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© Le Jour : Franklin Kamtche
- 19 Jul 2016 02:30:26
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CAMEROUN :: Paul Kammogne Fokam : La richesse des idées :: CAMEROON
Les milliards ne sont pas indissociables de la maîtrise de la science.
Dans le microcosme singulier des nantis originaires de l’Ouest, Paul K. Fokam fait figure d’intrus, à la fois créateur de richesse et producteur de pensée. Aucun doute sur l’itinéraire intellectuel ou le parcours professionnel. Il a fait ses classes et croit au savoir. Il y est même resté puisqu’il enseigne le leadership et la stratégie et est fondateur d’un institut universitaire réputé.
Le logotype d’Afriland First Bank impose le respect au-delà des frontières nationales, mais les Mc² (microbanques de développement rural) créées et gérées par les communautés sont encore plus visibles. L’idée de cet outil d’inclusion financière du monde rural remonte à une thèse d’économie qu’il a soutenue en 1989, pour affirmer que le secteur informel n’est pas une fatalité, mais plutôt l’antichambre des capitaines d’industrie de demain.
Aujourd’hui, le modèle Mc² est sorti du Cameroun pour s’imposer en Guinée, au Liberia entre autres. Il constitue une innovation majeure dans le système de collecte de l’épargne paysanne et de la distribution du crédit chez les exclus du système bancaire classique. Les assemblées générales, nombreuses ces joursci, sont des grands moments d’apprentissage où l’Ong Adaf, mise en place pour accompagner ces structures, procède à l’encadrement des conseils d’administration. En 2014, on estimait à 145 milliards Fcfa les sommes investies dans le tissu économique de l’Afrique centrale par le canal de ces « greniers de la communauté ».
Fondateur d’Afriland First Bank et parrain du modèle Mc², Paul K. Fokam est également celui à qui l’on doit la compagnie d’assurances Saar, ainsi que Sitracel, une société de transformation de la cellulose. Mais, en plus de faire des affaires qui marchent, il produit une pensée consistante et constante, ceci à travers des publications scientifiques et grand public, mais aussi en tant qu’enseignant à PKFokam Institute of Excellence, une université qui accueille les étudiants ayant les moyens de payer l’une des scolarités les plus élevées du Cameroun, dans des domaines pointus tels que l’ingénierie, le management ou l’informatique. Il les envoie par la suite aux Etats-Unis parfaire leurs connaissances.
Doctrinaire
Un projet original, pour un homme qui voit les choses différemment. Il ne porte pas de costume occidental, encore moins de cravate. Ses « abacost » [à bas les costumes] sont le signe même d’une « dignité africaine » qu’il faut défendre. Il reconnaît que le contexte est peu favorable à une prise de conscience de ses congénères.
Cette lassitude perce dans la préface à la troisième édition de son classique intitulé Et si l’Afrique se réveillait : « En publiant cet ouvrage, j’avais à coeur de sonner le tocsin pour sortir l’Afrique de sa profonde torpeur. Au regard des maladresses et des errements que je décrivais alors, il allait de soi qu’elle était plongée dans un profond sommeil proche du coma. Treize ans après, force est de constater que le comateux continue de ronfler (…)
Peut-on sortir notre cher continent de cette léthargie ? J’ai peur de ne pas être aujourd’hui à mesure d’apporter de bonnes réponses à ces questions, tant les lignes de l’époque n’ont pas bougé ». Auteur d’une dizaine de livres, il déconstruit les politiques imposées par les institutions de Breton Woods aux pays africains et propose à ceux-ci de prendre leur destin en main, de se méfier de l’aide étrangère, et de travailler plus dur que les autres s’ils veulent s’en sortir. Dernière parution en date, L’intelligence économique, ouvrage sorti en mai 2016, qui indique le paradigme éponyme comme étant la clé qui permettra à l’Afrique de gagner la guerre économique qui se déroule à l’échelle mondiale, à condition de s’y mettre.
Né en 1948 à Boukué (Baham), un village du département des Hauts-Plateaux, dans la région de l’Ouest, Paul K. Fokam a d’abord été cadre, ensuite sous-directeur à la Biao avant de devenir directeur d’agence de la Cameroon Bank entre 1973 et 1979. Après avoir quitté ce navire, il entreprend de bâtir un empire qui étend chaque jour ses tentacules. Diplômé de gestion économique du Conservatoire national des arts et métiers de Paris et docteur en sciences de gestion de l’Université de Bordeaux en 1989, il officiera, en 1993, comme maître de conférences à l'Institut technique de banque du Cnam. Créateur de pensée et de richesse, Paul K. Fokam est aussi bâtisseur d’image. A travers la chaîne de télévision Voxafrica, qu’il a contribué à fonder en 2007, il entend combattre les préjugés qui collent à l’Afrique : la guerre, les épidémies, les conflits post-électoraux, les migrations…
La chaîne de télévision se fait fort de présenter la culture, l’économie et la vie africaines dans leur dynamisme et leur beauté. Le succès et la détermination de ce capitaine d’industrie nourrissent des soupçons dans les cercles du pouvoir. Les rumeurs sur sa prétendue ambition politique sont récurrentes au Cameroun. On le dit proche de Maurice Kamto, président du Mrc, natif de Baham comme lui. Mais, comme ses activités économiques, ces rumeurs traversent également les frontières.
En novembre 2015, un document sonore de 17 minutes avait circulé sur Internet, supposé être une conversation entre Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire d’une part, et, d’autre part, Djibril Bassolé, le dernier ministre burkinabè des Affaires étrangères sous Blaise Compaoré. La voix attribuée à Guillaume Soro affirmait que Paul K. Fokam avait été approché par Roch Marc Christian Kaboré, alors candidat à l’élection présidentielle. Au Cameroun, une certaine presse avait bondi sur cette occasion pour raviver ses accusations habituelles.
Quelques jours plus tard, Paul K. Fokam saisissait l’occasion de l’assemblée générale de l’Association des Mc2 pour démentir ces rumeurs.
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