Paul ATANGA NJI : Le «pompier pyromane» dans le brasier anglophone
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Avec près de dix ans passés au Secrétaire permanent du Conseil national de sécurité, celui qu’on présente comme l’autre homme de l’ombre de paul Biya, vient d’hériter du ministère de l’Administration territoriale. Une promotion très peu applaudie par les populations des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest qui lui font le procès d’avoir toujours nié l’existence d’une question anglophone au Cameroun.

Beaucoup voyaient sa tête à la guillotine. Pour ce réaménagement du gouvernement, on lui prédisait un destin semblable à celui des « intouchables » comme Belinga Eboutou, Mebe Ngo’o, Atangana Kouna… Mais Paul Biya, champion pour déjouer les pronostics, l’a plutôt promu en lui confiant les clés du très sensible ministère de l’Administration territoriale désormais isolé de celui de la Décentralisation. Qui l’eût cru ? Vomi dans sa Mezam natale, d’où il dut être exfiltré au tout début de l’actuelle crise fin 2016- début 2017, revoici donc Paul Atanga Nji, honoré par le Chef de l’Etat qui lui réaffirme sa confiance dans un environnement où plusieurs analystes pensaient plutôt à d’autres cadors qui auraient bonne presse.

Homme discret et personnage charismatique quoiqu’impopulaire dans son bastion, c’est un nouveau challenge pour le farouche opposant du Social democratic front (Sdf). Son péché c’est d’avoir été l’une des premières personnalités de la République originaires de la partie anglophone du pays, à prendre publiquement la parole au sujet des manifestations sur fond de revendications des avocats, puis des Anglophones en octobre 2016.

Traitement préférentiel

Du haut de sa posture de ministre chargé de mission à la présidence de la République et surtout de secrétaire permanent du Conseil national de sécurité – et donc présumer disposer d’un certain niveau d’informations -, il avait rejeté la thèse d’une marginalisation sous quelque forme que ce soit des Camerounais natifs des régions sus citées. Tout au contraire, il a cet argument : « Je dirais plutôt preuve à l’appui que le chef de l’Etat, Paul Biya, a toujours accordé aux Anglophones un traitement préférentiel. Je suis surpris de ce débat qui n’a pas de sens ». Pour sa défense, le haut commis de l’Etat soutenait que comme lui, les Anglophones occupent les postes les plus importants au Cameroun à l’instar du directeur général du Trésor et le directeur général des Douanes, originaires du Nord-Ouest. Mais aussi le Premier ministre chef du gouvernement, le directeur de la Sécurité présidentielle, le président de la Commission nationale des droits de l’Homme, le président du Conseil national de la communication, etc.

Consultations électorales

Cette sortie est venue accentuer la haine et le sentiment de rejet que ses « frères » anglophones lui vouaient déjà. Lui qu’on accusait d’avoir jeté de l’huile sur du feu à une période où les originaires de cette partie du pays espéraient au moins que leurs revendications soient prises en compte. Taxé de traitre, affublé de tous les qualificatifs avilissants et présenté dans son propre fief politique comme un enfant indésirable, Atanga Nji est marqué au fer. Mais il en faut beaucoup pour l’ébranler ou pour dissuader le Chef de l’Etat de l’expulser du ciel d’Etoudi.

Des sources concordantes soulignent sa forte implication dans l’arrestation et l’extradition des leaders séparatistes en sa qualité de secrétaire permanent du conseil de sécurité nationale et ses relations étroites avec les meilleurs généraux nigérians. C’est peut-être en guise de récompense qu’il est porté à la tête du Minat où il est désormais responsable de « l'organisation et du fonctionnement des circonscriptions administratives et des services locaux de l'administration territoriale ; de l'organisation des consultations électorales à caractère national, local ou référendaire dans les conditions prévues par les lois et règlements ; de la préparation et de l'application des lois et règlements relatifs aux libertés publiques ; de l'organisation et du suivi des chefferies traditionnelles ; du suivi des activités des associations et des mouvements à caractère politique ; des questions de culte ; du suivi des activités des associations, organisations et mouvements à but non lucratif ; du maintien de l'ordre public en rapport avec les forces spécialisées ; de l'organisation et du contrôle des centres d'État-civil », comme l’a rappelé Philémon Yang hier lors de la cérémonie d’installation.  

Dos au mur

Atanga Nji qui est aujourd’hui dos au mur, est surtout très attendu dans la résolution définitive du problème anglophone. En homme de terrain, il a certainement l’expérience et la méthode. A l’image de l’apôtre Paul dans la Sainte bible, va-t-il faire demi-tour de sa position initiale sur la crise anglophone pour admettre son existence et travailler avec les autorités locales sous sa juridiction pour chercher une solution durable au problème ? Seul Paul Biya qui aime la discrétion de cet opérateur économique parfaitement bilingue attaché à l’État unitaire et disposant de précieux contacts dans le Nord-Ouest, en a la réponse.

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