Débat Kamto vs Cabral Libii : opportunité démocratique ou piège politique pour l’opposition ?
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Alors que le Cameroun s'approche d'une échéance électorale cruciale, l'idée d’un débat télévisé entre Maurice Kamto et Cabral Libii suscite des interrogations profondes sur sa pertinence. Dans une analyse partagée sur les ondes d’Équinoxe, Donald Brice Kamgang, journaliste aguerri et observateur politique, expose une perspective lucide et sans complaisance : un tel débat ne servirait qu’à fragiliser davantage l’opposition camerounaise au profit du pouvoir en place.

La scène politique locale ne peut être comparée à celle des États-Unis ou de la France. Dans ces démocraties consolidées, les débats télévisés sont encadrés, équitables, et souvent obligatoires pour le président sortant, qui doit rendre des comptes. Au Cameroun, le chef de l’État, Paul Biya, n’a jamais participé à un débat politique depuis près de 42 ans de pouvoir. Sa stratégie repose sur le silence, la rareté, et l’invisibilité. Il est presque acquis qu’il ne se prêtera jamais à l’exercice, rendant toute confrontation médiatisée entre ses adversaires un déséquilibre stratégique.

Organiser un débat entre Kamto et Cabral en l’absence du principal concerné reviendrait à une joute fratricide, offerte sur un plateau à un régime qui, lui, reste mutique mais gagne en stabilité face à une opposition divisée. Le RDPC, de son repère à Mvomeka'a, ne demanderait pas mieux : observer les principaux challengers s’affronter pendant que son candidat s’économise et évite toute exposition.

Dans un contexte où le système électoral à un seul tour empêche toute redistribution des forces au second round, affaiblir l’un ou l’autre candidat d’opposition à travers un débat pourrait se révéler suicidaire. Ce format ne permet pas de rattrapage ; le perdant d’un éventuel clash télévisé ne bénéficierait d’aucune alliance salvatrice.

La question mérite donc plus que du sensationnalisme. Elle appelle à une stratégie collective, réfléchie, fondée sur la solidarité de l'opposition, la réclamation des réformes électorales, et la recherche de mécanismes équilibrés pour permettre un débat utile, inclusif, et non toxique. Car au final, la véritable bataille n’est pas entre Kamto et Cabral, mais entre un peuple assoiffé de changement et un pouvoir qui s’éternise.

Un débat sans le président-candidat, c’est une illusion de démocratie. Et dans cette illusion, la division devient un piège, et le piège, un échec politique.

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