Un caissier du Minfi se réfugie derrière un cambriolage
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Il déclare que la somme de 95 millions de francs au centre de son procès devant le TCS a été dérobée dans son bureau par des malfrats à la suite d’un vol.

Pour Nicolas Many Minkandi, les 95 millions de francs au centre de son procès devant le Tribunal criminel spécial (TCS) ont été emportés par des malfrats à la suite du cambriolage de son bureau au ministère des Finances (Minfi), en août 2018. Ancien régisseur (caissier) de l’Unité pour la haute intensité de la main d’oeuvre en abrégée Unité Himo il a tenté de convaincre les juges qu’il est innocent le 22 novembre dernier. En service au ministère des Finances, l’accusé explique que le 1er novembre 2013, il était désigné régisseur de l’Unité Himo, une structure du ministère de l’Economie. A cette fonction, il était seul habileté à gérer les fonds mis à la disposition du Programme pour le financement de ses activités.

En 2018, l’Unité Himo envisageait d’organiser trois séminaires. L’organisation de ces assises allaient se tenir à des dates différentes dans trois régions du pays et nécessitait chaque séminaire un financement d’un peu plus de 27 millions de francs. En réaction à une correspondance du coordonnateur du programme, le ministre de l’Economie saisissait son collègue des Finances afin qu’il mette à la disposition de sa structure la somme de 84 millions de francs. L’accusé avait porté l’ordre de retrait desdits fonds auprès de la Pairie générale du trésor. «A cause des tensions de trésoriers, la Pairie avait décidé de procéder au paiement partiel en cinq tranches», déclare l’accusé.

Sécurité renforcée

M. Many Minkandi indique avoir procédé au premier retrait d’argent d’un montant de 20 millions de francs le 12 avril 2018. Les quatre autres retraits oscillants entre 15 et 20 millions de francs ont été effectués le 16 mai, le 20 juin, le 19 juillet et le 17 août 2018. Au bout du compte, c’est la somme de 90 millions de francs que l’accusé avait effectivement retiré au trésor public. Le portail des camerounais de Belgique (Camer.be). Au lieu de mettre les fonds perçus à la disposition du coordonnateur de l’Unité Himo, M. Many Minkandi prétend avoir pris l’habitude d’entasser l’argent décaissé dans les tiroirs de son bureau «individuel » dont il avait pris soin de «renforcer la sécurité», en ajoutant «deux serrures».

«Entre le premier et le dernier retrait, il s’est écoulé environ sept mois. Pourquoi conserviezvous cette somme ?», interroge Me Mbala Manassé, le conseil de l’accusé. Le mis en cause va apporter deux arguments pour justifier son choix de garder les fonds litigieux dans son bureau. D’abord à cause de la remise partielle des fonds, dit-il. Ensuite parce qu’il a été désigné chef de la mission pour le comptage physique du personnel de l’Etat pour la région de l’Adamaoua. La mission avait une durée de trois mois : du 25 avril au 12 juillet 2018. Mais à cause des difficultés pratiques sur le terrain, la mission de recensement a été prolongée au mois de novembre de la même année. «Que faites-vous lorsque vous constatez que l’argent a disparu ?», demande Me Mbala Manassé. L’accusé raconte qu’après la découverte du cambriolage de son bureau, de retour de la région du Château d’eau, il a alerté sa hiérarchie et la police judiciaire. Avant de requérir les services de Me Owona Mboudou, huissier de justice à Yaoundé, pour constater le cambriolage le 3 septembre 2018.

Rendez-vous manqué

Pendant le contre-interrogatoire, le ministère public a demandé à l’accusé, avec insistance, pourquoi il ne mettait pas à la disposition du coordonnateur les fonds litigieux après chaque décaissement. «Les deux premiers retraits d’un montant de 40 millions permettaient déjà d’organiser un premier séminaire. Pourquoi n’avez-vous pas informé le coordonnateur du Programme ?» «Il était difficile pour moi de satisfaire cette exigence, car ma désignation comme chef de mission nécessitait ma présence physique sur le terrain. Je n’avais pas l’information ni des villes, ni des dates retenues pour les différents séminaires », réagit l’accusé.

Le magistrat du parquet a rappelé à l‘accusé que le coordonnateur du Programme a dit pendant son témoignage qu’il a convié l’accusé à deux reprises, le 18 mai et le 27 juillet 2018, pour des séances de travail dans le but d’évoquer l’urgence à organiser les différents séminaires, sans succès. M. Many Minkandi déclare que son ancien collaborateur avait été informé du premier retrait. Plus rien. L’accusation s’est enfin intéressée à l’écart entre les fonds sollicités et la somme effectivement décaissée à la Paierie. M. Many Minkandi déclare que c’est après le cambriolage qu’il a constaté le «dépassement» sur l’l’historique du compte du Programme obtenu à la Paierie du trésor. Notons que l’accusé est détenu à la prison centrale pour le supposé détournement de la somme de 95 millions de francs opéré au détriment du Programme Himo.

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