Ivan  Manga: " Phase de lancement, important pour le porteur du projet de faire une levée des fonds"
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Ivan Kharl Manga fait partie des camerounais qui ont décidé de se lancer dans l’univers très large de l’entreprenariat. A côté de ses anciens collègues qui ont choisi la voie du marketing, de la communication ou du commerce électronique, ce féru de la finance a décidé d’accompagner les jeunes entrepreneurs et les PME dans la gestion de leurs budgets au quotidien.

Les PME camerounaises font très souvent face à plusieurs difficultés qui rendent le secteur timide et lent,et par ricochet ont un gros impact sur l’économie du pays. A travers cet échange, Ivan Kharl MANGA, CEO d’ECLIPS, un cabinet conseil qui traite de la gestion des PME au plan de la comptabilité et de la fiscalité, partage son expérience dans le domaine en apportant des réponses aux questions que l’on se pose très souvent.

Monsieur Manga bonjour et merci de répondre à cette interview

C’est moi qui vous remercie d’avoir pensé à ma personne pour vous éclairer sur des sujets plus ou moins complexes.

D’entrée de jeu, qui est Ivan Kharl Manga ?

Ivan Kharl Manga est un jeune camerounais passionné par la finance d’entreprise, le E-Commerce et les problématiques des PME camerounaises. Diplômé en études supérieures de commerce option gestion financière et comptabilité à l’ESSEC Business School de Douala ; et en Audit à l’ENSET de Douala, je jouis d’une dizaine d’années d’expérience professionnelle. Ce court temps m’a permis, grâce à mon passage dans un bureau d’études, deux cabinets d’expertise comptable et dans les multinationales de toucher de près les problématiques des entreprises camerounaises.

Parmi les entreprises où j’ai travaillé on peut citer le Fonds National de l’Emploi, un établissement de micro finance les CEPI, le Conseil National du Crédit à la BEAC ; le bureau d’études Multipolaire, les cabinets d’expertise comptable Axys Audit & Fiduciaire Audit Afrique (ex représentant Arthur Andersen et JPA International) ; et le Leader du E-Commerce en Afrique Jumia.

L’avantage d’une carrière aussi diversifiée c’est d’avoir touché tous les secteurs d’activités, mais surtout grâce aux startups d’avoir pu cerner les milliers de problématiques et procédures. Cette compétence ne demande qu’à être exploitée par des entreprises dont l’ambition est certaine.

Nous abordons la question du financement. Le financement est-il un point important pour une entreprise ?

Dans la phase de lancement il est important pour le porteur du projet de faire une levée des fonds. Sachant que ces derniers ont une capacité financière très faible, ils ont recours soit au crédit bancaire, soit à une levée des fonds pour le capital, soit à des sociétés de « capital investment » entre autres. Pendant la phase opérationnelle, les dirigeants d’entreprise ont recours aux EMF (Etablissements de microfinance) qui leur offrent des facilités de crédit (affacturage, crédit documentaire, découverts, etc.) à des taux très élevés ; à des banques, etc.

Trouver les fonds pour gérer son activité est donc un problème impérial pour chaque dirigeant d’entreprise, c’est pourquoi ils doivent se doter de collaborateurs dynamiques et compétents qui peuvent trouver les meilleures solutions (facilité de mise en place et coût) dans le respect des délais. Pragmatisme et réactivité sont les qualités d’un bon DAF (Directeur Administratif et Financier) qui devra trouver des solutions aux équations de financement avant même qu’elles ne surviennent. Et même lorsque l’entreprise est sur une bonne passe, il est important de faire des prévisions afin de faciliter le pilotage.

Pourquoi vous intéressez-vous au secteur des PME ?

La PME reste mon centre d’attention car c’est d’une part un secteur porteur, il doit se développer pour atteindre l’émergence en 2035. D’autre part, c’est un secteur désorganisé qui a besoin d’accompagnement pour se structurer.

Partagez-vous l’opinion commune de nombreux experts qui met la question du financement au cœur de la fermeture de beaucoup de PME ?

Non il y a 8 raisons principales à la fermeture des PME et le financement n’occupe que la 5e position. Ces raisons sont : la démotivation ; les défis du marché (compétition, difficultés à vendre) ; les motifs personnels touchant le dirigeant (santé, succession, etc.) ; l’environnement des affaires (normes, fisc, licences, etc.) ; les problématiques financières (sous-capitalisation, Insuffisance de liquidités) ; la précarité de l’emploi (la pme est considérée par les employés comme un tremplin, Départ de collaborateurs clés), la gestion interne de l’entreprise (Le manque d’anticipation, Technologie obsolète), et les facteurs professionnels (Manque de compétence en gestion de la part du dirigeant, Localisation inappropriée, Défaillance de la comptabilité ou du système d’informations, Défaut d’informations et manque de conseils)

Si le financement occupe la 5e place elle n’est pas la moindre, mais nous pouvons voir que la défaillance des pme est liée à des problèmes d’organisation en amont (avant la création, et en aval dans le management).

Que diriez-vous à une jeune PME qui rencontre des difficultés de financement ?

Le déficit de financement des PME est associé à un manque d’informations d’une part, et à un déficit d’appétit pour le risque des institutions financières d’autre part. Ces deux problèmes peuvent être résolus par une meilleure organisation et des formes non conventionnelles de financement. Chaque PME en difficulté de financement devrait d’abord réaliser un audit organisationnel et ensuite analyser les méthodes de financement les plus appropriées par rapport à leur structure et leurs valeurs.

Parlons de la comptabilité et de la fiscalité. Où est-ce que vous placez les entreprises camerounaises, notamment les PME à ce niveau ?

Si nous mettons les facteurs professionnels sur la dernière marche des raisons d’échec, la tenue de la comptabilité et la gestion fiscale demeurent importants car les PME camerounaises misent tout sur la compétence du gérant et oublient le management. Il est triste de voir dans la majorité des petites entreprises que ce sont des services inexistants. En tant que conseil, je dirai aux PME de mettre en avant le Management des ressources financières car grâce à lui, elles peuvent significativement réduire les raisons d’échec de leurs entreprises.

Pourquoi est-ce qu’il est difficile de trouver de véritables stratégies comptables dans les PME ?

En général, le dirigeant de PME a une compétence en technique et néglige le management. C’est pourquoi il ne recrute que les agents de saisie (comptable & caissier) dans le département finance. Aucune analyse ou planification n’y est faite.

Quel est l’impact de la comptabilité et de la fiscalité dans la vie d’une entreprise ?

La tenue d’une comptabilité est essentielle pour la bonne gestion d’une entreprise. Elle est non seulement obligatoire pour du point de vue légal pour toute entreprise, mais elle est aussi indispensable pour les différentes analyses qui aideront aux différentes décisions afin de faire prospérer l’activité. Le dirigeant a besoin de consulter et d’analyser régulièrement les données financières fournies par le bilan comptable, le compte de résultat et les divers états comptables. Cela lui permet de mesurer l’importance des bénéfices ou encore de déterminer le volume des charges. Il pourra alors connaître si l’activité est rentable.

Lorsqu’on parle de la fiscalité des entreprises, ce qui vient souvent à l’esprit est le taux de l’impôt sur les sociétés qui s’élève à 33,3 %. Cependant, ce n’est pas le seul impôt que les entrepreneurs doivent prendre en compte lorsqu’ils décident de créer une société. Actuellement, la charge fiscale pesant sur une entreprise moyenne au Cameroun représente 62,7 % de son bénéfice net avant impôts. En effet, la fiscalité des entreprises comprend tous les impôts et taxes dus par une entreprise. En plus de l’impôt sur les bénéfices, la fiscalité des entreprises comprend les charges patronales versées en proportion de la masse salariale, les impôts fonciers et d’autres taxes secondaires. Chacun de ces impôts est sujet à différents traitements, interprétations et allègements fiscaux, ce qui conduit à une complexité accrue de l’impôt. Maitriser les impôts et taxes auxquels la société est assujettie devient impérial pour tout entrepreneur afin d’éviter les désagréments de l’administration.

Vous avez de l’expérience dans le e-commerce de par vos années passées, pensez-vous que la technologie pourrait jouer un rôle important dans le développement des PME ? Si oui, comment ?

Il est évident que nous sommes à l’heure de l’économie numérique. De ce fait, la technologie occupe une place prépondérante dans la croissance des entreprises et seules les entreprises dotées d’anticipations et d’une technologie de pointe seront en pole position. La technologie vient faciliter le travail de l’homme, l’améliorer, mais surtout le rendre optimal. Bien que le coût d’acquisition de nouvelles technologies soit extrêmement élevé, les PME ne doivent pas faiblir dans cette course à l’armement. L’Afrique en général et le Cameroun en particulier possèdent de nombreux atouts et potentiels technologiques (cas particulier des développeurs) que les PME se doivent d’utiliser. Pour rappel plus de 3/5 des milliardaires à l’heure actuelle sont issus de l’économie numérique ou ont dû intégrer la technologie dans leurs startups.

Les PME représentent l’avenir, car c’est un domaine qui donne l’opportunité à chacun. Quelle solution, au vu du contexte actuel ?

Les PME se limitent trop aux compétences de base qu’elles disposent. Les dirigeants devraient donner à la technologie et au conseil, une place prépondérante dans leur plan de développement.

L’état du fisc au Cameroun ne constitue-t-il pas un frein pour le développement des PME au Cameroun ?

Tous les entrepreneurs pensent que le fisc est un frein au développement de leurs PME, mais le fisc est un acteur majeur du développement d’une économie avec qui il faut travailler pour grandir. Malgré l’élargissement accéléré de l’assiette fiscale auquel nous assistons depuis une décennie, des améliorations sont effectuées tous les jours afin de rendre la vie du contribuable plus aisée. Nous pouvons remarquer la diminution des contrôles fiscaux et des VGE (Versions générales des impôts), une meilleure assistance dans les Centres d’impôts, des procédures plus fluides et plus rapides, l’introduction du numérique dans les procédures fiscales (télé-déclaration, immatriculation, attestation de non redevance, etc.)

Quels sont vos souhaits pour ECLIPS ?

Comme tout chef d’entreprise je souhaiterais la pérennité, ce qui passe par la rentabilité. Mais je ne vise pas la rentabilité à tous les prix. Je voudrais donc faire grandir mes partenaires et participer à la construction d’entreprises stables, pérennes, et mieux organisées.

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