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© Mutations : Yanick Yemga
- 15 Sep 2015 12:41:53
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CAMEROUN :: Sans Paul Biya, un Etat bloqué ? :: CAMEROON
La gestion du pays en l’absence du président de la République suscite des interrogations.
Le chef de l’Etat a regagné Yaoundé samedi dernier après un « court séjour privé en Europe » où il a déposé ses valises depuis le 16 août 2015, soit 27 jours. Le retour du président de la République intervient dans un contexte politico-sécuritaire marqué à la fois par la guerre contre Boko Haram, avec notamment les attentats-suicides du 03 septembre dernier à Kerawa (région de l’Extrême-Nord) – qui ont fait 30 morts et 141 blessés – et surtout la grogne le 09 septembre, des militaires camerounais affectés au maintien de la paix en Centrafrique sous la bannière de l’Union africaine (Ua), puis de l’Organisation des Nations unies (Onu). Ces deux évènements survenus en l’absence de Paul Biya et donc gérés à distance, suffisent à eux seuls à questionner la marche du pays au cours de la période concernée.
Car, faut-il rappeler s’agissant singulièrement du problème des primes de ces casques bleus camerounais, que c’est bien depuis son refuge européen (Allemagne selon toute vraisemblance) que le chef de l’Etat a pensé la solution-miracle à un problème diplomatico-administratif qui aurait dû être réglé avec diligence compte tenu de son caractère sensible. Si du reste, la « haute instruction présidentielle » consistant en l’espèce au paiement « par anticipation » des droits de ces anciens militaires de la Mission internationale de stabilisation de la Centrafrique (Misca), a permis de ramener les soldats en colère dans les rangs, elle a aussi mis en évidence, l’espèce de léthargie qui se saisit de l’appareil de l’Etat, une fois son chef hors du triangle national.
En effet, selon plusieurs sources militaires, tous les signes avant-coureurs de la colère des casques bleus camerounais étaient perceptibles. « Quelques heures avant de la marche de protestation, indiquent-ils, les militaires ont échangé avec le ministre délégué à la présidence de la République, chargé de la Défense (Mindef) qui leur a dit que la solution à leur problème allait être trouvée une fois le chef de l’Etat de retour ». A priori étonnante, l’idée du Mindef – si elle est avérée – est symptomatique de l’état d’esprit de bien de membres du gouvernement qui semblent comme tétanisés, voir inaptes à suggérer ou à prendre la moindre initiative en pareille circonstance.
Pilotage à distance
Sinon, comment comprendre que de février à jeudi dernier, alors que la montée d’adrénaline était palpable chez ces militaires, personne n’ait songé au paiement « par anticipation » qui nous aurait sans doute épargnés le spectacle inquiétant de militaires camerounais battant le pavé à Yaoundé pour réclamer leur solde? Loin d’exonérer Paul Biya, cette interrogation par-delà ce dossier spécifique, pose plus globalement la question des délais de prise de décision au Cameroun. Elle suggère également, d’interroger le pilotage du pays à distance. D’autant que, comme l’explique le politologue Mathias Eric Owona Nguini, « tout le système institutionnel étant construit autour de la personne du président de la République, son absence entraine une certaine paralysie de l’ensemble ».
L’on se souvient que dans la foulée des attentats-suicides de Maroua en juillet dernier, un communiqué du ministre, secrétaire général de la présidence de la République avait été rendu public. Pour informer et rassurer les populations. La même promptitude n’a pas été de mise s’agissant de celui de Kerawa où le bilan a été pourtant plus lourd. Rappelons qu’il a fallu attendre pendant environ 10 heures avant que le gouvernement daigne confirmer cet attentat et faire un état des pertes humaines. La gestion pour le moins curieuse de l’attentat de Kerawa s’expliquerait-elle par le fait qu’elle soit survenue en l’absence de « l’alpha et de l’oméga institutionnel » ? Tout porte à le croire.
En remontant plus loin dans le temps (en février dernier), l’on pourrait également citer la gestion tumultueuse de l’affaire de l’Institut des relations internationales (Iric). Il va de soi que ce scandale aurait été géré avec moins d’heurts si Paul Biya séjournait à l’époque des faits au Cameroun. De là à penser que lorsque le président de la République vient à ne pas être surplace, tout est dépeuplé, il n y a qu’un pas. Même si l’alinéa 3 de l’article 10 de la Constitution prévoit qu’« en cas d’empêchement temporaire, le président de la République charge le Premier ministre ou, en cas d’empêchement de celui-ci, un autre membre du gouvernement, d’assurer certaines de ses fonctions, dans le cadre d’une délégation expresse ».
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