Norbert Owona : « Mes déboires dans les rues de Douala »
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Le capitaine intérimaire après la Can 1972, de l’équipe nationale fanions, souffre. Dans la chair. Dans le mental. Le mythique footballeur que le grand Reporter du Messager a rencontré, couché sur son lit de malade, à l’hôpital de district de New-Bell, jeudi 23 août 2018, reste néanmoins lucide. Péniblement, il articule. Avec quelques arrêts, dus à un débit langagier faible…Il passe en revue ces moments douloureux qu’il a vécus en bordure de route où il avait élu domicile après l’effondrement de sa maison camer.be. Les pouvoirs publics l’ont lâché. Les âmes de bonne volonté sont à son chevet. Les synergies africaines. La Fondation Samuel Eto’o Fils et bien d’autres initiatives ont démontré leur élan de solidarité et de générosité. Le malade qu’il est devenu, traîne une hernie depuis deux ans… Edifiant !

Comment allez-vous ce jeudi 23 août 2018 ?
Par la grâce de Dieu, la douleur diminue progressivement. Le pied est encore enflé. On m’a fait plusieurs examens médicaux. C’est après cette étape que les médecins doivent se prononcer sur une éventuelle opération chirurgicale.

De quoi souffrez-vous ?
Je traîne une hernie depuis deux ans. C’est mon équipe, l’Union sportive de Douala, qui s’est occupée jusque-là de moi. Ma famille, sans moyens pensait recourir à cette mythique équipe. Je me suis dit « trop bon, trop con… ». L’union avait suffisamment fait. Toute la famille des Nassaras m’a soutenu. Si j’ai pu manger, me soigner, c’est grâce aux membres de l’Union sportive de Douala à qui je dis toute ma reconnaissance. J’avais marre de les solliciter à nouveau. C’est pour cela que j’ai préféré gagner la rue et dormir à la belle étoile après que la maison que je m’étais construite s’est écroulée. J’étais devenu sans toit. Pas d’abri. Abandonné à la merci des intempéries et aux caprices de la nature au carrefour de New-Bell durant des semaines. Monsieur Stéphane Biatcha, secrétaire exécutif des Synergies Africaines, a donné des instructions par le biais de la mairie de Douala IIème de me prendre en charge.

Comment êtes-vous parvenu jusqu’à l’hôpital de district de New-Bell où vous êtes hospitalisé en ce moment ?
C’est le sieur Tchouffac d’Equinoxe Tv qui s’est indigné lorsqu’il m’a vu en route, couché à même le sol, comme un chien enragé. Il m’a dit, pas toi. Mon capitaine. Après tous les services rendus à notre pays. Il faut que le monde entier sache que tu es abandonné à toi-même. Il a fait venir une équipe de reportage avec caméras et autres journalistes pour s’intéresser à mon cas. Il semble qu’après la diffusion de ce reportage, beaucoup ont été informés de ma situation.

Quelles sont les démarches que vous avez entreprises pour que les pouvoirs publics viennent à votre secours ?
J’ai écrit au ministre en charge des Sports, Bidoung Mpkwatt. J’ai saisi la Première dame, Mme Chantal Biya. Comme Synergies Africaines, dont elle est la fondatrice a réagi, je suppose que c’est la Première Dame qui l’a fait. J’ai envoyé une correspondance au Président de la République, Son Excellence Paul Biya qui me connaît très bien. Ce d’autant quand il fut Premier ministre d’Ahidjo, celui qui me recevait en sa présence et me choyait en raison de nos performances sur le terrain. Malheureusement, personne, en dehors des Synergies Africaines, n’a réagi jusqu’au moment où vous me réalisez cette interview. Dans ces correspondances, je demandais de l’aide à mon pays.

N’y a-t-il pas eu d’autres âmes de bonne volonté qui se sont manifestées d’une manière ou d’une autre ?
Après la diffusion du fameux reportage d’Equinoxe Tv, des gens de cœur se sont manifestés à Paris, aux Etats-Unis, un peu partout où il y a des compatriotes. Mes frères Bamiléké m’ont soutenu. Ils se sont levés comme un seul homme. Qui de l’argent pour les repas. Qui des promesses. Beaucoup ont envoyé leurs mandataires de me prendre en charge. Synergies Africaines s’est engagé à me soigner à supporter tout le nécessaire pour mon traitement.

Il semble que la Fondation Samuel Eto’o Fils a été saisie pour votre cas. Qu’en est-il exactement ?
Dimanche dernier, j’ai eu la surprise de ma vie. Samuel Eto’o Fils était venu me rendre visite. Après son premier match au Qatar, il a pris l’avion pour venir à mon chevet. Un grand homme qui ne m’avait jamais connu. Il m’a laissé une somme de 500 cents mille pour les besoins alimentaires. Et que s’il y a besoin de quoi que ce soit, il est prêt à mettre la main dans la poche. Il m’a aussi promis une maison qu’on devrait mettre à jour à Bonamoussadi… Il a voulu que l’on me transfère à l’hôpital Général avec l’accord des médecins, même comme les Synergies africaines avaient déjà pris les devants, je n’ai plus été transféré à l’hôpital général de Douala. Sans la mobilisation du chef des Haoussa de New-Bell, je serai mort. Il a joué un grand rôle dans ma venue ici. Je leur rends un grand hommage. Je n’ai pas été un footballeur mendiant. Ce sont les circonstances de la vie qui me poussent en bordure de route. J’avais une maison qui est abîmée. Je n’ai plus une hutte. C’est l’autre souci que j’ai en dehors des problèmes de santé qui sont pris en charge dans cet hôpital.

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