Les prisonniers du président - Désiré Jiometio Nzokou : Condamné pour avoir vu Kamto
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Incarcéré à la prison centrale de Yaoundé, ce jeune homme est reproché d’être présent au moment de l’arrestation du leader du Mrc.

Il y a des jours ou rien ne semble fonctionner selon nos attentes. On pense même que la guigne nous suit ce jour. Peut-être encore mieux elle était collée à notre chemise. Quand on pense à l’adage africain qui dit, « on vit journellement de l’imprévu car on ne sait pas ce qui nous attend », cela s’explique évidemment. C’est le cas de Désiré Jiometio Nzokou. Sorti pour vaquer à ses occupations, Désiré Jiometio Nzokou n’a plus regagné domicile depuis près de quatre mois.

D’abord conduit vers une destination inconnue ensuite les portes du pénitencier Kodengui s’ouvrent grandement à lui. Il est en prison. « Je suis devenu prisonnier sans commettre un délit ». L’enchainement des évènements était si rapide. Il ne s’y attendait pas. Il a même cru que c’est le destin qui s’acharnait sur lui. Cette soirée était terrible. Il n’avait jamais eu un moment plus injuste que celui-là de toute son existence. Il ne cesse de s’interroger en longueur de journée. « Mais qu’ai-je fait pour être parmi les détourneurs de fond public de ce pays », « mais, qu’ai-je fait pour mériter cela ». A lui de répondre… rien ! « Mon pêché c’est d’être allé voir le professeur Maurice Kamto au domicile d’Albert Nzongang». Pour avoir vu le leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, « je croupis à Kondengui comme un jeune qui a assassiné sa conjointe sous l’emprise de la drogue. Quelle injustice dans ce pays ! ».

Ce qui lui arrive est tellement improbable. Aller voir un leader de parti politique et terminer en prison! « sacrilège » s’écrie-t-il. Ses jours ne s’écoulent plus comme avant. Son coeur s’est brisé. Sa vie a changé de rythme. « Je possède une force qui me met à l’abri de toute maladie psychique ». Chaque jour est un combat, lequel est très rude. « Cette arrestation a brouillé mon échelle du temps ». Le portail de la diaspora camerounaise de Belgique. Aux côtés des malfrats, meurtriers de la prison centrale de Yaoundé, chaque jour pour lui est une lutte de survie. Dans ce milieu carcéral où, entre insécurité, tensions et disputes, la loi de la jungle est appliquée. Il n’avait jamais connu l’ambiance froide d’une prison. Il y est. Il est prisonnier. Il est privé de liberté. Il passe des nuits au sol pour faute de lit. Il se nourrit quand la chance le sourit. Il misère. Il est sans nouvelle de sa famille. C’est un enfer regrette-il. « Je garde le mental haut et je suis plus que jamais galvanisé avec la présence des détenus du Mrc».

Près de quatre mois il revit jusqu’aux moindres détails comme si c’était hier l’épisode de son arrestation. En débattre, oui, il réveille mauvais souvenir. Informé le 28 janvier via les réseaux sociaux de la présence du Pr Maurice Kamto au domicile d’Albert Nzongang, il s’est rendu au domicile de ce dernier en soirée après son occupation quotidienne. Sur les lieux une rumeur court sur une probable arrestation du leader du Mrc. Vraie ou fausse rumeur, tous ignoraient. Près d’une heure après, le délégué régional de la police sous forte escorte en compagnie de la gendarmerie, muni d’un mandat de perquisition débarque sur les lieux pour interpeller Maurice Kamto, Albert Nzongang et Pr Fogue. Camer.be. Après avoir interpellé ces trois militants du Mrc, le commanditaire de leur arrestation ordonna d’embarquer également toute personne présente sur les lieux. « C’est ainsi qu’un agent de la police nous a dépossédé de nos pièces d’identités, téléphones puis nous avons été conduits à la Police Judiciaire (PJ) de Bonanjo à Douala ». explique-t-il. « Je vécu la pire soirée de ma vie ».

Sans mandat d’arrestation, il est conduit en compagnie des autres personnes présentes sur les lieux vers une destination inconnue « qui s’avérait être Yaoundé ». Et là, l’enfer commençait. « La fameuse histoire du train de la mort me hantait vu les conditions de déportation ». Est-ce un pêché de voir Maurice Kamto ? La loi divine ou camerounaise l’interdit elle ? Il s’interroge « Peut-être une nouvelle loi camerounaise stipule dans l’un de ses articles que : est arrêté et incarcéré toute personne qui regarde Maurice Kamto ».

Les péripéties de son incarcération ne s’arrêtent pas en si bon chemin. « Placés en garde à vue illégalement à la prison secondaire du SED (secrétariat d’Etat à la Défense), nous avons été auditionnés en l’absence de nos avocats, puis gardés dans des conditions de promiscuité indescriptible et subissions des traitements inhumains » nous confie-t-il. Quinze jours de détention, d’obscurité, nous sommes conduits au Tribunal militaire de Yaoundé. Le juge de cette juridiction nous placera deux jours après sous mandat de dépôt à la prison centrale de Yaoundé où je suis locataire depuis plus de trois mois » raconte Désiré Jiometio Nzokou.

Quelle injustice!

La plus grande injustice, c’est l’existence même de l’injustice dont on ne parvient pas à anéantir. Les déceptions de la justice camerounaise se succèdent aussi bien que les chagrins nous le dit Désiré Jiometio Nzokou qui la déplore farouchement. La courbe s’accroît du jour le jour. Ce qui nous plonge dans l’imbroglio total. Combattre l’injustice est le cheval de bataille de tout camerounais. Il est bien vrai que nombreux ont bravé les interdits pour lutter contre l’injustice mais elle sévit toujours. Mais il en demeure pas moins que le combat continu. Cela ne changera pas rapidement à notre guise mais au moins il nécessaire de poursuivre le combat. Désiré Jiometio Nzokou déplore jusqu’à présent les faits qui lui sont reprochés. Depuis la prison centrale, il lance un appel à « agir en âme et conscience » à toute personne qui condamne les innocents. « Des innocents ne doivent pas se retrouver en prison sans avoir commis un délit. La prison est faite pour les malfaiteurs, voleurs, meurtriers, bref les hors la loi. » « Le coeur saigne quand je sais que, je ne suis pas jugé mais je suis emprisonné ».

Né le 25 février 1985 à Douala Désiré Jiometio Nzokou n’a pas eu un parcours scolaire ô combien louable. Face aux nombreuses contraintes financières, ce ressortissant de Baleveng dans la Menoua n’a poursuivi ses études jusqu’en classe de première où il obtient un probatoire technique en électricité. Des conditions de vie étant précaires, il se lance dans la vie active comme, d’abord commerçant, ensuite employé à Fermencam et enfin comme électricien indépendant. Son incarcération lui vaut aujourd’hui l’annulation de nombreux contrats signés ainsi que de nombreuses pertes financières. « Ce moment devait être le fruit de mes nombreux efforts mais hélas. Toutefois, ces pertes sont inférieures aux avancés que notre pays connait sur le plan politique. Je m’en réjouis ». L'info claire et nette. Sa famille abandonnée à ellemême ne sait à quel saint se vouer. Elle implore la miséricorde divine pour subvenir à ses besoins. « Dieu seul veille sur elle ». Ce chef de famille s’est engagé en politique en 2015 dans le Mrc pour des raisons de renaissance parce que « notre génération est sacrifiée ». Quel qu’en soit les intimidations du gouvernement il le dit « Mrc forever ». « J’ai adhéré cette formation parce que j’ai soif du changement dans ce pays qui est longtemps resté statique. Mon séjour ici m’inspire sur des nouvelles stratégies pour le changement » « Je suis serein et j’attends le dénouement de cette affaire. Cette guigne à laquelle j’ai pensé au début s’est transformée en joie immense dans mon coeur. Car c’est la patrie qui m’incarcère». conclu-t-il.

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