Régulation : Pourquoi Afrique Media émet toujours
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Le Conseil national de la communication n’a pas notifié la chaîne de télévision qui a déjà engagé le bras de fer.

C’est à se demander quand prendra effet la décision qui suspend la chaîne de télévision Afrique media pour un mois. « Nous n’avons toujours pas été notifié », affirmait encore le directeur de la rédaction de ce média, Albert Patrick Eya’a, joint sur son téléphone en fin de journée hier 8 juin 2015. Pourtant, la suspension de la chaîne Afrique Media a été prononcée depuis le jeudi 4 juin par le Conseil national de la communication (Cnc).

Au sein de l’organe de régulation, aucune raison n’est donnée sur ce retard dans la procédure. « Comprenez que toute la procédure sera respectée, car, lorsque nous prenons une décision, celle-ci est forcément notifiée au concerné », a dit le secrétaire général du Cnc, Jean Tobie Hond, avant de trancher court : « Je me limite à mon rôle de Sg et je n’accorde pas d’interview ». Sans plus. Fin de la conversation téléphonique. Il faut donc comprendre qu’Afrique Media sera un jour notifiée de sa suspension. Mais les responsables de la chaîne n’en ont cure. « Notre position demeure la même : Il s’agit d’un non-évènement. Nous n’allons pas fermer parce que des gens veulent satisfaire les intérêts des Français », déclare Albert Patrick Eya’a. La ligne de front avait déjà été tracée par le propriétaire de la chaîne, Justin Tagou. « Afrique Média n’est pas une entreprise de droit camerounais. Nous n’avons pas du temps à perdre avec le Cnc », a-t-il dit dimanche dernier, insistant sur le fait la priorité de l’heure est le lancement d’une nouvelle chaîne de télévision panafricaine qui fera de l’information en continue.

Pourtant, la force publique pourrait bien être déployée pour fermer Afrique Media et, surtout, suspendre sa réception au Cameroun. La chaîne de télévision a des bureaux à Douala et à Yaoundé, même si son siège est à Malabo en Guinée Equatoriale. La décision du Cnc précise que « les gouverneurs des régions du Centre et du Littoral sont chargés de l’application ». Ce rappel fait bondir Albert Patrick Eya’a. « Cette affaire ne concerne en rien les autorités administratives ; c’est une affaire des médias. En tout cas, nous attendons que les autorités viennent nous fermer et nous verrons ce qu’il y a lieu de faire ». Il réitère qu’Afrique Media n’exclut pas d’attaquer le Cnc en justice, accusant le régulateur d’abus de confiance. « En avril dernier, j’y ai conduit une délégation pour une séance de travail pédagogique.

Au cours de l’échange, le secrétaire général du Cnc a assuré qu’il n’y avait pas de sanction à prendre. C’est d’ailleurs pourquoi nos avocats n’ont rien dit. S’il s’agissait d’une audition, nous nous serions défendus. Aujourd’hui, nous sommes condamnés sans avoir été entendus », soutient M. Eya’a qui brandit, en guise de preuve, le communiqué ayant sanctionné la séance de travail au Cnc.

Ligne éditoriale

Aux sources de la suspension d’Afrique Media, il y a pourtant deux émissions diffusées sur cette chaîne : « Le débat panafricain » et « Le mérite panafricain ». Ces programmes ont été suspendus pour 6 mois. La même sanction a été infligée aux deux présentateurs : Mohamed Bachir Ladan et Juliane Magne Tadda. Ils sont interdits d’exercice de la profession de journaliste au Cameroun durant cette période. Le Cnc leur reproche un défaut d’encadrement des émissions ayant permis aux panélistes de proférer des accusations non justifiées contre des pays étrangers, notamment la France et les Etats-Unis. Et dire que la chaîne est reçue au Cameroun et en dehors. Plus globalement, le régulateur dénonce chez Afrique
Media la « récurrence des dérapages professionnelles » qui avaient déjà été portées à l’attention des responsables de cette chaîne.

Pourtant, Albert Patric Eya’a défend la ligne éditoriale du média. « Notre ligne éditoriale est claire : nous faisons du journalisme d’opinion, c’est-à-dire un journalisme engagé. Nous avons choisi de défendre une cause : le panafricanisme. Nous combattons l’impérialisme occidental contre l’Afrique. Tout le monde sait que c’est Nicolas Sarkozy qui a fait tuer Mouammar Kadhafi », explique-il, avant de conclure : « Le régime camerounais n’a aucun problème avec nous, pareil pour le régime tchadien et le régime équatoguinéen ». Mais c’est à se demander si défendre l’Afrique c’est pousser les Africains à détester les autres.

Morceaux choisis des propos tenus sur Afrique Media et indexés par le Cnc

Emission « Le débat panafricain » du 1er février 2015

« … Monsieur Hollande et les autres servent de couverture à des organisations ésotériques qui ont des projets criminels pour l’Afrique » « … C’est Paris qui sous-traite avec les Etats-Unis afin d’équiper Boko Haram en armement » « … Ce qui s’est passé à l’hôtel Ivoire n’est qu’un euphémisme par rapport à ce qui se passera au Cameroun » « … Le calme que les Français sont en train de voir n’est que ce qui précède une violente tempête…

Cette tempête ne sera pas contre nos gouvernants, mais plutôt contre l’ambassade de France à Yaoundé et le consulat de France à Douala. Toutes les dispositions sont déjà prises au niveau de la jeunesse… »

Emission « Le mérite panafricain » en février et mars 2015

« …C’est la CIA qui informe Boko Haram au Nigéria »
« … Monsieur Sarkozy est un vandale, un brigand, un voleur, un tueur… » « … Paris finance et soutient Boko Haram »

© Le Jour : Assongmo Necdem et Prince Nguimbous

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