Nord-Ouest et Sud-Ouest : Le jackpot des rapts
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De plus en plus de personnes kidnappées sont libérées après le paiement d’importantes sommes d’argent.

Jeudi, 21 mars dernier, les 20 étudiants de l’Université de Buea enlevés dans la journée du mercredi 20 mars ont recouvré la liberté. D’après des sources, ces sportifs de l’équipe de football de cette université qui s’entraînaient pour la participation aux Jeux universitaires qu’abritera cette année l’Université de Dschang ont été remis en liberté après le paiement d’une rançon dont le montant exact n’a pas été communiqué, à de présumés sécessionnistes. L’information qui n’a été confirmée ni par l’Université de Buea, encore moins par le gouverneur de la région du Sud- Ouest, fait état de ce que le montant versé par étudiant pouvait aller jusqu’à un million Fcfa.

Quelques jours plus tôt (mardi, 19 mars), Emmanuel Ndoumbe Bosso, entraîneur de l’équipe de football Yong Sport Aacademy de Bamenda avait également été enlevé par de présumés sécessionnistes dans la région du Nord- Ouest et remis en liberté moins de 24h après son kidnapping. Les responsables de cette équipe de football de ligue 1 rejettent le paiement d’une quelconque rançon qu’une indiscrétion évalue à 10 millions Fcfa. C’est que l’enlèvement avec demande de rançon est devenu le nouveau business des « ambazoniens ». De plus en plus, les rapts dans le Nord-Ouest et Sud-Ouest se soldent par le paiement de millions Fcfa. Mais personne n’avoue avoir payé.

Le douloureux cycle commence en mars 2018 avec l’enlèvement du président du conseil d’administration du Gce Board, (équivalent de l’office du baccalauréat), Ivo Leke Tambo (aujourd’hui en exil), et de plusieurs dizaines de personnes, qui se rendaient à une réunion du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). L’enlèvement s’est déroulé à Alou, dans le Lebialem (Sud-Ouest). L'info claire et nette. D’après le préfet du Lebialem, les sécessionnistes, qui ont revendiqué le rapt réclamaient 100 millions Fcfa pour libérer leurs otages. La même demande de rançon a été formulée pour la libération du délégué régional du ministère des Affaires Sociales pour le Nord-ouest. Les sécessionnistes demandaient le versement d’une rançon de millions Fcfa pour sa libération.

Plusieurs établissements scolaires ont également été la cible des kidnappings des centaines d’élèves et enseignants, dans les villes du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Cependant, dans ces différents cas, les responsables de ces établissements, pour la plupart confessionnels, disent n'avoir versé aucune rançon pour la libération de leurs élèves et enseignants, même si la réalité semble loin des déclarations publiques. Dans la ville de Douala, plusieurs familles en provenance des régions en crise disent avoir payé une rançon après l’enlèvement de l’un des leurs notamment dans le Nord-Ouest, alors qu’ils s’y étaient rendus pour acheter de la marchandise qui devait être vendue à Douala.

Le phénomène d’enlèvements-libérations contre rançons consacre le glissement de la crise des revendications sécessionnistes vers le grand banditisme. En effet, les rapts, notamment de personnalités, visaient à faire pression sur le pouvoir afin qu’il fasse des concessions aux séparatistes, la libération des leaders et combattants de l’Ambazonie par exemple. Cela permettait accessoirement aux sécessionnistes d’arracher aux populations l’ « effort de guerre » afin d’acheter armes et munitions. La confusion s’est installée au fur et à mesure de l’enlisement de la crise. Même les leaders séparatistes en exil perdent leur latin dans la cacophonie ambiante.

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