Vers un renchérissement du prix du riz en 2016
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Ce produit exonéré de toutes taxes à l’importation depuis 2008 sera désormais subordonné au paiement d’un droit de douane de l’ordre de 5%.

On va tout droit vers un renchérissement du prix du riz, si on s’en tient en tout cas aux dispositions du projet de loi de finances 2016, que vient de déposer le gouvernement au Parlement. Celui-ci prévoit en effet en son article 2 (1.a)  qu’à l’importation, ce produit sera subordonné au paiement préalable des taxes et droits de douane au taux du Tarif extérieur commun, fixé à 5%. Si ce texte venait à être adopté par le Senat et l’Assemblée nationale au terme de la session en cours, il viendrait ainsi évincer l’ordonnance présidentielle du 7 mars 2008, qui instituait la détaxe sur les importations du riz au Cameroun, et induirait inéluctablement une hausse du prix de cette céréale sur le marché local. Quelle peut bien être l’opportunité, dans le contexte actuel marqué par une misère ambiante – le nombre de pauvres dans le pays a augmenté d’un million entre 2007 et 2014 -, d’instituer cette taxe, alors même que l’ordonnance du chef de l’Etat d’il y a sept ans s’inscrivait dans le train de mesures mises sur pied dans l’urgence pour lutter contre la vie chère au lendemain des émeutes dites de la faim de février 2008 ?

Le projet de l’exécutif d’instituer à nouveau une taxe à l’importation du riz ne se justifierait que si et seulement s’il s’inscrivait dans le cadre d’une politique protectionniste visant à favoriser la production locale. Mais, au stade actuel des choses, celle-ci est encore largement déficitaire. A preuve, pour une demande nationale estimée à environ 300.000 tonnes par an, le Cameroun ne produit que 100.000 tonnes de riz, voire moins. Il faut noter par ailleurs que le prix du riz produit localement est très peu compétitif, en raison notamment des coûts de production et de transport souvent jugés trop élevés du fait de l’éloignement des principaux bassins de production que sont Yagoua (Extrême-Nord) et Ndop (Nord-Ouest) des zones urbaines. Bien plus, il s’est toujours posé, du côté de la Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua (Semry) qui produit 80% du riz camerounais, le problème de l’insuffisance d’unités de décorticage du riz. Conséquence logique : une bonne partie du paddy issu des champs de cette entreprise est exporté sous la forme brute vers le Nigeria. Résultat des courses : le riz made in Cameroun est très peu présent sur le marché local, et la petite quantité qui s’y retrouve est onéreuse.

Mama Fouda

Début 2014 déjà, le ministre de la Santé publique, André Mama Fouda, avait institué la fameuse taxe sur la vérification sanitaire du riz importé, qui s’élevait à  250 F Cfa par tonne. La levée de bouclier qui avait suivi cette décision de la part des associations de défense des droits des consommateurs, qui craignaient déjà que celle-ci n’entraine une hausse du prix de cette denrée de grande consommation, avait obligé ce membre du gouvernement à se rétracter.

Depuis plus d’un an, le Cameroun fait face à une guerre que lui impose la secte terroriste Boko Haram. Logiquement donc, il a besoin de moyens (financiers notamment) pour assurer sa défense et sa sécurité. Et, face à la chute continue des cours mondiaux du pétrole brut, qui a induit celle des recettes pétrolières, l’Etat est obligé d’accroître ses revenus non pétroliers. Ceci implique forcément une certaine accentuation des pressions fiscalo-douanières sur les agents économiques. Dans cette entreprise cependant, le gouvernement ne devrait pas perdre de vue le fait que le prélèvement de la taxe dont il est ici question n’aura véritablement des conséquences que chez les consommateurs finaux qui, du reste, ont pour la majorité un faible pouvoir d’achat.

© Mutations : Jean De Dieu Bidias

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