Le Social Democratic Front, première formation politique de l’opposition au Cameroun fêtera son 25e anniversaire le 26 mai prochain. Une occasion pour le président de la région électorale du SDF Benelux de faire le point du chemin parcouru tout en évoquant l'actualité de l'heure au Cameroun et quelques perspectives.

Bonjour Monsieur Theodore POUFONG et merci de nous recevoir

Bonjour à vous et merci de l’attention habituelle que vous portez à ma personne et à la structure politique que je représente, le SDF, premier parti d’opposition au Cameroun. 

Vous étiez récemment au Cameroun. En tant que responsable politique, pouvez-vous nous faire un briefing sur l'actualité brûlante de l'heure ?

L’actualité au Cameroun est dominée incontestablement par les attaques répétées de la secte Boko Haram à l’extrême Nord du Cameroun principalement, à Fotokol et à Kolofata, avec comme conséquence des pertes en vies humaines, civils et militaires confondus, sans oublier la déstabilisation de toute la zone située autour du Lac Tchad. J’ai été ravi de constater qu’il y a eu une grande manifestation à Yaoundé contre les Boko Haram.
 
Parlant justement de Boko Haram, quelle est selon vous la meilleure solution pour barrer la voie à ces islamistes?

Tout en félicitant les soldats camerounais pour leur bravoure et leur courage, je pense qu’aujourd’hui, la solution est presque trouvée avec la mise sur pied d’une coalition des pays principalement touchés à savoir, le Tchad, le Nigéria, le Cameroun et même le Niger qui luttent nuit et jour contre Boko Haram. Malheureusement sur le plan interne nous continuons à regretter le choix du gouvernement de Monsieur Biya de ne pas consulter, ni écouter les forces politiques du Cameroun afin de rechercher les stratégies communes pour barrer la voie à ce phénomène de Boko Haram. 

Ailleurs, dans d’autres pays face à une crise, toutes les forces vives politique ou civil de la nation travaillent main dans la main avec le pouvoir. Voilà encore un acte d’action unilatérale qui n’améliore pas la transparence  dans la gestion de ce dossier qui concerne les camerounais de tout bord.

Parlant du SDF votre parti politique, Mme ELIZABETH TAMAJONG, après avoir assuré le secrétariat général du SDF pendant 9 ans, a récemment démissionné. Selon vous, en tant que président de la région électorale SDF de Belgique, qu'est ce qui expliquerait cette démission?

Le SDF- Europe et plus particulièrement le SDF-Belgique par ma modeste voix, remercie la camarade, le professeur Tamajong Elizabeth, pour les services rendus pendant toutes ces années. J´ai d’ailleurs eu l’honneur et le privilège de collaborer avec elle directement, aussi d’apprécier son dévouement et son attachement au SDF. Elle a été toujours en constante communication avec les structures extérieures de SDF. 

En tant que démocrate, je respecte sa décision et pense personnellement que certaines de ses revendications doivent être prises en considération lors de la prochaine convention du parti mais, vous comprendrez que je ne puisse la commenter car le SDF a des instances où chacun de ses militants peut se prononcer sur les questions concernant la vie du Parti.

Comme le Pr Siga Asanga, de regrettée mémoire, le Pr Tazoacha Asonganyi et le Pr Ndobegang. Mme  Elizabeth Tamajong  est le quatrième secrétaire général qui quitte ses fonctions en 25 années d’existence du SDF....

J’attire votre attention que bien avant, le Professeur Ndobegang qui avait succédé au Professeur Asonganyi que je respecte tant, le poste de Secrétaire Général de SDF était un poste électif. Suite à la démission du professeur Ndobegang, le professeur Tamajong Elizabeth était nommé par le Président National après consultation de membres de NEC. Ce sont des postes à haute responsabilité, mais il faut savoir que le NEC (Conseil National Exécutif de SDF dont je suis membre d’office) est à la suite de chaque processus de renouvellement rafraîchi à 80%. Ce n’est donc pas un problème du poste de Secrétaire Général, c’est plutôt la vie d’un parti démocratique.

Que répondez-vous à certaines langues qui disent que le SDF est passé à la caisse depuis qu’il a opté de dialoguer avec le pouvoir en place ?

Toute à l'heure j'évoquais le cas du chef de l'Etat qui s'engage dans la lutte contre Boko Haram sans se concerter avec les autres formations politiques du Cameroun. La construction d'un pays ne se fait pas de façon unilatérale. C'est avec l'apport de tous qu'on peut prétendre contribuer à l’édification d'une nation forte et prospère. Relisez un tout petit peu dans l'histoire des Etats-Unis, vous allez constater qu'à un moment donné dans ce pays, il y avait une forte ségrégation raciale. Martin Luther King, leader noir, a pu discuter avec le pouvoir en place aux USA. C'est tout à fait logique.

Plus proche de nous, et plus précisément en Afrique du Sud, l’ANC avait pu discuter avec le pouvoir d’apartheid à une certaine époque, et tous, nous avons vu ce que cela a donné dans la vie de la nation sud-africaine. Tout ceci est rendu possible parce que la politique veut que c’est à travers le dialogue que l’on puisse construire le consensus.

Le SDF est la première force de l'opposition au Cameroun. Tout comme plusieurs autres partis politiques, nous aspirons à prendre le pouvoir et nous ne devons pas traiter nos adversaires comme des ennemis. A ce jour, le pouvoir en place a compris que nous avons des projets politiques utiles à la construction de notre pays. C'est pour cela qu'il a compris qu’il peut parler avec nous pour faire du Cameroun un meilleurs pays.

Il se dit que le SDF est un parti fortement miné de l'intérieur...

Non, je ne crois pas. Le SDF a un objectif clair et une vision de la gestion qu’il propose et qui sont bien connus. Maintenant comme dans une grande famille, les moyens pour atteindre les objectifs sont permanemment discutés dans les structures du parti. C’est d’ailleurs le seul parti au Cameroun qui se permet de réunir fréquemment son Bureau National pour débattre sur les questions internes et externes au parti. 

Pendant mes séjours au Cameroun, j’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs grand dirigeants de notre parti en commençant par le Président National, son Excellence Ni John Fru Ndi, le Vice-Président de Assemblée Nationale, l’Honorable Mbah Ndam Joseph, la Secrétaire Générale qui vient de démissionner, trois Sénateurs du Grand-Nord, le Président régional de littoral, Monsieur Nitcheu et même deux dirigeants de la cellule SDF de Douala 4ème et bien sûr de mon village, Bagam-Galim. 

Lors de tous ces entretiens j’ai compris qu’il y a et qu´il y aura toujours des choses à améliorer dans le parti et voilà, c’est la démocratie. Je profite de cette occasion pour leur adresser mes sincères remerciements pour l’accueil qu’ils m’ont réservé et surtout pour nos franches discussions.

Le 26 mai prochain, le SDF aura 25 ans. Au Cameroun, des activités festives sont prévues. Qu’en est-il de la province électorale de Belgique dont vous êtes le responsable? 

Comme les autres composantes du parti, nous pensons organiser des activités pour commémorer cet anniversaire. Le programme sera rendu public dans les prochains jours. Déjà, je demande aux militants et pourquoi pas, aux grands dirigeants de mettre « la tolérance et la transparence » comme un des mots clés de cet anniversaire. 

Vingt-six ans après, quel regard jetez-vous aujourd'hui sur le Social Democratic Front ? 

Le SDF reste le parti par lequel l’alternance viendra. Nous vous avons promis le changement, aujourd’hui les libertés d’opinion avancent; le combat actuel est l’alternance qui viendra grâce à la lutte contre la pauvreté et l’amélioration dans l’organisation des élections transparentes. Les militant(e)s et sympathisant(e) devraient continuer à garder la patience et rester motivés comme moi. Après tout, grâce au SDF, il ya eu beaucoup d’amélioration au Cameroun sur le plan politique, social et économique. 

Merci

C’est moi qui vous remercie