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© Correspondance : Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole Du CL2P
- 01 Aug 2018 15:05:54
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Qui se soucie du Cameroun? Sur la politique et les sentiments dans les états d'Exception :: CAMEROON
Le CL2P comprend que parler d’amour et de compassion dans un pays comme le Cameroun dominé par des politiciens cyniques et véreux puis une population hégémonisée et dominée fera rire plus d’un Camerounais. Cependant, des érudits comme Martha Nussbaum ont noté qu’il n’y a pas de changement politique substantiel sans courage, sans abnégation, sans amour, ni compassion.
L’un des prisonniers politiques que soutient le CL2P au Cameroun, Marafa Hamidou Yaya, est en prison parce qu’il a osé demander à l’inamovible président de 85 ans, Paul Biya, de démissionner pour prendre sa retraite méritée. Ce qui a évidemment ruiné une carrière très réussie, aussi bien comme haut fonctionnaire que membre du gouvernement. Et le ministre d’état est toujours détenu de façon illégale depuis 06 ans – en violation de l’avis de l’ONU – dans l’un des cachots de Biya à Yaoundé. Cet acte qui a pu sembler stupide au début à nombre de ses compatriotes rompus au culte du chef tout puissant; est apparu au contraire assez héroïque aux observateurs étrangers, à l’instar de l’ambassadrice américaine de l’époque au Cameroun Janet Garvey qui a témoigné dans Wikileaks que l’homme Marafa Hamidou Yaya est loin d’être naïf et n’a en réalité jamais sous-estimé tout le pouvoir de représailles de Biya qu’il connaît bien.
Bref et n’en déplaise aux opposants alimentaires à la solde du régime tyrannique de Yaoundé, c’est précisément le genre de courage et d’abnégation dont nous avons besoin au Cameroun aujourd’hui. Et non ces représailles de la dictature de Paul Biya qui sont ne abomination contre les droits de l’Homme et très peu productives en tant que moyen de dissuasion politique. Car une organisation telle que le CL2P ne peut pas être et ne pourra jamais être réduite au silence à l’ère de la globalisation de l’information.
En effet, l’état d’exception ne crée que des leaders «exceptionnels» alors que la démocratie est plus coutumière au règne des gens normaux où le leader n’est rien d’autre qu’un Primus inter pares, le premier parmi les égaux. Or, dans les régimes dits « exceptionnels », l’estime de soi est valorisée plutôt que l’autodiscipline. C’est un monde de charisme et de responsabilité zéro.
Le sociologue allemand Max Weber a mis à jour le terme de charisme. Les dirigeants charismatiques, a-t-il écrit, ont « une certaine qualité de personnalité individuelle, en vertu de laquelle ils sont différents des hommes ordinaires et traités comme dotés de pouvoirs ou de qualités surnaturels, surhumains, ou du moins spécifiquement exceptionnels ». Le monopole sur les médias et l’exposition qui en résulte améliorent toutes ces qualités.
Les êtres faibles et peureux, craignant notamment de s’engager dans des conflits politiques légitimes, ont tendance à rechercher des personnes charismatiques et un leader pour les soulager de leur anxiété et pratiquement de tout leur fardeau psychique. Ce leader est investi de toute-puissance et devrait être capable de résoudre tous les problèmes. Ces individus faibles tendent à sur-idéaliser les présidents et s’attendent à ce qu’ils soient omnipotents; puis ils ont l’habitude de s’accrocher à ces figures magiques et omnipotentes. Principalement, parce qu’ils n’aiment pas penser et faire des choix, ils donnent de la sorte au leader le monopole de l’action, comme l’écrit Hannah Arendt:
« Un grand nombre de personnes ne sont tout simplement pas capables de penser par eux-mêmes ».
Eh bien, la façon traditionnelle et plus charitable de dire ceci est que la grande majorité des gens n’ont pas le temps, en raison de leurs obligations, de rechercher par eux-mêmes toutes les informations mises à leur disposition depuis le jour où ils sont nés; afin de vérifier si elles sont vraies ou fausses: ils en viennent ainsi à compter uniquement sur les « autorités ».
Aussi, les personnes dépendantes ont tendance à chercher quelque chose ou quelqu’un pour briser le malaise et faire avancer les choses. Le problème est que les problèmes systémiques ne sont pas facilement résolus, nous cherchons une solution rapide sans faire le travail difficile et laborieux de l’élaboration à la réalisation. Nous voulons et exigeons même parfois que les choses soient bien faîtes voire parfaites dès la première fois. Le système démocratique ne se prête pas à la solution miracle, mais nous sommes devenus une nation paresseuse et cherchons des solutions simples parce que Biya est exactement la définition de cela. Après 36 ans au pouvoir à 85 ans, Biya n’est pas un Superman mais essentiellement un politicien médiocre obsédé uniquement par une forme déceptive et délirante d’immortalité obscène.
En revanche, une forme d’amour productive pour le Cameroun consisterait à apprécier un ensemble d’idéaux et d’institutions spécifiquement camerounais et, en tant que tel, transcender à la fois la psychologie innée et les origines ethniques. Nous devons être plus conscients que nous sommes une invention coloniale et même pas aussi «spéciale» que le laissent entendre certains pseudo-nationalistes et panafricanistes inféodés à la dictature trentenaire en place. Parce que, à quelques exceptions près dont celle de l’Union des Population du Cameroun et de ses dirigeants assassinés, nous avons invariablement tous connus souvent sans protester ni broncher des formes de domination brutale basées sur l’exploitation coloniale.
Tout cela est pourtant la politique du fait de l’homme, qui instaure la justice brutale et les pratiques génocidaires prédatrices capitalistes, dont beaucoup d’entre nous avons souffert; et qui amènent d’autres à n’avoir pas d’autre choix que de militer en faveur d’une plus grande justice sociale et la démocratie comme pierre angulaire de notre société; en réponse ou en réaction à l’héritage des humiliations coloniales. Parce que, à l’essence, nous voulons restaurer nos droits humains autant que notre autonomie et notre dignité.
Certes dans une société cynique et cruelle comme le Cameroun, l’amour et la compassion peuvent nous rendre vulnérables et faibles; mais ils nous permettent aussi d’être ouverts à l’autre; ce qui a le mérite d’en finir avec la politique de l’ego pour installer le partage éthique de la vie en commun, de privilégier une communauté humaine au détriment du culte à une identité tribale non productive dans l’ espace public pour définitivement faire place à des modes progressistes d’organisations collectives incompatibles avec le régime d’exception, les pratiques prédatrices néolibérales, et la terreur politique soutenue par l’État.
En résumé, l’amour et la compassion comme formes d’expression créative et constructive doivent et peuvent nous aider à placer la civilité ambitieuse au dessus du modèle libéral, à faire appel à l’empathie naturelle pour ancrer l’inclusion dans le champ social et politique dans un esprit de fraternité et des formes éthiques de responsabilité dans les relations. Il s’agit d’un esprit de fraternité qui crée un environnement où la plupart des gens peuvent s’épanouir, au lieu que ce ne soit que quelques uns.
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