Douala, sortie Est : L’inacceptable
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Depuis quelques semaines, des embouteillages indescriptibles imposent 4 à 6 heures de temps d’attente aux habitants et voyageurs en direction de Yaoundé.

Douala, 20h 07. Depuis une heure environ, Yvan C. cadre dans une entreprise de logistique a quitté son lieu de travail pour rejoindre son domicile situé à Nkolmbong, un des quartiers situés dans la zone Est de la ville de Douala. Comme beaucoup de jeunes cadres basés dans la ville de Douala, il a fait l’acquisition d’une maison dans cette zone en plein développement il y a quelques années. Le projet prolongement élargissement du boulevard prévu pour desservir ces quartiers et faciliter la circulation jusqu’au pont sur le fleuve Dibamba, était une motivation supplémentaire dans son choix.

Aujourd’hui, c’est un moment de doute et de questionnement qui s’est installé dans son esprit car, depuis quelques semaines déjà, la route qui conduit à cette zone, mais qui permet de rallier la ville de Yaoundé et les pays de la sous-région, République centrafricaine et Tchad notamment, connaît des embouteillages monstres qui maintiennent de très longues heures les usagers. Désormais, parcourir la quinzaine de kilomètres qui sépare leur lieu de travail de leur domicile est devenu une véritable épreuve de nerfs et de patience. Il faut en moyenne trois, voire quatre heures pour parcourir cette distance.

Dans sa voiture, Yvan C. s’occupe en écoutant la radio. Accrochée à son téléphone, l’épouse d’Yvan, qui l’accompagne ce soir, profite du temps passé dans les bouchons pour prendre des nouvelles de la famille et de ses amis. Après une demi-heure, Yvan a parcouru à peine deux des quinze kilomètres. Sur la chaussée une interminable file de camions qui s’étend sur plusieurs kilomètres s’est formée. Le portail des camerounais de Belgique. Chargés de conteneurs débarqués dans le port de Douala, ils disputent la chaussée avec agressivité aux motocyclistes, piétons et autres automobilistes. Deux puis trois files se forment.

L’impatience grandit. Les klaxons se font de plus en plus entendre. Les conducteurs rivalisent d’adresse pour se faufiler entre les véhicules à l’arrêt pour essayer d’avancer plus rapidement. 22h56. Yvan C. arrive au point dit «Carrefour Ari». Dans un chaos indescriptible, la circulation est interrompue. La file de véhicules est à l’arrêt depuis plus d’une demi-heure. Quelques volontaires se proposent de s’improviser dans la régulation de la circulation. Histoire de faire bouger les choses et de remettre un peu d’ordre. La musique des nombreux bars qui se trouvent à proximité du Carrefour aide les automobilistes à tromper l’ennui.

23h54. Yvan C. arrive enfin chez lui. Et déjà, pense à son réveil aux aurores et à l’épreuve qu’il devra vivre pour se rendre à son travail et retour. C’est devenu son quotidien. Des histoires comme celle de Yvan C. se comptent désormais par milliers. Adrien D. est médecin, spécialiste dans une formation hospitalière à Douala. Face à cette situation il dit toute son indignation et sa colère : «L’hôpital, mon lieu de service tout comme l’école des enfants, sont à 19 km de mon domicile, mais je dois réveiller mes enfants de 4- 5 ans à 4h30 du matin pour ne pas être en retard. Pour passer par la route de Japoma ou par la pénétrante Est de Douala il faut compter 2heures de route pour espérer être à l’école à 7h.

Le soir il faut compter 2 à 3 heures pour le retour. L’indignation, ce sentiment puissant, presque douloureux que l’être humain vit quand il a l’impression qu’on lui arrache injustement son dû, s’est installé en moi, mais j’espérais que ça ne durerait pas. L'info claire et nette. Et au fil du temps, les 2 heures de route pour parcourir les 19 km sont devenus 4 heures et le besoin d’un 4x4 régulièrement au garage s’est imposé à moi. Aller au travail comme revenir est devenu un calvaire. Il n’est plus possible, une fois à la maison de penser à retourner à l’hôpital, peu importe le degré d’urgence on est presque obligé de gérer au téléphone, avec tous les risques d’erreur. Nous dénonçons, depuis des mois, le mépris affiché de nos gouvernants contre la souffrance des populations ».

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