LA FRANCE PEUT-ELLE VIDER SON CONTENTIEUX HISTORIQUE AVEC LE CAMEROUN?
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Le général De Gaulle est sans doute vénéré en France pour avoir organisé  la résistance Française face à l'envahisseur nazi. Mais en Afrique et principalement au Cameroun, il n'est rien d'autre qu'un assassin, un génocidaire  et pilleur de richesses.

En effet, les Camerounais tiennent la France pour responsable du retard économique de leur pays car c'est bien le Général De Gaulle  à travers le réseau Foccart qui a torpillé la combat des nationaliste camerounais, introduit le Franc CFA au Cameroun, assassiné tous les leaders nationalistes qui se battaient pour l'indépendance du Cameroun, organisé le génocide Camerounais…

Depuis lors, la France s'est réfugiée dans le déni allant même jusqu'à prétendre que la colonisation a été un bonne chose pour les  Africains en ce qu'elle leur a permis d'avoir accès à l'école et la médecine occidentale. 

Aujourd'hui, un autre fait qui choque les Camerounais, c'est de savoir qu'une bonne partie de leurs avoirs extérieurs nets (50%) est déposée dans un "compte d'opérations" ouvert auprès du trésor Français.

Cependant, ce qu'on n'a pas souvent expliqué à nos compatriotes c'est que cette disposition avait été prise afin de fournir une garantie de convertibilité illimitée à cette zone CFA et que la BEAC et la BCAO bénéficient auprès du trésor Français d'un droit de tirage illimité en cas d'épuisement de leurs réserves en devises.
Par ailleurs, Les dépôts obligatoires effectués par ces Banques Centrales de la Zone CFA bénéficient d'un certain nombre de conditions avantageuses : d’une part, ils sont protégés contre les fluctuations monétaires, puisque leur valeur est garantie par rapport aux Droits de Tirages  Spéciaux. D’autre part, ils sont rémunérés par le Trésor français au taux avantageux de la facilité de prêt marginale de la Banque Centrale Européenne.

Quoiqu'il en soit, excédée par ce qu'elle considère comme un autre abus, une bonne frange de la population Camerounaise pense qu'il faut quitter purement et simplement la zone CFA et créer une monnaie nationale. Mais, le problème qui se pose c'est que le Franc CFA est aujourd'hui surévalué par rapport au niveau réel des économies des pays de cette zone monétaire.

Les économistes s'accordent à dire que son niveau réel devrait être de 1 euro pour 1500 FCFA. Vouloir créer une monnaie dans des conditions pareilles avec une économie qui dépend essentiellement des importations ne serait-il pas  de la pure folie?
Vilipender également la France à longueur de journée dans les médias n'est pas une solution.

Que faut-il faire? 

Il faut tout d'abord préciser que l'article 17 de la convention de coopération monétaire signée à Brazzaville le 23 novembre 1972 entre les Etats membres de la zone CFA et la France dispose que:" Tout Etat signataire peut dénoncer la présente Convention. Cette décision prend effet à compter de la date de sa notification à l’Etat dépositaire. La négociation des arrangements nécessaires sera entreprise immédiatement entre les Etats signataires à la diligence de l’un quelconque d’entre eux.

L’application de la Convention de Compte d’opérations prévue à l’article 9 ci-dessus
Est suspendue de plein droit à compter de la date de cette notification, en ce Qui concerne cet Etat". 

Donc, le Cameroun peut très bien quitter la zone CFA s'il le souhaite.
Cependant avant de s'attaquer à la question du Franc CFA, nous devons d'abord commencer par engager des réformes structurelles profondes de notre pays sur tous les plans (économique, culturelle, social, politique, éducatif…), résoudre le problème de la mal gouvernance qui caractérise le Cameroun depuis l'avènement du "renouveau national", savoir rentabiliser nos ressources humaines et savoir faire confiance à notre expertise nationale.

Comment pouvons-nous expliquer que la majorité des ingénieurs Camerounais résident en Allemagne? Que les meilleurs des médecins Camerounais résident en Belgique et en Angleterre? Que les meilleurs enseignants Camerounais résident en France, aux Etats-Unis et en Afrique du Sud?

Le Cameroun forme à l'école polytechnique de Yaoundé chaque année des centaines d'ingénieurs en travaux publics, pont et chaussées…
Comment expliquons-nous que pour construire un simple pont (fut-il sur le Wouri) que nous nous endettions auprès de la France et que nous fassions appel à l'expertise extérieur?

Nous disposons d'un laboratoire de génie civil et du génie militaire, pourtant, pour construire nos routes, nous allons chercher l'expertise étrangère et nous nous endettons pour acheter des matériaux comme la pouzzolane et le goudron que nous avons chez nous en abondance.
Est-il normal qu'on meurt encore du paludisme au Cameroun alors que son traitement total coûte à peine 1500 FCFA (soit 1,5 euros)? 
Le Cameroun dispose des ingénieurs mines spécialisés dans les industries extractives. Est-il normal que ce soient les coréens qui viennent extraire notre or et notre diamant?

La compagnie aérienne de Guinée Equatoriale vient de passer une commande de dix avions Airbus neufs pour sa flotte. Nous au Cameroun, nous avons un vieux Boeing qui constitue l'unique avion de notre compagnie aérienne. Est-ce normal?

Même le football qui restait notre motif de fierté est devenu le temple de la maffia. Est-ce aussi à cause des Français?  
Est-il normal qu'avec toutes les terres cultivables et fertiles dont dispose le Cameroun que nous soyons incapables d'atteindre l'autosuffisance alimentaire au point de bénéficier de l'aide alimentaire du fond mondial pour l'alimentation?

La question du Franc CFA est certes  préoccupante parce qu'il s'agit d'une monnaie d'asservissement mais avant de décider d'en sortir, un certain nombre de conditions doivent être remplies aux rangs desquelles: la bonne santé de notre économie et la bonne gouvernance. Sinon nous allons simplement précipiter le Cameroun dans la pauvreté plus qu'il ne l'est aujourd'hui. 

Notre pays est aujourd'hui une vaste bananeraie parsemée de constructions anarchiques et ne disposant ni plan de développement, ni plan d'urbanisation, ni politique économique…

Est-ce dans ces conditions que nous devons vraiment aller vers la création d'une monnaie nationale?

© Correspondance : Jean-Marie Moukam, Bruxelles.

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