Cameroun, Résultats de l'élection présidentielle du 7 octobre 2018: Le temps de l’attente
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Cameroun, Résultats de l'élection présidentielle du 7 octobre 2018: Le temps de l’attente :: CAMEROON

A l’opposé d’une campagne électorale globalement animée et sereine le 7 octobre 2018, jour de l’élection présidentielle au Cameroun, a été marqué par des dysfonctionnements et incidents regrettables, mais également par des cas de morts dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.

Des vieux démons qui hantent l’organisation de la présidentielle depuis 2004 et bien avant ont, à nouveau, pointé du nez. Représentants de candidats absents ou chassés des bureaux de vote, absence de bulletins de candidats dans certains bureaux de vote, voies de fait sur des adversaires politiques, ou encore listes électorales affichées tardivement dans des centres de vote.

Le cocktail est explosif, mais on ne jettera pas le bébé avec l’eau du bain. Le matériel de vote a été rendu disponible dans les 25.000 bureaux de vote à travers le territoire national et à l’étranger. L’on est enfin sorti de la « malédiction » de l’encre (in)délébile qui faisait couler beaucoup de salive. L’interdiction de l’usage du téléphone portable dans les bureaux de vote a été, si heureusement, balayée d’un revers de la main. La connexion internet n’a pas été coupée.

Bien plus, l’engouement de quelque 6,1 millions d’électeurs attendus aux urnes hier semble avoir été plus grand. En attendant la communication d’Elections Cameroon (Elecam) à ce sujet, il y a fort à parier que le taux de participation à cette consultation électorale sera largement supérieur à celui de 2011. Un marqueur de la volonté des Camerounais de peser sur le choix de celui qui présidera aux destinées du pays pour les sept prochaines années et partant, un révélateur du regain de citoyenneté et de la soif du changement qui travaillent le peuple.

Changement dans la continuité ou changement dans la rupture ?

On le saura dans les prochains jours lorsque le Conseil constitutionnel va proclamer les résultats. Mais déjà sur les réseaux sociaux, baromètre de l’ébullition populaire autour de cette élection présidentielle, l’impatience est si grandissante que l’on perçoit que la guerre des chiffres fera rage et que chacun donnera son candidat vainqueur. Du coup, l’adrénaline va monter irrésistiblement et peut-être irrémédiablement dans l’intervalle d’au plus 15 jours qui sépare le jour de l’élection du verdict final du Conseil constitutionnel. La propension de certains candidats à prédire leur triomphe, tout en agitant le chiffon rouge de la « victoire volée », installera fatalement la communauté nationale dans une crise de nerfs et, si l’on n’y prend garde, dans une crise postélectorale aux conséquences insondables.
La bulle aurait pu être vite dégonflée si les résultats définitifs de cette élection étaient rendus publics en moins d’une semaine.

De fait, la longue attente du verdict des urnes au Cameroun est autant anachronique que porteuse de contestations, lesquelles peuvent déboucher sur des troubles sociaux. Des pays technologiquement moins dotés réussissent le pari de publier les résultats de l’élection présidentielle en moins de 72h. Qu’est-ce qui explique que le nôtre se donne tant de temps, alimentant des soupçons de tripatouillages nocifs à la paix sociale ?

Cela dit, pendant ce temps de l’attente, « les parties prenantes [doivent] faire preuve de retenue [et] les candidats [doivent] résoudre tout grief lié au processus électoral par les voies légales et constitutionnelles établies », comme le prescrit le secrétaire général des Nations Unies. Il est surtout du devoir du juge électoral de bien saisir les signes du temps. Le réveil citoyen brutal du peuple n’autorise ni complaisance, ni injustice.

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