Prison centrale de Yaoundé : Mutinerie de Kondengui, 10 jours après
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Les familles et les avocats de la grande majorité des 177 détenus exfiltrés après les évènements de lundi 22 juillet restent sans nouvelles au moment où les rumeurs les plus folles circulent.

L'onde de choc de la mutinerie de la prison centrale de Kondengui, lundi 22 juillet dernier continue de se propager. Dix jours après cette secousse, est-on en mesure de dire ce qui s'est passé dans l'un des plus grands pénitenciers du Cameroun ? Quelles sont les suites de ces évènements dont le bilan est loin d'être consolidé ? Le bilan connu fait état d’importants dégâts matériels enregistrés, dont l’incendie de la bibliothèque de la prison, de l’atelier de couture des femmes et du bureau du responsable de la discipline des détenus, ainsi que le pillage des petits commerces internes au pénitencier.

Le bilan fait aussi état de deux blessés, l'ex Premier ministre Inoni Ephraim et l'ancien ministre de la Santé publique, Urbain Olanguena Awono.Qui en sont les auteurs ? Sont-ils identifiés ? D'après nos informations, l'exploitation d'environ 200 détenus arrêtés dans la foulée de la mutinerie se poursuit dans différentes unités de police et de gendarmerie. Le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi a avancé le chiffre de 177 détenus interpellés parmi ceux que le gouvernement considère comme des meneurs de la mutinerie. « 177 détenus repérés parmi les meneurs ont été interpellés et sont, à l’heure actuelle, en exploitation dans les services de la police et de la gendarmerie », avait indiqué le Mincom.

Polémique

Mais les suites de la mutinerie ont aussi pris les allures de polémique sur le traitement jugé dégradant infligé aux détenus arrêtés et exfiltrés de la prison. Mandela Center, Centre international d'assistance pour les victimes d'injustices sociales, de violations des droits de l'homme et de torture vient de monter au créneau dans un communiqué signé avant hier 30 juillet par le secrétaire exécutif permanent, Jean Claude Fogno indexant des "disparitions forcées et graves tortures" suite à une mutinerie "dans les prisons camerounaises" de Yaoundé et Buea. Le portail des camerounais de Belgique. Mandela Center "Condamne, avec la toute dernière énergie, cette répression sauvage et barbare dont continuent de faire usage les autorités camerounaises; Demande, avec une extrême fermeté, aux autorités camerounaises de mettre immédiatement un terme à cette stratégie visant à faire régner la terreur au sein de la population ; Exige, avec détermination, une enquête internationale pour faire la lumière sur les atrocités commises à la suite des mutineries dans les prisons camerounaises; Rappelle, clairement aux autorités camerounaises l’obligation de prendre les mesures nécessaires pour tenir pénalement responsables tous les auteurs de cette disparition forcée, les ordonnateurs ou les commanditaires ainsi que les complices; Recommande vivement aux organisations des droits de l’homme oeuvrant au Cameroun de jouer à fond leur rôle face aux violations généralisées des droits de l’homme; Avise, enfin, l’opinion, que Mandela Center International vient de saisir le Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées créé par la Commission des droits de l'homme dans sa résolution 20 (XXXVI) du 29 février 1980."

Lenteurs judiciaires

L'inquietude de Mandela Center est partagée par les avocats des détenus interpellés : "Toujours aucune nouvelle des autres détenus en dehors de Mamadou Mota. Malgré toutes nos démarches amiables et épistolaires", déplore un avocat membre d'un collectif de défense de détenus arrêtés, se confiant hier au Jour. Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) donne lui aussi de la voix pour alerter l'opinion publique nationale et internationale sur les suites de la mutinerie du 22 juillet en ce qui concerne notamment ses cadres et militants détenus dans le pénitencier : « Les nouvelles qui nous parviennent relatives à l’état de santé du 1er vice-président du Mrc M. Mamadou Yacouba Mota, séquestré au SED, ne sont pas du tout rassurantes. L'info claire et nette. Elles sont d’ailleurs très inquiétantes », s'est alarmée la vice-presidente du parti, Tiriane Noah lundi dernier lors d'une conférence de presse au siège du Mrc à Odza à Yaoundé. Elle a ajouté : « Nous prenons à témoin l’opinion nationale et internationale que nous tiendrons M. Biya Paul et son régime entièrement responsables de ce qui arrive à notre 1er vice-président ainsi qu’à 23 autres militants du Mrc qui ont été violemment enlevés de la prison centrale de Kondengui, puis maltraités ».

Le 22 juillet dernier, une mutinerie a éclaté à la Prison centrale de Kondengui Yaoundé et menée par des détenus en détention provisoire dans le cadre de la crise anglophone qui secoue les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest. Ces détenus ont pris possession de la cour de la prison pour dénoncer la surpopulation carcérale, les lenteurs judiciaires et les conditions de détention jugées inhumaines. Sans doute en réaction, un document interne portant une signature attribuée au ministre d'État chargé de la Justice, Laurent Esso, adressée en date du 30 juillet aux présidents des 10 cours d'appel les invite à des suggestions sur les lenteurs judiciaires. Selon Mandela Center, 6000 personnes sont incarcérées à la prison de Kondengui avec une capacité d’accueil de 1500 personnes, et 5000 sont en détention provisoire, en attente de jugement.

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