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© Correspondance : Olivier Tchouaffe, PhD, Porte-parole Du CL2P
- 25 Dec 2017 09:10:58
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Cameroun: Note sur la Conférence de Presse inaugurale du Collectif Pour la Libération de Patrice Nganang :: CAMEROON
Ce collectif existe dans le contexte d’une longue et riche tradition de luttes puis de conflits internes entre intellectuels et activistes camerounais, concernant notamment la nature et la forme que devrait prendre la résistance au régime de Paul Biya.
Joël Didier Engo, président du CL2P situe son implication dans une tradition radicale inspirée par Martin Luther King et tient particulièrement à œuvrer pour une forme de lutte sans tribalisme, sans allégeance partisane, et sans diversions d’attaques ad hominem qui consisteraient à entretenir des polémiques stériles avec des gens souvent idéologues de la dictature en place, plutôt que s’en tenir aux idées et aux valeurs démocratiques qu’ils combattent. Donc Une attitude contre-productives et incroyablement corrosive. Dès le début, Engo critique le genre de pensée réductionniste qui laisse entendre que la séquestration de l’écrivain Patrice Nganang serait seulement – ou même principalement – consécutive à un acte d‘ «outrage» à Paul Biya, mais nullement un combat mené par l’écrivain contre l’injustice des puissants qui s’attaquent délibérément aux faibles. À son crédit le collectif insiste sur le refus de réduire sa mobilisation contre toute forme d’oppression au Cameroun à une injonction presque autoritaire de devoir s’afficher pour ou contre le régime de Biya. Cela donne au Collectif une profondeur d’analyse et une concentration sur l’impératif de solidarité.
Dans cette lancée Dr. Jean Crépin Nyamsi de Code France insiste sur le fait que nous ne pouvons néanmoins pas occulter la nécessité d’un véritable débat de fond. Parce que celui-ci aurait le mérite d’éclairer la logique de notre combat, l’analyse collective, puis et l’élévation dont nous devons faire preuve pour parvenir à la libération de Patrice Nganang.
Abdelaziz Mounde insiste sur la légitimité et le statut social de l’écrivain africain Patrice Nganang, engagé depuis tant d’années dans l’activisme en faveur des droits Humains, notamment à travers sa fondation Génération Change. En effet, quand nous occupons l’espace ou le champ de la critique sociale et de l’action humanitaire – en vérité il y a un peu de critique sociale en chacun d’entre nous – et nous ne pouvons pas simplement abandonner ce débat au motif qu’il serait devenu très sensible et intense. Nous ne devons pas non plus permettre ou laisser aux autres, ceux qui cherchent en permanence à fomenter la division à leurs propres fins, le monopole de coopter et orienter à leur guise le débat. Abdelaziz Mounde regrette d’ailleurs la montée de l’hystérie et du lynchage systématiques, qui viennent remplacer une longue tradition de conversation intellectuelle au Cameroun y compris malgré la répression, conversation animée autrefois par les professeurs comme Charlie Gabriel Mbock, Augustin Kontchou, Hubert Mono Ndzana, Mongo Beti, Célestin Monga, et tant d’autres…. La culture que nous avons créée aujourd’hui est celle où les débats tombent dans les caniveaux ; où quand les microbes lèvent les yeux et voient quelque chose dans le marais ou au-dessus, ils les traînent immédiatement dans leurs eaux usées sans aucune issue autre de sortie. Pire encore en réduisant nos conversations aux médias sociaux, bien que ce soit un outil incroyable et redouté par le pouvoir de Yaoundé, pouvons-nous faciliter et espérer un débat sain et courtois? Dans le climat délétère actuel au Cameroun, avons-nous encore l’intelligence, la capacité, la patience, et la compassion suffisantes pour tenir des conversations face-à-face; même si les médias sociaux ne sont effectivement pas le seul espace sur lequel nous aurions ainsi dû compter?
Dr. Nyamsi ajoute que la dictature, le patriarcat, et le paternalisme sont intrinsèquement parasitaires. Constat évident: les dirigeants camerounais ont lamentablement échoué. Le collectif souligne à quel point le régime en place est aujourd’hui déconnecté du pays réel et des communautés qu’il prétend pourtant représenter. Cependant ne nous leurrons guère, aucun président camerounais ne sera parfait si il hérite du même système de gouvernement néocolonial, vicié à la base, et qui allie l’exploitation à la violence pour subsister. À moins d’une refonte systémique radicale, s’attendre à ce que la politique progressiste soit efficacement défendue par ces institutions est une chimère. Comme le souligne Patrice Nganang, le régime du président Biya n’est pas à la hauteur, il perpétue un État néocolonial qui opprime encore ses minorités et mène une guerre contre les soi-disant opposants politiques. Par conséquent, nous ne serons jamais humains dans ces systèmes-là. Nous ne sommes non plus là pour nous conformer au regard et offrir à ces messieurs l’image qu’ils voudraient bien porter sur nous. Nous sommes ici pour être pleinement humains envers nous-mêmes, entièrement responsables les uns envers les autres.
À ce sujet il est bon de remarquer comment les leaders des droits civiques camerounais, tels que le collectif de libération de Patrice Nganang, refusent obstinément la politique de victimisation, et militent pour l’égalité pour tous, avançant avec courage face à toutes les difficultés auxquelles nous sommes tous confrontés. C’est important dans un pays où les gens talentueux sont endoctrinés pour se croire non-performants, éternellement victimes, et citoyens moins dignes. Comme avec Patrice Nganang, le Collectif signale le passage du flambeau de la génération qui était prête à faire des compromis pour s’entendre, mais qui n’a plus prise avec la réalité, à une nouvelle génération qui adhère à des principes et valeurs démocratiques, quel qu’en soit le prix à payer.
C’est cela la véritable leçon pour ceux qui critiquent hystériquement le professeur Nganang, en lieu et place des dictateurs comme Paul Biya, leurs serviteurs, et apologistes. Car vous devez vous concentrer sur vos vrais adversaires, pas sur vos courageux et vaillants compatriotes qui osent braver les menaces et la peur pour un changement au Cameroun. Patrice Nganang est un grand écrivain et militant des droits de l’homme dont la contribution à l’éducation des jeunes femmes et hommes est ô combien estimable et louable dans ce pays. Cette éducation ne mérite pas d’être autant méprisée, humiliée, et insultée par une gérontocratie gâteuse qui aspire uniquement à garder le pouvoir pour le pouvoir par la terreur et la reproduction sociale.
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