Sa Majesté Nguepnang Njomgang Arouna: « Le Sultan Roi des Bamoun est notre père adoptif »
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Chef du village Njinbouot-Fongué sur la rive gauche du Noun, région de l'ouest Cameroun. Il affirme son allégeance à l’autorité incarnée par Ibrahim Mbombo Njoya et milite pour une cohabitation pacifique des populations sur la rive gauche du Noun.

Sa Majesté, présentez-nous la chefferie à la tête de laquelle vous-êtes installé depuis quatre 2014 ?

Je suis Sa Majesté Nguepnang Njomgang Arouna. J’ai 45 ans. Les villages de la rive gauche du Noun sont des villages Bamiléké. Nous avons des statuts atypiques. Nous sommes ici depuis les débuts des années 1920. Nous sommes comme des enfants issus d’une double paternité. Pour ce qui concerne ma chefferie, mon père natal c’est le Roi des Batoufam ; mon père adoptif, c’est le Roi-sultan des Bamoun. Le père natal tient à ce que ce village soit un village qui respecte les normes traditionnelles, le père adoptif, lui, nous donne beaucoup d’amour pour grandir. Le chef Fongué fondateur de cette chefferie était un grand guerrier à Batofam du temps du Roi Fotso David à Batoufam. Il était grand notable du nom de Webo Fongué. Il a guerroyé contre les Bayangam et les Bandjoun qui voulaient envahis à Batoufam. Il a combattu des ennemis pour sauvegarder l’intégrité du village Batoufam. Il a manœuvré aussi en sa qualité de traducteur au tribunal de Dschang pour que le Roi Fotso David échappe à la prison de l’administration coloniale quand les Bayangam et les Bandjoun décident de porter plainte contre le souverain traditionnel des Batoufam dans le cadre des litiges fonciers qui les opposaient. Le Roi Fotso David, menacé à l’époque, s’est réfugié à Foumban-Fontain où il fit un enfant. Le descendant de cet enfant est chef dans l’un des villages de Malantouen. Après l’issu de ce procès favorable à la cause défendue par le Roi des Batoufam, il demanda au Roi Fotso David de rentrer à Batoufam. Lors du retour du Roi Fotso David au village, le chef Fongué mobilisa les populations de l’actuel péage de Batoufam jusqu’à la chefferie supérieure pour un accueil triomphal. Satisfait de cette mobilisation, au moment de l’installation des chefferies autonomes Bamiléké sur la rive gauche du Noun, le Roi David fit de lui Fongué, chef des armes. Il met à sa disposition 300 hommes au rang desquelles 20 femmes dont trois de ses filles. Fongué part de Batoufam pour venir s’installer à la rive gauche du Noun et installe sa première chefferie à Felon. Là, il perd environ 30 pour 100 de sa population et déménage pour venir sur le site actuel non loin de la chefferie Bamougoum 2 ou Kwetvu. Nous avons ici toutes les cases des chefferies. Nous avons des lieux sacrés. Nous faisons des rituels sur place. Les enfants partent de l’Europe pour revenir se ressourcer ici. Au moment de mon intronisation en 2014, j’ai été mis au Laakam par des notables Batoufam et encadré par les notables Bamoun. Quand les notables Batoufam me sortent du Laakam, ils remettent entre les mains des notables Bamoun qui me présentent au sous-préfet. Je suis là pour enlever les mains sur les joues des mamans et papas qui attendaient leur chef. Je suis le troisième chef de Njinbouot-Fongué.

Quel est votre vision en matière de gestion de cette chefferie placée sous votre responsabilité ?

Quand je sors du Laaakam. J’ai rencontré plusieurs chefs de diverses localités. Une chefferie fonctionne avec quatre gestions. La gestion administrative qui est celle des populations et des terres en collaboration avec l’administration ; la gestion familiale, où le chef gère la famille avec des chefs de famille. Son devoir est de voir comment ses enfants doivent se retrouver pour avoir des liens sur le plan familial et comment se développer pour affronter avec succès les épreuves de la vie. La gestion coutumière qui postule aux habitudes que le chef commence à introduire dans sa gestion. En fait, le chef gère la partie coutumière avec les princes et notables. Comment faire que les enfants pour appeler de gestion coutumière nous faisons allégeance au sultan Roi des Bamoun comme dans le Noun, tout le monde sait que le sultan Roi des Bamoun est le chef coutumier. Nous rentrons chez nos aïeux pour d’autres rites. Comme certains Bamoun rentrent chez les Tikars pour certains rituels. Sur le plan ancestral tout le monde rentre à la souche. Quand le père adoptif aime ses enfants les enfants natifs sont jaloux. Un père reste un père. Il doit savoir trancher quand c’est enfants sont en conflits. Nous n’allons pas baisser les bras, nous sommes dans la rive gauche l’arrondissement de Foumbot, dans le département du Noun et dans la région de l’Ouest. Nous travaillons pour la prospérité. Vous ne pouvez pas prendre la place qui n’est pas la vôtre. Il y a aussi la gestion traditionnelle. Dans la tradition, on ne ment pas. Ce n’est pas possible. Les traditions reposent sur trois dimensions : mystico-ésotérique, spirituelle et socio-économique. Quand un chef a tout ça, il ne ment pas. Il croit aux lois de la nature. Leur violation entraine des sanctions, quelque soit le statut de l’auteur de l’infraction. Il n y a pas de puissant face aux lois de la nature. Elles sont justes, incorruptibles et irréversibles.

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