L’État de droit bafoué – Le défi insolent du maire de Douala 3e face à la justice
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Valentin Epoupa Bossambo, attendu le 18 décembre, transforme une décision de justice définitive en une parodie judiciaire de plus d’une décennie.

L’audience du 20 novembre dernier au tribunal de première instance de Ndokoti a tourné à la farce judiciaire. Convoqué pour répondre de son refus d’exécuter deux arrêts définitifs de la cour d’appel du Littoral, le maire de Douala 3e, Valentin Epoupa Bossambo, a une nouvelle fois brillé par son absence. 

L’explication fournie par son avocat, la recherche d’une place de parking, a ajouté l’insulte au mépris devant plus de 300 citoyens présents. Ce scénario n’est pas le premier : une audience précédente le 16 octobre avait déjà été expédiée en cinq minutes pour le même motif.

Le cœur du litige : un droit à la retraite dénié depuis 13 ans

L’affaire oppose depuis 2012 la mairie de Douala 3e à son ancien employé, Jean Fotso. Deux arrêts de la cour d’appel du Littoral, les n°408/5 du 24 octobre 2012 et 170/5 du 4 mai 2012, ont reconnu de manière définitive et irrévocable ses droits à la retraite. Pourtant, sous l’autorité de M. Bossambo, la mairie a systématiquement refusé de s’exécuter, en dépit des injonctions administratives et judiciaires répétées.

Un mépris systématique et documenté de la procédure

Le parcours de ce dossier est un catalogue de manœuvres dilatoires et de défiance ouverte :
· Citations sans suite : Une citation directe lui a été notifiée par huissier dès le 18 septembre 2025 pour une comparution.
· Interventions ignorées : Les autorités administratives du Littoral et le procureur près la cour d’appel sont intervenus par courriers, restés sans réponse.
· Promesses non tenues : L’avocat de la partie civile a reçu à plusieurs reprises des assurances verbales du maire, jamais concrétisées.
· Tentative de réouverture indue : Selon des sources, le maire aurait même tenté de rouvrir le débat sur cette affaire jugée, en adressant une correspondance au conseil de M. Fotso.

Cette attitude est en contradiction flagrante avec le parcours professionnel présenté par le maire, un ingénieur statisticien ayant occupé de hautes fonctions dans l’administration camerounaise, où la rigueur et le respect des procédures sont pourtant supposés être la règle.

Au-delà de l’anecdote : un précédent gravissime pour la démocratie

Cette affaire dépasse largement le litige personnel. Elle pose une question fondamentale sur la nature de l’État camerounais.
Si un élu, garant de l’ordre public et de la loi sur son territoire, peut impunément narguer l’autorité judiciaire, que reste-t-il de l’État de droit ? 

Des observateurs juridiques s’inquiètent de l’impact d’un tel comportement sur la confiance des citoyens envers les institutions. Il envoie un signal désastreux : celui de l’existence d’une caste au-dessus des lois, capable de réduire à néant plus d’une décennie de procédure.

Le rendez-vous du 18 décembre 2025 : dernier test de crédibilité

Le maire est de nouveau attendu le 18 décembre 2025 à 7h30 au tribunal de Ndokoti. Ce rendez-vous est désormais un test crucial pour la justice elle-même. Le juge, Pomte Kadia, qui a déjà dû constater plusieurs absences, dispose d’outils coercitifs, comme un mandat d’amener, pour faire cesser ce défi. La crédibilité de l’institution judiciaire est en jeu : saura-t-elle imposer le respect de ses propres décisions face à un élu récalcitrant ?

L’affaire Fotso n’est plus un simple contentieux administratif. Elle est devenue le symbole de l’impunité qui ronge les fondements de la république. Le 18 décembre, la justice ne doit pas seulement juger du non-paiement d’une pension ; elle doit juger si la loi est égale pour tous. Les citoyens de Douala 3e, et au-delà tous les Camerounais, ont les yeux braqués sur Ndokoti. Ils attendent de voir si leur pays est une démocratie où la justice prévaut, ou le théâtre d’un pouvoir local qui se croit intouchable.

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