L’armée pilonne Boko Haram au Nigeria
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Depuis l’incursion de la secte à Kerawa, l’armée a intensifié ses frappes.

Pour Ali Souleiman, président de la sous-section Rdpc de Doulo, bourgade située à 4 km environ de Mora, la campagne pour le renouvellement des organes de base dans sa formation politique est terminée. Dans la douleur. Il a trouvé la mort à Doulo, le 21 octobre 2015, dans une attaque osée de Boko Haram. «Nous avons donné l’alerte dans l’après-midi, mais aucune force n’a fait mouvement vers notre village. Les terroristes sont arrivés aux alentours de 18h et ont commencé leurs exactions», regrette un membre du comité de vigilance de Doulo. Les populations de cette bourgade sont d’autant plus consternées que sont stationnées à Mora, à un jet de pierres de là, d’importantes forces armées.

Il s’agit notamment du contingent tchadien, des militaires camerounais des opérations Alpha et Emergence et même de l’état-major du secteur camerounais de la Force multinationale mixte… Outre Ali Souleiman et Bichair, enseignant à l’école publique de Doulo, plusieurs autres personnes ont été tuées dans cette petite bourgade. Parmi les victimes, Mme Ali et sa fille Tata, Alhadji Mahama, Boukar Ilyssa, Djafara Djougoudoum et le nommé Tekoué. «Nos cases ont été incendiées et nous n’avons plus d’abris. Le plus gros problème aujourd’hui est la peur qui nous tétanise», poursuit un riverain de Doulo Camer.be. Une crainte également perceptible dans les rues de Mora. Quelques heures après cette incursion, c’est la localité de Grea, située à 13 kilomètres environ de Mora en allant vers Kourgui, qui payait son tribut à la guerre. Le grand âge du nommé Malla Oumaté, qui affichait 80 balais au compteur, ne l’a pas sauvé des griffes des terroristes. Encore moins Sali, âgé de 65 ans. Une troisième victime a été enregistrée dans cette localité. Il s’agit d’Adama Makadji Hassan.

Le lendemain, c’est dans la localité meurtrie de Kerawa qu’une attaque de Boko Haram a fait 10 morts, tous des civils. Le 23 octobre 2015, ce sont 4 civils qui sont à nouveau tués à Kangawa, une localité située entre Tolokomari et Kouyape dans l’arrondissement de Kolofata. «Ils sont arrivés à pied. Ils étaient une dizaine», renseigne un riverain. Le 23 octobre 2015, ce sont 11 personnes qui sont tuées à Kerawa, après une incursion des éléments de Boko Haram au cours de laquelle ils ont hissé sporadiquement deux drapeaux dans cette localité. Parmi les victimes enregistrées, six Nigérians et cinq Camerounais dont les nommés Djougoudoum, Boukar alias MM, Aladji Bolori, Aladji Waziri et Malla Ngalli.

RÉACTIONS

Cette incursion va mettre à vif les nerfs de l’armée camerounaise qui, après avoir pacifié le secteur grâce à des renforts, va pilonner les positions de Boko Haram à Kerawa Nigeria et dans la localité de Djimi où sont concentrées ces derniers jours d’importantes forces de la secte terroriste. Le 24 octobre au matin, alors que Boko Haram enterrait ses combattants touchés par des obus camerounais la veille, un nouvel obus a explosé au milieu d’eux et a fait une vingtaine de morts. Toutefois, avant de se retirer de Kerawa sous la pression de l’armée camerounaise Camer.be, Boko Haram a pris le soin d’enfouir dans le sol ses nouveaux engins explosifs improvisés, fabriqués avec des bouteilles d’eau minérale. «Ils ont  placé de nombreux engins explosifs improvisés à Kerawa, que les démineurs de l’armée neutralisent à chaque fois qu’ils sont découverts», témoigne Mahama, un habitant de Kerawa. Il faut cependant relever que si les populations de ce canton de l’arrondissement de Kolofata saluent les efforts des forces de défense et de sécurité, il n’en reste pas moins qu’une certaine inquiétude se lit désormais sur de nombreux visages.

D’autres songent simplement à partir, le temps que la progression de l’armée nigériane de l’autre côté de la frontière puisse permettre une jonction avec les forces camerounaises. «En l’espace d’une semaine, Kerawa a enregistré pas moins de cinq attaques meurtrières. Chaque fois que ces terroristes concentrent leurs forces et que nous disposons des bribes d’informations, nous alertons immédiatement les autorités militaires. Mais quand c’est la nuit, c’est peine perdue. Alors, ils viennent et dorment sur nos routes, pénètrent dans nos maisons, nous pillent et emportent nos biens», se désole Alhadji, un quinquagénaire.

«Jamais les attaques n’ont été aussi régulières et meurtrières. Il faut faire quelque chose avant que les populations frontalières ne désertent les villages. Vous savez, chaque fois que les gens partent, le terrain devient fertile pour Boko Haram», explique une autorité administrative du Mayo-Sava.

© L’Oeil du Sahel : RAOUL GUIVANDA

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