Jeunesse camerounaise et miracle de la générosité : 40 millions FCFA pour Paul Biya en 48h
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Jeunesse camerounaise et miracle de la générosité : 40 millions FCFA pour Paul Biya en 48h :: CAMEROON

Dans un pays où le salaire minimum peine à couvrir les besoins élémentaires, la dernière mobilisation financière en soutien à Paul Biya intrigue autant qu’elle fascine. En moins de 48 heures, 40 millions de francs CFA ont été récoltés par une jeunesse souvent décrite comme désabusée, précaire et désengagée. Ce geste, aussi surprenant qu’énigmatique, soulève de nombreuses interrogations sur les ressorts de la philanthropie politique au Cameroun.

Difficile de ne pas être interpellé par cette démonstration soudaine de générosité. À raison de 500 à 1 000 francs CFA par jeune, il faudrait mobiliser entre 40 000 et 80 000 contributeurs. Cela équivaut, pour certains, au sacrifice d’un repas quotidien, d’un ticket de transport ou d’une recharge internet. Et pourtant, l’argent est sorti des poches. Ou du moins, est apparu. Comme par enchantement.

Il serait naïf de croire à une génération spontanée d’aisance financière. Le contexte économique reste tendu : chômage des diplômés, stages non rémunérés, loyers difficiles à honorer. Dans ces conditions, la générosité affichée pourrait relever autant du symbole que de la stratégie. Une quête de visibilité ? Une forme de ralliement ? Ou peut-être une manœuvre orchestrée pour donner une illusion d’élan populaire ?

Ce geste spectaculaire révèle surtout une vérité crue : au Cameroun, la politique est un théâtre où l’apparence vaut parfois plus que la conviction. Donner, c’est exister ; contribuer, c’est être vu. À défaut d’un engagement massif dans les urnes, l’implication financière devient une nouvelle forme d’expression. Elle suscite le doute, irrite, amuse… mais elle existe.

Cette jeunesse, que l’on dit souvent absente du débat politique, se trouve ici au cœur d’un paradoxe. Entre précarité réelle et mobilisation virtuelle, elle incarne un malaise latent : celui d’une génération à la recherche de sens, de reconnaissance et, peut-être, de pouvoir même symbolique. Si elle ne vote pas toujours, elle sait envoyer un message, aussi déroutant soit-il.

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