Naufrage en Méditerranée : Où sont les africains ?
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AFRIQUE :: Naufrage en Méditerranée : Où sont les africains ?

Comment savons-nous que les naufragés en Méditerranée sont des africains ? Parce qu’ils sont tous bronzés, très bronzés pour certains, et qu’ils viennent du sud, de l’autre côté de la mer. Aucun nom, aucune origine, n’a été divulguée. Il n’y a eu aucune réaction dans les pays africains concernant ces drames. A croire que les victimes ne viennent pas d’Afrique, et qu’ils n’ont existé pour personne.

Quand un ressortissant européen est pris dans une catastrophe, les autorités de son pays font ce qu’il faut pour obtenir des renseignements ou apporter leur aide. Il peut même y avoir des mobilisations de solidarité. Pour les Africains, rien. C’est le silence total dans les ministères dans l’ensemble du continent. Ils auraient même plutôt tendance à nier la présence de leurs ressortissants parmi les victimes, comme s’il s’agissait de quelque chose de honteux.

Encore une fois, on assiste, d’un côté, à un branle-bas de combat du monde entier face à la situation créée par les naufrages de migrants africains, et, de l’autre, à une passivité générale des responsables africains. Les ONG africaines sont, elles aussi, aux abonnés absents. Il n’y a eu aucune mobilisation, nulle part. Elles ne s’intéressent qu’aux futures élections dans leurs pays respectifs pour savoir qui sera leur futur président. Il est vrai qu’elles n’ont été créées que pour ça. Ce qui laisse le champ libre aux autres de décider pour les Africains ce qu’il faut faire à des Africains. Libre à eux de les accueillir ou de les faire couler en mer, cela n’empêchera personne de dormir. Si, demain, ils décidaient de construire un mur de la Mer Rouge à l’Atlantique, personne ne protestera.

Si le silence des chefs africains est indigne, celui des ONG, partis politiques et médias africains surtout, l’est tout autant. Eux seuls peuvent exiger de faire la lumière sur les vraies causes de ces catastrophes. La culpabilisation autour des naufrages, orchestrée par les médias, est dirigée tant vers les africains que les européens. Si les décideurs africains ne se manifestent pas, ceux de l’Europe, poussés par l’opinion publique, sont obligés d’agir dans l’urgence, et font du n’importe quoi, comme nous le constatons d’après les dernières décisions de Bruxelles concernant la prévention de ces naufrages. Pour y répondre, ils n’ont pas trouvé mieux que de proposer leurs bombes, comme ils ont répondu au virus Ebola par des contingents armés. Comment s’en étonner ?

Les décideurs de Bruxelles, ont-ils seulement conscience du ridicule de leur solution armée ? A moins qu’il n’y ait un trafiquant différent derrière chaque migrant, les fameux réseaux dont ils parlent, s’ils existent, ne devraient pas comporter, pour rester rentables, plus de quelques centaines d’individus répartis tout au long de la filière, c’est-à-dire, du rabatteur au fin fond de l’Afrique jusqu’au responsable de l’embarquement sur le bord de la Méditerranée. Ont-ils identifié une seule personne de ce réseau ? C’est peu probable.

Contre un ennemi réparti sur des millions de km2, ce qui représente moins d’une personne par 1000 km2, à quoi pourraient bien servir les quelques chars, hélicoptères ou avions dont ils disposent ? A rien, bien sûr, et ils le savent parfaitement. Le nouveau front ainsi créé doit avoir d’autres objectifs, tout comme ces autres fronts de coalition créés au Moyen-Orient qui sont sensés combattre d’autres ennemis improbables. Mais, tant qu’ils seront les seuls à décider de tout, pour tout, toute proposition qu’ils feront sera la bonne. C’est aux africains de dire non.

© Source : reseauinternational.net

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