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© Source : L'Equation
- 20 Feb 2015 00:33:14
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CAMEROUN :: Cameroon Airlines : Yves-Michel Fotso n’est pas au bout de son cauchemar
Le dossier des avions de location dans la flotte de la compagnie nationale de transport aérien va davantage enfoncer le fils du milliardaire.
Déjà condamné une première fois à une peine majuscule de vingt-cinq ans dans le cadre de l’affaire foireuse de l’avion présidentiel, le golden boy de bandjoun risque bien gros cette fois avec l’ouverture du dossier des avions de location, étendu à la gestion des indemnités d’assurance perçus à la suite du crash du 747-Combi. Yves-Michel Fotso, présenté comme expert en aéronautique civile avait le défaut de ses convictions. Il pensait par exemple qu’on pouvait rentabiliser une compagnie aérienne en recourant systématiquement à des avions pris en location. Pour qu’une telle option puisse marcher, on devrait s’assurer que les avions volent à plein régime et ne restent pas inutilement cloués au sol. À la Camair de Michel Fotso, on éprouvait toutes les difficultés de la terre à faire le plein des passagers.
À une seule exception notable, il est arrivé qu’on affrète deux vols le même jour, l’un à la suite de l’autre, pour rallier Paris. Mais le reste du temps, les avions de location volaient vides et ne se rentabilisaient donc pas. Bien au contraire, ils contribuaient à creuser le trou d’une trésorerie déjà peu rassurante. À l’arrivée, on compte les dégâts. La compagnie ne faisait pas de provisions pour amortissement, elle se saignait à chaque fois pour payer des loyers des avions.
Fotso était lui-même le bailleur des avions
Lorsque les noms de certaines entreprises reviennent avec insistance au cours du procès, il y a fort à parier que le pot aux roses ait déjà été découvert. Les juges d’instruction n’auront pas besoin d’ordonner de nouvelles enquêtes. Le dossier a déjà fait l’objet d’une grosse enquête par un cabinet londonien, aPM (Aircraft Portofolio management) à ne pas confondre avec cet autre aPM (Aircraft Portofolio Management), son homonyme camerounaise créée à la hâte par atanganaMebara, Inoni ephraim et Otélé Essomba. Du rapport volumineux pondu par le cabinet londonien, il apparaissait que tous les contrats de location des avions avaient été grossièrement surfacturés.
Ces trop-perçus avaient représenté, selon une première estimation, le montant astronomique de 103 milliards de francs français. Les prix avaient par moments été multipliés par deux ou par trois, ce qui a pu alimenter tous les soupçons des enquêteurs. Avant de recourir aux bailleurs d’avions connus de lui seul, il louait déjà ses propres avions. Ainsi donc du Boeing 737- 200du groupe Fotso, loué à la compagnie pour 4,5 milliards à l’année dans un contrat qui donnait du vertige à force d’être bétonné : l’argent était dû et payé même lorsque l’avion ne pouvait pas assurer des vols.
Les milliards reçus des assureurs, un total de plus de 34 milliards, avaient eu raison des derniers soupçons de prudence qui restaient au gestionnaire. Il s’est laissé aller à des dépenses somptuaires qui assuraient que le crash n’était pas loin. Au final, on surtout aussi aidé Yves-Michel Fotso dans sa descente aux enfers. Un certain Etienne Ntsama, ancien ministre des Finances et directeur de banque au Cameroun a cautionné les choix catastrophique du directeur général alors que, en sa qualité de Président du conseil d’administration, il avait au moins un droit de regard sur la gestion de l’entreprise. L’ancien ministre appelait ainsi à applaudir la gestion de l’équipe de direction qui venait d’acquérir, nous disait-on, un Boeing 747 baptisé « big boss » en location avec option d’achat. Le Pca assurait alors que chaque fois que le Cameroun payait une échéance de loyer, une partie de l’avion devenait la propriété du Cameroun.
C’est le principe d’une location-vente. L’avion en question a disparu de la circulation du jour au lendemain, pratiquement au même moment où Yves- Michel Fotso était débarqué de la Cameroon airlines. Et l’examen des audits de la compagnie laisse alors apparaître quelques curiosités. L’avion n’a jamais été pris en location-vente. La direction générale s’était plantée de manière inexplicable et avait prix des locations simples pour des locations ventes. La nuance la saurait cependant prêter à confusion, entre les « financial leases » et les « commercial leases » dans la langue de Shakespeare.
Un expert nommé Francis nana
Le cabinet londonien aPM n’aura pas été le seul cabinet à avoir enquêté sur les avions loués à la compagnie nationale. La compagnie connaîtra un autre directeur général après Yves-Michel Fotso : le centralien Thomas Dakayi kamga. C’est ce dernier qui va appeler un de ses cousins basés lui aussi à Londres pour une mission très spéciale qui consistera à renégocier les loyers de deux avions que l’on savait surfacturés. La renégociation ou la relecture des contrats est une mission pour avocat. Mais Dakayi va la confier à son cousin Francis nana qui n’est qu’expert-comptable.
Bien qu’il soit expert-comptable, il a pu se rendre coupable d’exercice illégal de la profession d’expertise comptable, n’étant inscrit à aucun ordre professionnel de métier. Conséquence, au lieu de renégocier les contrats léonins passés par Yves-Michel Fotso, l’expert-comptable est passé à côté de son mandat et a plutôt commencé à décrier la gestion de l’ancien patron. Ce qui n’avait nullement été sa mission. On lui intentera un procès en diffamation qu’il perdra, avec une coquette amende à la clé.
Il n’empêche, les révélations de l’expert-comptable va pouvoir alimenter les charges contre Yves Michel Fotso qui faisait l’ingénieux avec son vaste réseau de société-écrans. Au-delà du fait, une autre mission viendra fourrer le nez dans les dossiers des avions de la Camair, ce sera l’aPM version camerounaise avec l’équipe d’Otélé Essomba. Les deux derniers experts cités et commis pour renégocier les contrats vont avoir de belles surprises : au moment de commencer les enquêtes, ils s’apercevaient que les contrats avaient
déjà été renégociés, quelqu’un les avaient simplement précédés. Si ce n’est Yves-Michel Fotso lui-même.
Le combi, chanas assurances et les autres…
La compagnie Chanas assurances avait-elle pu assurer le 747 Combi ? Rien n’est moins sûr. Ce sont les assureurs de la Lloyds à Londres qui ont indemnisé le sinistre. À moins qu’il existe des accords de réassurance entre le géant britannique et le courtier camerounais qui va racheter le portefeuille de sa société mère, la Socar au Cameroun. La situation pourrait être plus embrouillée encore. Lors du crash majeur d’un Boeing 737 à Douala en 1995, on a découvert que l’assureur local, Chanas assurances, n’avait couvert ni le personnel navigant technique, ni le personnel commercial navigant.
Personne n’a donc jamais été dédommagé. Mieux encore, même l’outil de travail qui était censé couvert par une police d’assurance n’a pas été remplacé. a la place, il y a eu une belle histoire de milliards payés par les Sud-africains, coupables d’avoir mal assuré la maintenance de l’appareil. Il est donc improbable que cette compagnie d’assurance ait pris sur elle d’assumer toute seule le risque d’un gros avion comme le 747-Combi. Les milliards payés par la Lloyds faisaient doublement les affaires de Fotso. D’abord, il réalisait des recettes exceptionnelles de plusieurs dizaines de milliards. De plus, l’argent étant versé en dollars, il en avait besoin pour les opérations de sa banque. Enfin, Fotso n’a jamais consenti ou pris lui-même l’initiative de vendre l’épave de l’avion. Il a été mis devant le fait accompli. L’avionneur déclarait que l’avion était irrécupérable, les assureurs proposait de verser un peu d’argent une échange de l’épave de l’avion. Qu’allait faire de l’épave d’un avion dont personne ne voulait ?
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