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© AFRIKSURSEINE : Ecrivain;Romancier Calvin DJOUARI
- 29 Jul 2025 16:42:31
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CAMEROUN :: LA DECLARATION IRONIQUE DE MAMADOU MOTA DEVANT L’ELIMINATION DE MAURICE KAMTO :: CAMEROON
Dans une déclaration mêlant lucidité politique, indignation maîtrisée et ironie mordante, Mamadou Yakouba, porte parole du MRC, réagit à l’éviction de Maurice Kamto de la présidentielle de 2025. Dès les premières lignes, l’auteur feint la surprise avec une formule révélatrice , « stupéfaction, mais sans grande surprise », qui souligne l’évidence d’un scénario attendu, où les règles du jeu démocratique semblent systématiquement faussées. Ce rejet, loin d’apparaître comme un incident juridique, est présenté comme l’aboutissement logique d’un théâtre électoral verrouillé par des institutions perçues comme inféodées au pouvoir. Sous des apparences de consternation, le texte dévoile une critique acerbe d’un système électoral biaisé, maquillé en procédure républicaine, tout en appelant les citoyens à une résistance pacifique mais résolue. Cette lettre, à la fois dénonciatrice et non mobilisatrice, invite à lire au-delà des mots, dans les interstices de l’ironie, la profonde crise de confiance qui mine l’idéal démocratique. Maurice Kamto, désormais évincé, laisse derrière lui un MRC orphelin, dont le destin semble désormais entre les mains de son ancien mentor.
Mamadou Yakouba manie l’ironie avec finesse pour commenter l’élimination de Maurice Kamto de la course présidentielle. Lorsqu’il dit dès le début de sa lettre : « c’est avec stupéfaction », il exprime une forme de résignation lucide : « sans grande surprise ». Cette double posture installe un climat d’indifférence envers les institutions électorales, notamment Elecam, déjà présentée comme un « chargé de mission du régime-RDPC ». Le discours s’enracine ainsi dans une logique de délégitimation du processus électoral, accusé de partialité et de manipulation. L’auteur accuse les autorités d’avoir « tripatouillé en mondovision » les données officielles pour invalider la candidature de Kamto, mettant en cause directement le ministre Atanga Nji. Il y a toutefois un rééquilibrage stylistique grâce à l’usage d’un vocabulaire politique précis. On note néanmoins des incursions dans un langage ouvertement polémique, à travers des termes comme perfidie, grossièrement, usurpateurs ou chaos. L’indignation se manifeste clairement dans la phrase : « nous n’avons pu imaginer que cet organe pourrait aller aussi loin dans la perfidie », ou encore : « Si nous ne sommes pas surpris par cette décision, au regard de l’attitude partisane d’Elecam… ». Pourtant, l’auteur ne cède pas à la colère violente. Il adopte plutôt le ton d’un fils qui, sans frapper, réprimande un individu ayant manqué de respect à son père, une indignation contenue, mais profondément significative.
La dénonciation est ici double : elle vise à la fois le fond juridique de la décision (le motif de la pluralité d’investiture) et la forme manipulatoire de sa mise en œuvre, assimilée à une falsification volontaire. Une dénonciation qui ressemble davantage à un feu de paille, ou à un feu de cendre. L’auteur adopte une posture épistémique avec des formules comme : « nous avons constaté », « tout le monde a vu », et exprime son indignation à travers un lexique axiologique : « perfidie », « sans honte », « de manière grossière ». La tonalité est indignée, grave, combative, mais pas véritablement mobilisatrice. Mamadou Yakouba en appelle à la responsabilité citoyenne, sans pour autant inciter à une action collective immédiate. Il se limite à réveiller une conscience civique, tout en dénonçant une injustice électorale. C’est une rhétorique de crise, typique des discours d’opposition. Le vocabulaire utilisé n’est pas ouvertement polémique. Les termes « perfidie », « usurpateurs », « chaos » traduisent un sentiment de trahison nationale, mais sans susciter une réelle revendication militante. Cette indignation morale ne s’appuie pas sur des figures d’exagération ou d’hyperbole, comme le ferait par exemple un discours de la BAS (Brigade anti-sardinards) pour souligner l’ampleur du scandale. Le registre n’est pas seulement politique, il devient presque souple, avec une vision dichotomique : d’un côté, les défenseurs du peuple ; de l’autre, les saboteurs de la démocratie. Mamadou, en réalité, s’arrête devant un blessé qui gît dans son sang et lui demande de supporter une douleur qu’il a lui-même provoquée. C’est pourquoi, dans ce contexte alarmiste, il reste équilibré par une volonté d’apaisement : le MRC « appelle à rester calmes mais mobilisés ».
Le discours se garde ainsi de tout appel à la violence, préférant le recours légal (via le Conseil constitutionnel) à la confrontation directe. Mamadou fait ici preuve d’une véritable maîtrise de la science politique, voire d’une certaine technicité stratégique. Sa lettre s’enrichit d’images fortes. Les mots qu’il emploie, loin de constituer un lexique purement accusatoire, doivent parfois être lus à contre-sens. Il adopte un style politico-littéraire classique, marqué par la sobriété et l’équilibre. C’est à ce moment qu’il assume pleinement sa légitimité en tant que nouveau chef du parti MRC. Au-delà de la dénonciation, le texte cherche subtilement à délégitimer l’attitude de Maurice Kamto devant le MRC. En soulignant de manière implicite son infidélité ou sa défaillance, Mamadou construit l’image d’une opposition plus responsable, dont il serait désormais le garant. Il se positionne comme le véritable détenteur du socle militant actuel. L’espoir est placé dans « le sens élevé de l’intérêt de la Nation », présenté comme un ultime appel à la conscience des juges constitutionnels. Mais cet appel est profondément ironique, car il sait que cela n’aboutira probablement pas.
Même si le discours se conclut sur une exhortation à l’unité des forces du changement, l’expression « chacun joue le sien » résonne comme un slogan creux, sans véritable fondement, renvoyant à une responsabilité individuelle dans un destin collectif flou. Ce n’est donc pas un message fondamentalement politique, mais plutôt une sorte de dernier mot lancé dans un contexte tendu, sans conviction profonde dans la possibilité d’un changement immédiat. A travers cette déclaration, sous l’effet d’une solidarité apparente et de dénonciation mesurée, Mamadou Yakouba semble avant tout avoir assisté, en spectateur habilement subtile, à la chute politique de son ancien camarade. Sa lettre, loin d’incarner une mobilisation sincère ou une défense acharnée de Maurice Kamto, se lit davantage comme une prise de distance froide et stratégique, presque calculée. Derrière les formules prudentes et les appels à la paix, se dessine le portrait d’un homme qui n’a pas cherché à secourir un allié en détresse, mais plutôt à occuper l’espace laissé vide. En choisissant de ne pas transformer son indignation en action, Mamadou Yakouba laisse entendre que la fin politique de Kamto est inévitable… et peut-être même souhaitable. Ce texte ne célèbre pas la résistance, il accompagne, avec élégance mais sans chaleur, un enterrement politique discret.
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