Victor Fotso : Un empire qui vacille
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L’empire industrialo-commercial du richissime homme d’affaires de Mbo frémit depuis que les difficultés judiciaires de son héritier présumé ont commencé.

Les malheurs du fils ont-ils emporté la santé financière du père ? De plus en plus, l’on apprend qu’une entreprise du groupe est en difficulté ou a été cédée à des repreneurs. Stratégie de redéploiement, essoufflement ou sabotage politicien ? Difficile de trancher, du moment où les sbires de l’homme d’affaires ne favorisent pas l’accès à lui. Jusque dans le luxueux hôtel de ville qu’il a bâti pour le peuple, à Pète-Bandjoun, le voir n’est pas chose aisée.

Cet édifice est en  tout cas, la preuve qu’il est un riche et qu’il partage. Dans les couloirs de la mairie, on loue les nombreuses routes qu’il a ouvertes dans son village, même si certains précisent que c’est pour aller dans ses champs, et les églises de toutes obédiences qu’il les a fait construire. Il est un contributeur majeur de la construction en cours de la future cathédrale de Bafoussam. La légende retient de Victor Fotso qu’il est un homme fortuné qui a beaucoup de femmes et autant d’enfants.

Dans le chemin de Hiala, uneoeuvre autobiographique qu’il a publié en 1994, en collaboration avec le Français Jean Pierre Guyomard, il retrace son parcours de vie. Sans convaincre de nombreux fouineurs, qui restent persuadés qu’il faut encore trouver la clef du « miracle Fotso ». « Fowato » de son nom de notable, est présenté comme un autodidacte bamiléké, né à Bandjoun en1926. Dans le petit village de l’époque, il ne passera pas beaucoup de temps avant d’aller à la conquête de la vie. Le moins qu’il faut en dire, c’est que les affaires lui sourient partout.

Pour qui a été très jeune ouvrier agricole à Bafang dans les années d’indigénat, il a raison de remercier le destin d’être devenu ce qu’il est. Lorsqu’il met le cap sur Mbalmayo, il entre très rapidement en concurrence avec les négociants grecs, français et pakistanais. Dans une série d’entretiens diffusés jadis sur la Crtv, la télévision nationale, il expliquait avec quelle malignité il s’était adjugé un immeuble lors d’une vente aux enchères en plein coeur de la « ville cruelle ». En 1955, il se lance dans le transport en commun qu’il quitte rapidement, en 1960. C’est qu’en 1956, il a construit un centre commercial en plein centre de Mbalmayo.

Le sens des affaires avait mûri. En 1970, il lance la Société Africaine de Fabrication de Cahiers (Safca). Puis en 1974, la Pilcam. Il fonde ensuite la Compagnie Internationale de Services (Cis) à Paris en 1983, avec le Français Jacques Lacombe. Décédé le 9 juillet 1996, ce dernier est crédité d’avoir contribué de façon significative à la construction du groupe Fotso, avec la mise en marche des sociétés comme Fermencam, Fabassem, Fishco, Gfa, Phytocam, Pilcam, Safca, Unalor, Sopicam et Proleg, la société spécialisée dans la production et la transformation du haricot vert. A cette liste, il faut ajouter la Commercial Bank of Cameroon, créée en 1997.

La politique des affaires

Présumée mêlée au détournement des fonds destinés à l’acquisition d’un avion présidentiel, la banque échappe au contrôle de ses créateurs. Des sociétés du portefeuille font l’objet de cessions. Le navire Fotso prend de l’eau. Devenu riche à l’époque d’Ahidjo, l’homme ne faisait pas de politique. Même au début du Renouveau. On l’accusa de financer l’opposition, ses « frères » de l’Ouest ayant créé des partis politiques.

« Le vendeur d’oeufs ne cherche pas la palabre », diton à Bandjoun. Pour protéger ses affaires, embarqué de force ou repu d’argent, selon qu’on est fan ou détracteur, il prend sa carte du Rdpc. Il fait partie du Cercle de Réflexion et d’Action pour le Triomphe de la Politique du Renouveau (Cratre), une association des personnalités bamiléké qui soutiennent Paul Biya. Membre titulaire du Comité Central depuis juin 1990, il se fera élire dès janvier 1996, maire de la commune rurale de Bandjoun.

Devenu faiseur de roi, il faut en dehors d’André Sohaing, être adoubé par lui pour occuper des fonctions électives dans le Koung Khi, un département créé dit-on pour le contenter. Mais son soutien à sa fille, l’avocate Florence Fotso, lors des élections législatives de mai 1997, se heurtera à la machine victorieuse du Sdf. Chef Paul Tchatchouang et Evariste Fopoussi Fotso se rendront à l’hémicycle ; la candidate mourut quelque temps après.

Il trône à la mairie qu’il a dotée d’un hôtel de ville de 4,16 milliards, monofinancé et où désormais sa fille, Nicky Love Maptue Fotso, le seconde. Les observateurs ont été surpris de ne pas voir son nom dans le récent classement des 25 milliardaires camerounais. Michel Lobe Ewane, rédacteur-en chef de Forbes Afrique, avait expliqué cette absence par les soucis que connaissent certaines entreprises du groupe Fotso. «Il faut reconnaître que le groupe a perdu considérablement pour toutes les affaires que vous connaissez.

Aussi bien la banque que les autres secteurs. Cbc pesait plus de 500 milliards en actifs… Nous avons fait une limitation sur le seuil qu’on a fixé à 100 milliards soit 200 millions de dollars», avait-il dit à Canal Presse. Dans ce classement critiqué à Bandjoun, le plus riche est Baba Danpullo, avec 920 millions de dollars. Paul Kammogne Fokam (900 millions), Samuel Foyou (407 millions), Famille Mukete (360 millions), Jean Samuel Noutchogouin (315 millions), Sylvestre Ngouchinghe (280 millions), Famille Sohaing (240 millions) et Joseph Kadji Defosso (205 millions) étaient en tête.

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