8e Mandat de Paul Biya : Investiture sous Tension et Crise Politique Inédite au Cameroun
CAMEROUN :: PRéSIDENTIELLE 2025

8e Mandat de Paul Biya : Investiture sous Tension et Crise Politique Inédite au Cameroun :: CAMEROON

Yaoundé a été le théâtre d'une cérémonie d'investiture empreinte d'une atmosphère lourde et sous haute surveillance. Paul Biya, à 92 ans, a prêté serment pour son huitième mandat de sept ans, marquant la poursuite d'un règne de plus de quatre décennies au Cameroun. Cette prestation de serment, qui s'est déroulée devant le Parlement, intervient toutefois dans un climat politique extrêmement tendu, caractérisé par des contestations massives, des accusations de fraude et une répression meurtrière dénoncée par des organisations internationales.

Le président sortant, crédité de 53,7 % des voix selon le Conseil Constitutionnel, a prononcé un discours dans l’hémicycle en l'absence notable de tout dirigeant étranger, signe des préoccupations que soulève ce scrutin sur la scène internationale. Il a reconnu la « gravité de la situation » et « l’ampleur des attentes », dans un rare moment d’introspection. Néanmoins, cet engagement à être « digne de cette confiance » contraste fortement avec les réalités de terrain et le bilan humain des manifestations post-électorales.

Le Bras de Fer d'Issa Tchiroma et la Fracturation du Pays

L’autre acteur majeur de cette crise post-électorale est Issa Tchiroma Bakary, ancien allié devenu opposant, qui revendique la victoire continue d'affirmer qu'il est le véritable président élu. Ses appels répétés à la désobéissance civile, notamment l'opération « villes mortes », ont mis en lumière la fracture du pays. Douala, le poumon économique, ainsi que des villes du Nord comme Garoua, ont répondu massivement, affichant des rues désertes et des commerces fermés. Inversement, Yaoundé est restée largement active, illustrant des dynamiques régionales et une différence de l'adhésion à la contestation.

Face à cette mobilisation citoyenne, les autorités ont répliqué par une répression sévère. Des manifestations ont été violemment dispersées, entraînant plusieurs morts et des centaines d'arrestations. Le gouvernement a réagi en menaçant de poursuites judiciaires l’opposant, l’accusant d'« appels à l’insurrection ». L’International Crisis Group (ICG) a d'ailleurs tiré la sonnette d'alarme dans un rapport, signalant un risque élevé d’aggravation des troubles si aucune des parties n'est prête à reculer. L’Union européenne, l’Union africaine et le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme ont également condamné les violences et réclamé une enquête indépendante.

Les Signaux d'Instabilité Institutionnelle

Au-delà de l'opposition politique, des scènes inhabituelles ont marqué la cérémonie. Un court échange entre Paul Biya et un officiel, où le président semblait momentanément désorienté, a fait le tour des réseaux sociaux. De plus, l'absence remarquée du président du Sénat, Niat Marcel, successeur constitutionnel du chef de l’État et rapporté comme étant en incapacité de marcher, accentue les interrogations sur la stabilité institutionnelle et la question de la succession.

Ces éléments, cumulés aux accusations de fraude et à la violence, soulignent que le nouveau mandat de Paul Biya s'ouvre sur une période de grande fragilité, faisant de la nécessité d'un dialogue national urgent une priorité absolue pour la paix civile.

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