Livre : Paul Biya fait saint
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Le livre de Pascal Messanga Nyamding, « Paul Biya, l’Etat et le Rdpc : scènes des enjeux de l’épreuve du pouvoir 1982 – 2015 », est une ode au président de la République.  

Ahmadou Ahidjo a-t-il volontairement ou été contraint à démissionner de ses fonctions de président de la république du Cameroun le 4 novembre 1982 ? S’il a été contraint à la démission, par qui donc ? Ces questions reviennent au goût du jour à la faveur de « Paul Biya, l’Etat et le Rdpc : scènes des enjeux de l’épreuve du pouvoir 1982 – 2015 », un livre de Pascal Messanga Nyamding, militant du Rdpc et enseignant d’université, paru aux éditions Dinimber & Larimber.

L’auteur reprend les thèses connues selon lesquelles Ahidjo manifestait des signes de lassitude et de fatigue après 22 ans de règne. Mais il relève également quelques faits et gestes qui peuvent au moins faire penser que le président Ahidjo a regretté son départ après coup. Le coup d’Etat manqué du 6 avril 1984 attribué au président Ahidjo et à ses partisans vient montrer au grand jour le conflit qui opposait le nouveau président à son prédécesseur. C’est qu’Ahmadou Ahidjo a certes quitté le pouvoir, mais en a gardé un des puissants leviers : l’Unc dont il reste le président national. Dès lors, le chef de l’Etat est fragilisé. Car, il est certes président de la République, mais ne dispose pas de l’impressionnant appareil que représente le parti unique.

L’alibi du conflit Biya - Ahidjo

Dès lors, le jeune Biya va déployer toute son énergie à essayer de récupérer l’Unc des mains de son fondateur. La tâche est ardue. Il y parvient en août 1983 lorsqu’à la faveur de la démission d’Ahidjo de la présidence de l’Unc, le vice-président Paul Biya en devient président. Il peut alors continuer de placer ses hommes. Une oeuvre qu’il avait commencée dès le remaniement ministériel de juin 1983. Contrairement à ses habitudes depuis qu’il dirigeait le Cameroun, Paul Biya n’a pas montré sa copie à son prédécesseur. La rupture est consommée. Le nouveau président  s’est émancipé.

Messanga Nyamding essaie, tout au long des 206 pages de son livre, de montrer les difficultés de début de règne du président Paul Biya. Sauf que l’auteur cède très vite à un militantisme à outrance et un biyaïsme qui frise quelquefois le culte de la personnalité et qui fait de son livre non pas un ouvrage scientifique, mais une oeuvre de propagande. Cette entreprise de canonisation du président Paul Biya par Messanga Nyamding trouve quelques limites à l’épreuve de bilan de ses 33 dernières années passées au pouvoir. Le conflit Ahidjo – Biya, la tentative de coup d’Etat du 6 avril 1984, la virulente opposition du début des années 1990, la crise économique et la dévaluation du franc Cfa ne peuvent pas tout justifier. Hélas !

© Le Jour : Jean-Bruno Tagne

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