DÉCÈS DE MGR BALA : Le Vatican recadre la com’ de l’église
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Dans une lettre adressée à la Conférence épiscopale du Cameroun, le Saint-Siège vient d’inaugurer un nouveau type de relation entre le clergé catholique et la presse.

Parce que rumeurs et contrerumeurs, affirmations et infirmations autour de la mort tragique de Mgr Benoît Bala ne cessent de s’élever à des hauteurs vertigineuses, l’espace de prise de parole au sein de la Conférence épiscopale du Cameroun (CEC) est cette fois comme verrouillé. A la solennité et la véhémence de la sortie de Mgr Samuel Kléda le 13 juin 2017 à Yaoundé, a succédé une communication qui rampe, se redressant à peine quand elle ne plante pas. A ses dépens, la presse nationale et internationale l’a vécu le 09 juillet dernier au siège de la CEC sis à Mvolyé (Yaoundé).

Enigmes

A cette occasion en effet, Mgr Samuel Kléda, le président de la CEC, n’a pas répondu aux attentes des hommes et femmes de médias accourus, dans l’espoir d’obtenir la réaction du clergé catholique camerounais, suite au communiqué publié le 04 juillet 2017. Le document signé Jean-Fils Ntamack, le procureur en charge de l’enquête, révélait que «la noyade est la cause la plus probable de la mort de l’évêque». Interrogé sur le sujet, l’archevêque de Douala s’est juste contenté de dire, sous un ton monocorde et administratif, que «par rapport à cela, notre position reste la même». Le propos est laborieusement complété par «un corps ne disparait jamais », pour éteindre les élans d’une presse fouinant, sans retenue, sur la date probable des obsèques de l’évêque de Bafia.

Echos des off

Cette tonalité, pas revendicative mais pas muette non plus, a laissé perplexe. Tant elle s’est chargée d’entrecroiser le début de la 11ème assemblée plénière ordinaire de l’Association des Conférences épiscopales de la région Afrique centrale (Acerac) et l’actualité autour de la mort de Mgr Jean-Marie Benoît Bala. De fait, ce dernier aspect de par sa délicatesse, a favorisé les prises de paroles en off. C’est donc en aparté qu’un prêtre, commis au protocole de ces assises sous-régionales, soufflera qu’«il y a une lettre du Saint-Siège parvenue à nous qui nous oblige à la retenue vis-à-vis de ce sujet, pas plus !» Venu du Gabon, un autre sermonnaire n’y ajoutera pas grand-chose. A l’en croire, «les évêques, fidèles aux principes d’obéissance, ont choisi de ne plus parler de cette affaire comme la presse le souhaite». Pour la suite, il révélera que «tout ce qu’on vous dit là n’est que bricolage».

Minimas

Dans la cour et à toutes les entrées, ces bricolages sont compensés par une avalanche de portraits du défunt évêque de Bafia. «C’est ce qui peut rendre lisible notre douleur. Mais, on reste attaché aux directives du Saint-Siège par rapport à la communication sur la mort de Mgr Bala», renseigne, sous la soutane, un prêtre du diocèse de Bafia. Dans cette ambiance, les minimas langagiers observés à la CEC reflètent à chaque instant la modulation (à distance par le Vatican) des sorties médiatiques. On le verra encore lorsque Mgr Kleda ordonnera à un jeune prélat de l’archidiocèse de Yaoundé de «libérer les journalistes ».

Le spectacle prend illico  des allures de sabbat communicationnel qui, à tout ordre de marche, semble entretenir le blackout sur la position de l’Eglise catholique du Cameroun sur la suite de ce feuilleton qui mêle à la fois la justice locale, la CEC et l’opinion publique nationale et internationale. En effet, personne ne veut s’étendre amplement sur le programme des obsèques. Tout au plus, l’on s’active à fidéliser le public sur la thèse de l’assassinat plutôt que sur celle du suicide.

Sur ce chapitre, le courroux de la CEC est affiché. «Ne parlez pas de suicide, ne vous alignez pas derrière ceux qui veulent vous manipuler! Nous sommes clairs: Mgr a été assassiné, amen!», peste une religieuse, balayant toute allusion à un certain Barnabé T. Cadre dans une société de téléphonie mobile installée au Cameroun, le nom de ce jeune de 26 ans, originaire de Soa, cristalliserait en lui toute «l’affaire». En fait, selon des informations difficilement vérifiables, il aurait fait chanter l’évêque de Bafia. « C’est ce détail qui aurait suscité le recadrage de la com’ », analyse Camille Ntemde Bouli, sociologue.

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