« Je n’étais pas là, je n’ai rien fait, je suis blanc, c’est la faute des autres, de certaines tribus, de certaines régions. Rassemblons-nous, soyons unis, agissons ensemble, attaquons et exigeons, et nous prendrons ou reprendrons le pouvoir, nous aurons la plus grande part du gâteau. Les voleurs, les violeurs, les détourneurs et les méchants qui gâtent ce pays, on les connaît, ils ne sont pas de notre village ou de notre région ».

Voilà à peu près les éléments de langage, qui nous inondent, avec surprise, choc, regrets et même incompréhensions. Il est absolument pitoyable de constater que des personnes qui il y a seulement quelques mois, comptaient parmi les piliers, les dignes fils et filles qui constituent les piliers de la république, sèment aujourd’hui la discorde, le feu, l’anarchie et la haine tribale.

Personnellement, je me demande ce que papa dit à ses enfants, et comment sa famille, son épouse et ses amis le regardent, le considèrent. Après ces voltiges. Il y a dans le jeu qui s’étale devant nous dorénavant, un peu de mélange de filouterie, d’irresponsabilité, d’inconscience et de profonde naïveté. Je ne saluerai jamais ces conduites comme relevant de l’ingéniosité politique. Au contraire, tout cela m’inspire une profonde pitié au-delà de l’appréhension logique d’une démarche grégaire, reptilienne et prédatrice. Le dégout est total.

De belles images montrant des foules en furie contre un maire, ou encore contre su Sous-préfet, un haut commis de l’Etat, ne nous honorent point, et ne grandissent pas les supposés bénéficiaires dont le parcours politique et l’aisance matérielle, demeurent tributaires de l’histoire, du passé et des réalités d’un système dont nous sommes tous les produits. J’entends dire que certains se sont préparés depuis, et alors ?

NON, NON, NON et NON, mille fois NON. Ne vous amusez plus à tromper les enfants, à instrumenter des vendettas contre les symboles humains et matériels de l’Etat providence qui balbutie encore sur les chemins d’une stabilisation et d’une consolidation. Il faut être un politicien vraiment nul, pour croire qu’il suffit d’enlever son costume de ministre, de replier au village pour exciter les foules comme démonstration de popularité, preuve de virginité et garantie de compétence pour être président de la république. S’il existe une recommandation quasiment divine commune à toutes les cultures, civilisations et valeurs dans les rapports humains de toutes natures, c’est la reconnaissance qui résulte de la loyauté, de la fidélité, l’humilité et de la réserve dans la critique. Ne crachez jamais dans l’assiette qui vous a nourrit, et ne rejetez jamais la main qui un jour vous a tenu pour franchir la rivière. 

L’actualité de notre pays connaît un temps de saletés indignes secrétées par quelques individus de petite vertus, de grandeur aléatoire et de morale basse. Certaines agitations font pitié, quand on sait d’où viennent les auteurs, et quand on entend ce qu’ils chantonnent comme ambitions, accusations stériles, mensonges et médisances. Ceux qui croient que crier beaucoup, hausser le ton et proférer des menaces servent leur cause, ne se sont jamais autant trompés, et surtout, ne se doutent pas de leur degré d’ignorance de l’environnement politique, tout comme de la signification d’un Etat et du sens premier de la république. Certes, quand un bateau prend l’eau et dandine, certains passagers sautent vite dans la mer, en criant à la mort. Mais hélas, il ce ne sont pas tous les bateaux qui dandinent qui coulent, ou encore, le propre de l’Etat républicain, c’est de vaciller pour mieux ordonnancer ces orientations nouvelles et programmations stratégiques. Il n’existe aucun futur sans secousses et aucune réussite ni triomphe élogieux sans moments difficiles. Le destin des nations suit cette logique.

Aux politiciens et intellectuels de l’apocalypse tout comme ceux des basses planifications régionalistes, il faut leur enseigner les vertus de la loyauté transcendantale, celles qui échappent aux tentations du déni, de la roublardise, de l’intolérance, du mensonge ainsi que des inquisitions qui surviennent après certains repas. Quand on a trempé sa main dans l’assiette, il est difficile de se débarrasser complètement des traces, et encore plus difficile de méconnaître la couleur de celle-ci, et d’essayer de se départir l’identité et de la moralité des convives.

Que celui qui peut comprendre comprenne, sinon, ses malheurs futurs s’en chargeront. C’est une alerte nationale maximale, pour une extraordinaire leçon d’honnêteté, de méditation, et de médiation dans la construction de notre destin individuel et collectif, bien au-delà d’une élection présidentielle qui représente seulement un moment du parcours./.

Yaoundé, le 1er septembre 2025

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