L’inconsistance des critiques adressées à ceux qui revendiquent la victoire d'un candidat
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Les réactions suscitées par la revendication de victoire d'un candidat des dernières élections présidentielles révèlent une profonde incohérence intellectuelle et politique chez certains commentateurs (parmis lesquels de nombreux universitaires). Beaucoup semblent confondre les fondements d’un processus électoral avec des considérations morales, émotionnelles ou personnelles qui n’ont rien à voir avec le décompte des voix. Dans une élection, la question centrale n’est pas de savoir si un candidat plaît ou non, s’il a un passé irréprochable ou s’il a déjà servi le pouvoir, s'il a fait allégeance à telle puissance. Elle est avant tout arithmétique : qui a obtenu la majorité des suffrages exprimés ? Aucun individu, aucune institution  n'est au dessus des Électeurs : c'est même l'essence de la démocratie. 

Or, au lieu d’exiger la transparence du scrutin ou la publication des procès-verbaux de dépouillement, certains se livrent à une diversion morale : ils rappellent des épisodes de la vie politique de tel candidat, évoquent ses contradictions passées ou même son comportement antérieur. Ces arguments, aussi légitimes soient-ils sur le plan éthique, ne peuvent en rien invalider une revendication électorale fondée sur les chiffres. Ils traduisent plutôt une incapacité à séparer l’analyse politique du jugement affectif. Il ne s'agit pas de savoir si on aime ou on aime pas untel, mais qui a obtenu le plus grand nombre de voix : c'est tout.  Sinon, on sort des logiques démocratiques pour adopter autre modèle. 

Critiquer ceux qui demandent la vérité des urnes (comme le font de nombreux collègues ces derniers temps), au nom de la paix, c’est détourner le débat de l’essentiel : la souveraineté du peuple et la fiabilité du vote. Refuser de discuter des preuves chiffrées, c’est cautionner implicitement l’opacité électorale et entretenir le soupçon permanent de fraude. Dans une démocratie digne de ce nom, la victoire ne se conteste pas sur la base de souvenirs ou de rancunes, mais sur la base des procès-verbaux, des résultats consolidés et vérifiables.

Ainsi, ceux qui attaquent les partisans de certains  candidats pour avoir revendiqué la victoire se trompent de combat. Le véritable enjeu n’est pas ce candidat ou ces candidats, mais la crédibilité du processus électoral. En s’en prenant à la revendication plutôt qu’au système qui produit le doute, ils se rendent complices....

La philosophie morale, depuis Kant, enseigne que l’action juste est celle qui peut être érigée en loi universelle. Dans Fondation de la métaphysique des mœurs, Kant écrit  « Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle. » 

Ceux  qui légitiment la répression, la corruption ou le mensonge pour des raisons d’allégeance politique, de calcul politique ou de detestation de certains candidats acceptent implicitement qu’un jour ces mêmes armes se retournent contre eux mêmes : ce que j’accepte pour autrui, je l’accepte pour moi-même. Plus concrètement, si "nous" justifions la fraude, pourquoi devrions nous ne pas justifier et accepter le non paiement de la prime et de la dette académique ? Si la fraude est acceptée pour la préservation de la paix, le non paiement de la prime, de la dette académique et des prestations diverses doivent aussi être acceptés pour  la même raison. Celui qui s’est fait le défenseur d’un système injuste finit par être broyé par ce même système, car l’injustice ne reconnaît ni amis ni ennemis — elle ne sert que ses propres fins.

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