Remaniement ministériel : Qui sera le Premier ministre ?
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Le chef de l’Etat a une palette de choix pour désigner son chef du gouvernement.

Depuis la prestation de serment de Paul Biya le 06 novembre dernier, nombreux sont ceux qui, au niveau du sérail et dans les différents états-majors du parti au pouvoir ou d’autres réseaux d’influence, ont quasiment perdu le sommeil. Normal donc que les grandes manœuvres soient à l’œuvre à tous les niveaux. Tractations, prières, séances d’exorcisme et autres activités magico-spirituelles battent actuellement le plein en vue d’influencer le pouvoir du chef de l’Etat pour maintenir un tel ou un tel autre. Face à cette fièvre, l’homme du 06 novembre 1982 reste un grand maître imperturbable, bien que réfléchissant certainement sur la meilleure approche et les stratégies idoines à opérationnaliser.

Selon les usages, Paul Biya - qui est actuellement en repos stratégique dans son village natal Mvomeka’a -, ne devrait pas dépasser la première semaine du mois de décembre prochain pour procéder à un remaniement ministériel en mettant en place, le premier gouvernement du septennat des grandes opportunités. Au vu de la nomenclature institutionnelle actuelle où nous avons à la tête du pouvoir exécutif un ressortissant du grand Sud, en la personne de Paul Biya lui-même et au Parlement, à la Chambre haute Marcel Niat Njifenji, originaire de la région de l’Ouest très influente par son nombre et son pouvoir économique, Cavaye Yeguié Djibril, président de l’Assemblée nationale, originaire du grand Nord, bastion populaire et quasi imprenable pour Paul Biya, sans oublier qu’à la tête du gouvernement, nous avons un ressortissant des régions anglophones en la personne de l’actuel Premier ministre, Philemon Yang ; tout autre calcul devrait s’arrêter puisqu’en ce moment, le Parlement siège pour la session budgétaire et rien n’a bougé au perchoir des différentes Chambres.

Paul Biya ira donc forcément rechercher l’animateur de son prochain gouvernement dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Même à ce niveau, le choix du locataire d’Etoudi n’est guère aisé, les profils des uns et des autres étant particulièrement alléchants, leurs états de services pour le gouvernement et pendant la campagne devant être interrogés, ainsi que leur ancrage populaire et leur véritable influence au sein de la communauté anglophone.

Philemon Yang

L’actuel Premier ministre chef du gouvernement, magistrat hors hiérarchie est aux affaires depuis la première République avec le président Ahmadou Ahidjo. Sous le Premier ministre Paul Biya, il aura occupé le fauteuil de ministre des Transports après son arrivée au pouvoir. Très fidèle en amitié, Paul Biya gardera ce magistrat qui jouit d’une grande probité auprès de lui, en le nommant ambassadeur du Cameroun au Canada. Celui à qui on attribue des liens filiaux avec Solomon Tandeng Muna, ancien et très charismatique président de l’Assemblée nationale, reviendra au Cameroun pour occuper le poste de secrétaire général n°2 à la présidence de la République, véritable antichambre des premiers ministres, puisqu’il quittera ce poste pour remplacer Inoni Ephraim à l’immeuble étoile, lui ancien secrétaire général adjoint n°2 au secrétariat général de la présidence de la République. Si on peut reconnaître à Paul Biya un certain mérite dans la matérialisation même partielle des grandes réalisations, Philemon Yang, homme discret, peut également revendiquer ce succès. Seul bémol, la crise anglophone l’a suffisamment affaibli, puisqu’il est rejeté et n’est encore écouté pratiquement par personne. Paul Biya, imprévisible va-t-il le garder à son poste ?

Elung Paul Che

Actuel secrétaire général adjoint n°2 au secrétariat général de la présidence de la République, il semble occuper un poste idéal pour achever sa course à l’immeuble étoile. Inspecteur principal du trésor, il a occupé les postes de directeur général du Trésor puis, directeur général de la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures et ministre délégué auprès du ministre des Finances chargé du budget avant son arrivée à la présidence de la République. Ce natif du Kupe Manengouba aurait malheureusement un caractère un peu difficile qui ne l’a toujours pas mis en estime ni avec sa hiérarchie, ni avec ses collaborateurs. Il a cependant l’avantage de sa jeunesse, un peu plus de la quarantaine. Et Paul Biya ayant annoncé son intention de confier plus de responsabilité aux jeunes, c’est un atout indéniable.

Paul Tasong Njukang

Véritable camerounais intégré, cet originaire de la région du Sud-Ouest est un parfait bilingue et certains n’hésitent même pas à dire qu’il est plus francophone qu’anglophone. L’inspecteur principal des impôts n’est pas un inconnu dans le sérail. Ancien étudiant de l’Université de Yaoundé, Paul Tasong Njukang est connu pour sa grande discrétion et son sens élevé de l’amitié et du contact ; des aspects très importants pour un homme qui pourrait gérer diverses sensibilités. Militant convaincu du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), il est ancien vice-président de la section Rdpc du Fako III à Buea. Actuellement, il assume également la fonction de délégué permanent du Comité central de son parti dans le Lebialem.

Sur le plan professionnel, il aura occupé les fonctions suivantes : délégué provincial du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) pour le Sud-Ouest, ancien directeur de la programmation des universités publiques, secrétaire général du Minepat puis à l’international et particulièrement à la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), d’où il est récemment parti, après de bons et loyaux services au nom du Cameroun. L'info claire et nette. Avant sa nomination, il occupait le poste de ministre délégué au Minepat en charge de la planification, commissaire chargé des politiques économiques, monétaires et financières à la Cemac, et aura été parmi les 20 hauts cadres de l’institution à avoir été décorés pour leurs bons et loyaux services. Sur le plan culturel, Paul Tasong Njukang est un véritable produit multiculturel, puisqu’il est pratiquement à la lisière tribale des régions du Sud-Ouest, du Nord-Ouest et de l’Ouest. Cet atout culturel lui donne d’office un parfait regard et pourquoi pas, un contrôle sur au moins trois de nos régions les plus sensibles.

Paul Atanga Nji

Communément appelé « président » par ses intimes, Paul Atanga Nji est un véritable et mordicus fidèle du chef de l’Etat. Ancien leadeur associatif des mouvements jeunes en faveur du président de la République récemment réélu, l’actuel ministre de l’Administration territoriale et secrétaire permanent du Conseil national de sécurité est également un militant convaincu du Rdpc et membre du Comité central du parti de Paul Biya. Épidermique pour certains, pragmatique pour d’autres, son rôle dans la dégradation de la crise anglophone est controversé. On lui reproche un discours plus martial que conciliateur.

Elvis Ngolle Ngolle

Depuis quelques années, le directeur de l’Académie du Rdpc, Elvis Ngolle Ngolle, multiplie des actions en faveur du gouvernement. Ancien ministre des Forêts et de la Faune, directeur de l’Académie du Rdpc, il a depuis 2015, participé à la formation et au renforcement des capacités des militants et des élus du « parti du flambeau ardent ». Sous l’autorité du secrétariat général du Comité central du Rdpc, Jean Nkueté, Elvis Ngolle Ngolle, nommé dernièrement président du Conseil d’administration de l’hôpital général de Douala, au-delà de la mission de formation et de renforcement des capacités à l’idéologie partisane et aux stratégies politiques ; promeut au sein du parti au pouvoir, les valeurs citoyennes et l’éthique dans la politique. Membre du Comité central du Rdpc, ce diplômé de Harvard (Etats-Unis) est l’un des défenseurs de l’élection de Paul Biya devant le Conseil constitutionnel.

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