TEMOIGNAGE : Ce militaire qui a tué des policiers en intelligence avec Boko Haram
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Deux militaires sont accusés d’avoir ôté la vie à deux fonctionnaires de police dans la localité de Dabanga à l’Extrême- Nord. Ils répondent des faits d’assassinat et violation de consignes. L’un d’eux reconnaît entièrement les faits.

C’est une histoire écrite avec du sang, qui passe en jugement devant le Tribunal militaire de Yaoundé. L’officier de police principal Ousmaîla Dabo et sa collègue, inspecteur de police à la retraite Adam Assana ne sont plus de ce monde. Le portail des camerounais de Belgique. Et pour cause, ils ont été brutalement arrachés à la vie par le lieutenant Lion Apollinaire en service à l’époque des faits à la Brigade d’intervention rapide (BIR) dans la localité de Dabanga à l’Extrême-Nord. Depuis l’enquête judiciaire, le militaire a toujours reconnu avoir éliminé froidement les deux fonctionnaires de police. C’est pour cette raison qu’il a encore plaidé coupable devant la barre pour les charges d’assassinat et de violation de consignes qui pèsent sur lui. Il est actuellement en détention à la prison militaire de Yaoundé ainsi que son collègue l’adjudant Alipa Jean. Ce dernier à l’opposé de son supérieur hiérarchique plaide non coupable des mêmes faits.

Le 2 juillet 2019, le procès revenait sur la table du juge pour que le commissaire du gouvernement se prononce sur la demande de requalification des faits d’assassinat en meurtre introduite par Me Simh Emmanuel, un des avocats des accusés. Avant de donner son avis, le parquet est revenu sur les faits au centre du procès. De son récit, il ressort que le 4 janvier 2016, M. Lion Apollinaire, a commandé à son équipe composée de plus d’une trentaine d’hommes en tenue, de se rendre dans la ville de Kousséri pour une patrouille. Le chef d’escorte avait eu au préalable des informations lui faisant état de ce que les deux policiers renseignaient les éléments de la secte islamique Boko Haram sur les positions de l’armée camerounaise et les approvisionnaient en armes, munitions et autres.

C’est au cours de ladite opération que l’accusé et ses éléments ont rencontré dans la localité de Gazafoul une voiture de tourisme dans laquelle se trouvaient les défunts policiers. Sans attendre, M. Lion va sommer ces derniers de descendre et de rejoindre son équipe dans l’un des quatre véhicules de son escorte. Après plusieurs kilomètres de route, il va arrêter son cortège et conduire avec deux éléments les policiers vers une rivière frontalière du Nigéria où ils seront assassinés. Pour le parquet, il s’agit bien d’un assassinat. Il y avait bel et bien une préméditation dans son forfait étant donné que l’accusé était informé du statut des victimes. «C’est donc en connaissance de cause qu’il a pris le chemin en compagnie de ses hommes pour en finir avec ces fonctionnaires de police».

Exécutions

Pour ce qui est de la violation de consignes, le parquet a soutenu que le mis en cause n’a pas fait remonter les informations qu’il détenait auprès de sa hiérarchie. M. Alipa Jean rejette la faute sur son coaccusé et déclare qu’il est le véritable meurtrier des deux policiers. Il dit n’avoir fait qu’accompagner son supérieur hiérarchique sur le champ de tir. Mais le juge va le contredire en rappelant ses propres déclarations recueillies à la phase de l’information judiciaire au cour de laquelle, il aurait reconnu les faits qu’il nie devant la barre. Réagissant pour le compte des accusés, Me Simh Emmanuel va interroger la position du parquet. L'info claire et nette. L’avocat s’est demandé si le commissaire du gouvernement se trouvait dans la tête de l’accusé Lion Apollinaire pour savoir qu’il avait depuis longtemps ourdi un plan d’assassinat contre les défunts policiers. Il relèvera en s’appuyant sur les déclarations de ses clients que les deux militaires auditionnés déclaraient qu’ils se sont déplacés pour des questions de salaire et non à la recherche active des victimes. Pour lui, il n’y a lieu de parler de préméditation étant donné qu’il n’existe pas d’éléments prouvant le projet de mort supposément arrêté par le lieutenant. Donc pas d’intention délictuelle selon lui. «Est-ce que le commissaire du gouvernement a poussé son enquête loin pour savoir ce que faisaient les deux policiers dans cette zone réputée dangereuse?» va-t-il questionner.

Contre toute attente, deux avocats vont se proposer d’apporter de l’eau au moulin du parquet. L’un d’eux explique qu’une fois les victimes interpellées, elles ont été abattues dans une salle de classe de la localité de Gaza à la frontière entre le Cameroun et le Nigéria. Les deux hommes en robe vont par la suite inviter le juge à consulter le rapport d’audition de l’adjudant Alipa Jean lors des enquêtes pour mieux asseoir sa conviction. Après plus d’une heure d’échanges, l’audience est renvoyée au 6 août pour statuer sur la recevabilité des éléments de preuve.

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