Une délégation gouvernementale est au siège de la Fifa depuis hier.

L’avenir immédiat de la fédération camerounaise de football (Fécafoot) se dessine à Zurich dès ce jour. Une délégation gouvernementale conduite par Louis Paul Motaze a quitté Yaoundé hier soir pour le siège de la Fédération internationale de football association (Fifa). Avec pour mission de rendre compte à Sepp Blatter et ses collègues du Comité exécutif de la Fifa, des négociations entamées entre les principales parties dissidentes dans la crise que traverse la Fécafoot, au sujet du processus électoral. «Le Sgpm va là-bas négocier une sortie de crise qui satisfasse l’ensemble de la famille puisqu’on est désormais dans la conciliation et l’arbitrage», d’après un proche du dossier.

D’autant plus que c’est le négociateur en chef désigné par Philemon Yang, le secrétaire général des services du Premier ministre en personne, qui conduit cette troisième délégation au siège de la Fifa. En tout cas, la composition de la délégation est révélatrice de la mission. Louis Paul Motaze est accompagné de quatre personnes : Tombi à Roko Sidiki (le secrétaire général de la Fécafoot et candidat à la présidence de la Fécafoot), Adoum Garoua (le ministre des Sports et de l’éducation physique), le sénateur Alioum Alhadji (un opposant au régime de la Normalisation, proche d’Abdouraman Hamadou), et un autre collaborateur du premier ministre, selon nos sources. «Celui-ci pourrait être Didier Ndongo ou Harouna Hassan», suppute une source proche du dossier. Les deux personnes étant des employés des Services du Premier ministre, généralement associés aux négociations sur cette crise.

Tombi, l’œil de la Fécafoot ?

Et Tombi à Roko dont la candidature est très redoutée par ses adversaires qui le voient proche du Comité de normalisation, est presque imposé par la Fifa, selon des informations concordantes. Le Sg/Fécafoot qui n’a pu voyager qu’après avoir reçu son passeport confisqué en janvier par le Tribunal criminel spécial, pour une affaire d’accusation de mal gouvernance finalement non fondée. En quelle qualité voyage-t-il ? Difficile de le savoir. Toujours est-il que la Fifa avait clairement indiqué dans la note qui nommait les membres de la Normalisation, que le secrétaire général n’allait pas faire partie dudit Comité. Alors que la personne de cet administrateur faisait partie du problème des adversaires au clan resté fidèle à Iya Mohammed, Tombi à Roko est resté de marbre et loyal à ses nouveaux patrons. Sera-t-il l’œil de l’institution Fécafoot lors des négociations ?

Rien n’est moins sûr tant l’homme a gardé sa casquette de secrétaire général malgré les exigences de ses adversaires de le voir démissionner, ou d’être mis en congé par Joseph Owona. Toujours est-il que la balance allait certainement être déséquilibrée. Louis Paul Motaze n’ayant pas amené des représentants du clan contesté, ni la Fécafoot. «C’est une délégation gouvernementale ; nous n’avons pas été associé à ce voyage. Donc nous ne savons pas exactement quel est l’agenda de la délégation, mais il est clair que le gouvernement voulait rencontrer les responsables de la Fifa avant leur réunion», affirme un cadre de l’administration de la Fécafoot. Quoi qu’il en soit, «à partir des négociations menées par le Premier ministre, on comprend que le gouvernement veut qu’on en finisse une fois pour toutes», pense un proche de la Fécafoot.

En effet, c’est Louis Paul Motaze qui représente le Premier ministre dans le dernier round des négociations entamées par le gouvernement, pour ramener la paix. Un dernier round engagé par le Chef du gouvernement, après la décision du Tribunal arbitral du sport (Tas) de Lausanne, du 19 février dernier, annulant le processus électoral qui atteignait son point final, sur les plaintes d’Antoine de Padoue Essomba Eyenga et Abdouraman Hamadou. Dénonçant l’adoption des nouveaux statuts et Code électoral de la Fécafoot par l’Assemblée générale de 2013, alors que les plaignants s’attendaient à voir l’Ag de 2009, donner l’onction définitive de la famille du football, aux nouveaux textes.

Le TAS et l’embarras juridique

La décision du Tas avait mis Joseph Owona et compagnie dans une position embarrassante, car il fallait simplement tout recommencer, à défaut de pouvoir obtenir une négociation avec les adversaires au processus électoral. Dans tous les cas, les yeux étaient restés rivés du côté de la Suisse. Joseph Owona, le président du Comité de normalisation de la Fécafoot s’étant remis à la sagesse de son patron, la Fifa. Non sans avoir suspendu les activités des exécutifs issus du processus électoral qu’il conduit. Le temps de voir clair.

En face, Abdouraman Hamadou, le président de l’Etoile filante de Garoua (l’une des factions car la Fécafoot reconnait à ce poste Amadou Abdoulaye), avait clairement affiché son refus de négocier avec les perdants dans l’affaire. C’est là que Philemon Yang qui peine à trouver une issue pacifique dans cette crise dès le départ, a repris le sceptre de pacificateur, pour rappeler les uns et les autres à la table des négociations. Y associant Joseph Antoine Bell, le sénateur Alioum Alhadji, proche d’Abdouraman qui n’avait pas été admis à la table des négociations (tout comme Essomba Eyenga). Ni les deux, ni le Comité national olympique et sportif du Cameroun (Cnosc) qui a rendu à l’échelle nationale toutes les décisions contestées par la Fécafoot, ne sont à Zurich, contrairement à la dernière fois où Grégoire Owona, vice-président de l’instance, avait conduit la délégation, pour obtenir le 3ème report de l’élection fédérale.

Après la mission de la délégation gouvernementale, le Comité exécutif de la Fifa se penchera sur le cas Cameroun lors de ses assises des 19 et 20 mars 2015. On sait que la dernière prorogation du mandat du Comité de normalisation s’étendant jusqu’au 20 mars. Le sort de Joseph Owona est aussi lié à l’issue des négociations que va mener Louis Paul Motaze. Mais il sera difficile pour Sepp Blatter de désavouer celui qui a conduit le processus depuis bientôt deux ans. A la fin du processus. Joseph Owona, lui, s’est déjà montré prêt à assumer jusqu’au bout, ses responsabilités. Sauf retournement (spectaculaire) de la situation à Zurich.