Décrépitude : Le nouveau siège de la Fécafoot dans la broussaille
CAMEROUN :: SPORT

CAMEROUN :: Décrépitude : Le nouveau siège de la Fécafoot dans la broussaille :: CAMEROON

Six ans après la pose de la première pierre, le chantier devant abriter cette infrastructure futuriste qui a coûté à la Fédération camerounaise de football environ 2 milliards de FCFA, est à l’abandon. Le Messager a appris que le Comité de normalisation serait en négociation avancé avec une entreprise turque pour le parachèvement de la construction.

Deux grues mécaniques surplombent un imposant immeuble en chantier situé à l’intersection du petit tronçon Palais des Sports-Chapelle Messa. C’est le futur siège de la Fécafoot. Une clôture en piquets de bois rongés par des termites, encadre le périmètre bien gardé par des vigiles. « Port de casque obligatoire », message de mise en garde couché sur un écriteau à l’entrée principale de ce site qui côtoie un autre important chantier de la Communauté urbaine de Yaoundé (travaux d’aménagement du lit du Mfoundi Ndlr). L’accès au site est exclusivement réservé aux ouvriers, aux experts de la société Guimar, l’attributaire de ce marché qu’on présente comme l’un des grands au bataillon des illustres entrepreneurs de travaux publics au Cameroun.

Le silence de cimetière qui règne ici démontre à suffire que l’endroit n’a plus reçu la visite des manœuvres depuis belle lurette. La broussaille qui a engloutie la surface s’est également emparée des cuves de bétons, de la ferraille et du magasin située au rez-de chaussé. Idem pour les eaux de ruissellement qui en cette saison de pluie, a créé des petites rigoles de mousses et d’algues de part et d’autre de la clôture. Inspiré de la maquette solidement collé à un coin du site, l’ossature de l’ouvrage R+5 se dessinait pourtant progressivement. Le constat est donc là. Implacable. Les travaux sont à l’arrêt.

Le casse-tête du décaissement

Problème ? Il y a quatre ans, le Messager révélait pour le déplorer, que le coût de construction de cet immeuble de cinq étages sur une surface de 2500 m², soit 1 milliard 786 millions de FCFA, n’a pas mis fin aux souffrances des employés du chantier qui continuaient de crier à la maltraitance. Ces pauvres hommes qui avaient déjà exprimé leur ras-le-bol à travers des mouvements stériles de grève, réclamaient plusieurs mois d’arriérés de salaire à Guimar Cameroun S.A. Conséquence, ils avaient plusieurs fois, rangé pelles, brouettes et autres truelles pour embrasser les manifestations syndicales. Faute de mieux. Dans la foulée, votre journal avait appris de sources internes à la Fécafoot, que si l’entrepreneur ne payait pas ses ouvriers régulièrement, c’est parce qu’il n’avait plus reçu le moindre copeck de l’instance faitière du football camerounais depuis belle lurette. Or, les premiers 400 millions Fcfa décaissés pour la première phase, avaient été déjà utilisés et le décaissement de la deuxième tranche pour relancer les travaux devrait se faire au compte-gouttes.

Le 8 février 2016, l’ex président déchu de la Fécafoot qu’accompagnaient une forte délégation composée du Comité exécutif et de certains directeurs à la fédération, avaient effectué une visite sur ce chantier dont le taux d’évolution était des plus inquiétants. D’ailleurs, dans sa prise de parole ce jour-là, Tombi à Roko Sidiki a constaté le grand retard déjà accusé et a directement interpelé Célestin Herman Tsambou, Directeur général de Guimar Cameroun SA pour d’amples éclairages. « Vous aviez fixé au 31 décembre 2015 la date butoir de bouclage du gros oeuvre. Malheureusement nous notons un retard. Il est à craindre que le chantier ne soit pas livré au 31 août 2016 comme communément prévu », s’était inquiété l’ancien numéro 1 de la Fécafoot. Après des explications techniques, son interlocuteur avait invité l’assistance à observer que « le chantier, pour ce qui est du gros œuvre a atteint un taux d’évolution de 90%, ce qui est encourageant. Certes nous accusons un retard. Mais il est rattrapable. Il y a eu d’autres éléments qui justifient ce retard. » Il en avait profité pour poser quelques doléances qui, après étude par la délégation, avaient été pris en compte par le chef de l’exécutif fédéral.

Marché juteux

La mise sur pied d’un Comité de normalisation à Tsinga en septembre 2017, consécutif à la déchéance de l’équipe que conduisait Tombi a replongé le chantier dans le chaos. Entre compte bloqués, instruction d’un audit à la fédération et bisbilles autour du renouvellement du contrat, l’ambitieux projet périt aujourd’hui dans la broussaille. Pourtant on se souvient que dans le florilège des griefs avancés pour justifier l’arrêt des travaux, certains avaient évoqué les « études géophysiques mal faites ». Un doigt accusateur était alors pointé sur le patron du groupe Guimar dont un voile recouvrait ses réalisations précédentes dans les Btp. Installée depuis six ans seulement à Yaoundé, cette société filiale d’un grand groupe portugais, apprend-on, a réussi à se bâtir une renommée en béton armé vertement contestée par les experts du secteur.

Tsambou avait crié au sabotage, prétextant que ses pairs qui avaient très mal digéré que ce juteux marché lui soit finalement attribué, ont voulu ternir par tous les moyens, l’image de sa société. Puisque l’échéance de la Coupe d’Afrique des nations (Can) que va organiser le Cameroun arrive à grands pas, on reparle donc de relancer les travaux de cette enceinte. Le Messager vient d’apprendre de sources bien introduites que le Comité de normalisation que conduit Me Dieudonné Happi serait en négociation avancé avec une entreprise turque pour le parachèvement de la construction. On parle de la même entreprise en charge de la construction du Stade de Japoma. Affaire à suivre…

Lire aussi dans la rubrique SPORT

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo