RESULTATS DU REFERENDUM  CONGOLAIS : Quand Sassou se chatouille pour rire
CONGO :: POINT DE VUE

Resultats Du Referendum Congolais : Quand Sassou Se Chatouille Pour Rire

Les grands sorciers congolais ont déballé le contenu de leurs marmites : 72 % de taux de participation avec un «oui» largement majoritaire d’un peu plus de 92,2 %, contre seulement 07,73 % des suffrages pour le «non».

Des  révélations faites tambour battant par le ministre de l’Intérieur et de la décentralisation, Zéphirin Mboulou, et qui confirment l’augure d’un autre membre de la confrérie,  son homologue de la Communication, Thierry Moungalla, qui prédisait un quasi plébiscite.  Le scrutin ayant eu lieu à huis clos, sans observateurs internationaux, c’est cette vérité charlatanesque d’un camp qui a été servie à l’opinion nationale et internationale. Il ne reste plus au clan Sassou, si ce n’est déjà fait, qu’à exécuter le rite de la danse de la victoire sur les forces du mal qui menaçaient le succès de l’opération. Le hic est que ce score stalinien contraste fortement avec les images des médias qui ont tourné en boucle sur les chaînes internationales, montrant une participation squelettique. On peut donc légitimement douter de la sincérité de ce tsunami électoral sur les rives du fleuve Congo.

Le seul succès du référendum est qu’il donne des nausées aux démocrates africains

D’abord, parce que l’affluence dans les bureaux de vote n’était pas au rendez-vous. A titre illustratif, selon l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH), lors des législatives de 2012, seuls 15 % des électeurs s’étaient déplacés au premier tour au Congo. Ensuite, le climat particulier de tension de la campagne pour cette consultation référendaire, marquée par des violences, des morts et des arrestations, a installé un climat de terreur qui a rebiffé une partie du corps électoral, sans compter que dans certains quartiers de Brazzaville comme Bacongo et Makelekele, les habitants avaient fui par centaines. Enfin, l’appel au boycott de l’opposition qui a montré qu’elle mobilisait, a sans doute aussi produit ses effets. D’où émane alors ce chiffre de  72 % de taux de participation ? Sauf à croire que la théorie de la « génération spontanée » a été le principe actif des officines congolaises qui ont produit ce résultat. Même à accorder le bénéfice du doute au régime Sassou, il n’en demeure pas moins que le taux de participation est d’une absolue relativité. De combien  le corps électoral congolais  est-il sur un potentiel de combien d’électeurs?

Et qui constituait ce corps électoral ? Ces interrogations ont beaucoup de sens car au Burkina Faso, Blaise Compaoré, sur un potentiel de plusieurs millions, s’était fait élire avec quelque un million d’électeurs sur un corps électoral de 3 millions. Et pourtant, il a été chassé du pouvoir par une insurrection populaire. Quoi qu’il en soit, ce qui ne fait pas l’objet de débat, est que le dictateur congolais ne se gêne pas, avec ce score stalinien, pour fixer dans l’imaginaire de son peuple l’aberration d’une adhésion massive à son projet,  face à l’activisme d’une poignée d’irréductibles intéressés qui nient l’évidence. Mais c’est lui qui nie le plus l’évidence en voulant cacher le soleil avec son doigt. Le seul succès de ce référendum est qu’il donne des nausées aux démocrates africains qui assistent au recul démocratique sur le continent, tant dans la forme que dans  le fond. Dans la forme, ce score rappelle l’ère des grands timoniers, pères-fondateurs de la patrie. Dans la forme, il sert de contre-exemple à l’insurrection burkinabè qui a suscité un vent d’espoir pour tous les peuples opprimés en quête de liberté et de progrès. Décidément, Brazza n’est pas Ouagadougou.

L’opposition congolaise ne doit pas être orpheline dans sa lutte contre les tentacules de la pieuvre

Mais Sassou devrait se garder de tout triomphalisme. Il a certes, comme on le dit, « gagné une bataille  mais pas la guerre. » Le référendum n’est qu’une étape et nul doute que la bande des charcutiers constitutionnels devra casser encore davantage du Congolais pour réaliser son projet d’installation du roi Sassou au Congo. L’opposition se doit de continuer le combat, d’abord pour faire mentir ces chiffres fabriqués, ensuite pour donner du sens au sacrifice de ses martyrs et enfin pour  barrer la marche vers cette forfaiture au risque de payer le prix fort de cette hideuse dictature. Les couleurs sont déjà annoncées  avec le supplice infligé à l’ancien ministre, Guy Brice Parfait Kolelas et une trentaine de compagnons d’infortune. Le pouvoir tente de l’étouffer par la faim en l’encerclant dans sa résidence de Brazzaville.

Selon  cet opposant au référendum constitutionnel, les soldats de la garde présidentielle empêchent quiconque de venir lui rendre visite. Le seul qui a pu franchir le barrage est l'ambassadeur de France qui lui a apporté des vivres. Mais l’opposition congolaise ne doit pas être orpheline dans sa lutte contre les tentacules de la pieuvre. L’Union africaine (UA) doit monter en urgence au créneau et montrer de la fermeté comme dans le cas burkinabè, car sa responsabilité est engagée au plus haut degré : elle est le dépositaire de la Charte de la démocratie et de la bonne gouvernance. La communauté internationale dont les poils sont hérissés par ce scrutin d’un autre âge ne pourra que lui emboîter le pas. En dehors de la France, bien sûr, qui s’est empressée de « prendre note » du résultat du référendum, entérinant ainsi la forfaiture du roi congolais. L’histoire nous dira quelle sera l’attitude de l’Elysée si jamais le peuple congolais venait à triompher de son oppresseur, elle qui a toujours su retomber sur ses quatre pattes, à l’image du chat.

© Source : lepays.bf

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