du mouvement sportif camerounais prouvent à merveille que le monde des sportifs peut et sait jouer sa partition dans les questions sociétales. Davantage des sportifs éclairés bien que peu instruits comme le président du Libéria.

Malheureusement Monsieur Samuel Eto’o souffre d’une personnalité désaxée dont l’égoïsme et l’égocentrisme sont exacerbés et la dualité de personnalité oppose (tout en confondant) son « moi » et le « nous » (en référence au peuple camerounais), sa petite (mais matériellement riche) personne et tout une nation de 25 millions d’habitants dont plus de la moitié vit sous le seuil de pauvreté. Son moi (« Moi à 37 ans, j’ai connu ce beau pays, (…) » est en déphasagespatio-temporel pathologique avec la suite de sa déclaration (« (…) ces frères qui aiment vivre ensemble parce qu’on a toujours connu la paix dans ce pays »). En effet, la paix a foutu le camp depuis au moins 2 ans, voire plusieurs décennies de gouvernance chaotique. Soit monsieur Eto’o ne le sait pas, soit il est sous le coup de la même contagion émotionnelle que Rigobert Song. Cette dépendance psychique qui nourrit la fascination par la domination de l’agresseur qu’est l’Etat camerounais qui a confisqué le bien-être d’une population vivant dans un territoire immensément riche.

Lorsque Eto’o insiste à appeler les Camerounais à faire comme lui, c’est-à-dire à voter son champion, on ne peut ne pas faire une analyse, psychanalytiquement, des mots prononcés : « Le plus important c’est que mes frères fassent comme moi ». L’utilisation de l’expression « le plus important » renvoie à une estime de soi pathologique car paroxysmique. « Faire comme moi » suppose qu’il est la référence, le guide, la lumière. Les Camerounais auraient préféré avoir la lumière de Eneo que celle d’un gamin gâté et gâteux qui a oublié d’où il vient, c’est-à-dire de ce milieu misérable dont les perspectives de développement sont confisquées par son candidat-président. L’analyse du comportement de Samuel Eto’o à travers ses déclarations et prises de position intempestives fait état d’une personnalité psychorigide avec une haute estime de soi et l’absence de prise en compte de l’avis des autres (« …faire comme moi »).

Tous ces signes clairement identifiés posent le diagnostic d’une personnalité pathologique de type paranoïaque. La confortation à ce sentiment de trouble psychique vient du fait que lorsqu’on cherche les soutiens présidentiels dont parle monsieur Eto’o (« Je vais voter pour Paul Biya pour toutes ces choses qu’il m’a apportées, dans va mie, dans ma carrière ») on a peine à en trouver le moindre prémice. En effet, il n’est pas de notoriété publique que le président ait été un entraineur ou dirigeant du footballeur Eto’o, qu’il lui ait évité sa mésaventure du terrain de Kribi ou son investissement à perte dans la téléphonie mobile. Je m’interroge donc sur l’agenda caché de la mission de pacification du conflit dit anglophone que ce possible futur dauphin du candidat- président (Georges Weah a certainement fait des émules), semblait vouloir embrasser. Serait-il simplement allé expliquer aux populations abandonnées du Nord-Ouest et Sud-ouest qu’ils doivent voter la continuité ? Je suis assez dubitatif.

Le Cameroun vit un tournant de son histoire. Jamais le monde entier n’avait moqué autant « l’anomalie camerounaise » qui veut que le processus de « zombification » des consciences fasse croire, même à des personnes supposées éclairées, que 25 millions de Camerounais sont des incapables, des faire-valoir. Que seul une personne depuis 36 ans et ce pour 7 autres années est à même de redresser le bateau qu’il a lui-même coulé. Le syndrome de Stockholm n’est pas une exclusivité camerounaise certes, mais au Cameroun il est systémique avec une vitesse de pénétration (des couches sociales) virale. Que le Seigneur nous protège durant les 7 prochaines années.

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